Christian Carion : "Mathilde Seigner est un petit Soleil" [Interview]

Christian Carion : "Mathilde Seigner est un petit Soleil" [Interview] Pour son nouveau film, Christian Carion filme le Nord et l’exode de mai 1940, un sujet qui lui tient à cœur. Il se livre dans une interview accordée à Linternaute.com

En mai fais ce qu’il te plaît, son nouveau film, sort le 4 novembre, Christian Carion nous a accordé une interview passionnée. Il faut dire que le réalisateur, originaire du Nord, a beaucoup entendu parler de l’exode de mai 1940, une histoire que sa mère lui a racontée maintes fois. C’est de là que lui est venue l’idée de ce projet qu’il a tourné sur les routes de son Nord natal. A travers cet entretien, il évoque la genèse d’En mai fais ce qu’il te plaît mais aussi sa relation avec Mathilde Seigner qu’il dirige ici pour la deuxième fois et le grand compositeur Ennio Morricone qui a écrit la musique de son film.

Linternaute.com : Après Joyeux Noël et la Première Guerre Mondiale, vous êtes de retour avec En mai fais ce qu’il te plaît et la Seconde Guerre Mondiale. Qu’est-ce qui vous intéresse dans les conflits franco-allemands ?

Christian Carion : En soi, les conflits ne m’intéressent pas. Joyeux Noël c’était dû au fait que je suis chtimi et que là-haut l’empreinte de 14-18 est très forte. Je me suis toujours intéressé à ça et j’ai fini par découvrir par hasard les fraternisations et j’ai voulu en faire un film. Pour En mai, c’est le récit de ma mère qui m’a conté son évacuation en mai 40. Je l’ai trouvé surprenant, fort et très humain et riche.

Linternaute : Avant de commencer le tournage, vous avez aussi fait un vaste appel à témoignages. Vous attendiez-vous à un tel engouement ?

C.C. : Je ne m’attendais pas à une réponse aussi vaste. J’avais le témoignage de ma mère que je connaissais par cœur et j’ai fait un appel plus large pour vérifier que ma mère ne m’avait pas raconté n’importe quoi mais aussi pour avoir beaucoup de matière. Sur Joyeux Noël, j’avais reçu beaucoup de lettres de soldats qui avaient fraternisé, ça m’avait été précieux. Je voulais avoir cette richesse. Sur cet appel à témoins, on a été complètement débordés. Les gens avaient terriblement envie de raconter ce qui s’était passé dans leur famille. On s’est rendu compte que l’exode a laissé une trace très profonde dans notre pays. 

En mai fais ce qu'il te plaît raconte l'exode de mai 1940. © Jean-Claude Lother

Linternaute : Vous parlez d’En mai fais ce qu’il te plaît comme d’un cadeau d’anniversaire pour votre mère. A-t-elle vu le film ?

C.C. : J’ai montré le film à ma mère cet été. Elle se retrouve totalement dans beaucoup de choses du film. Mon grand-père était maire d’un village, il s’appelait Paul, il est effectivement parti avec la Marianne sous le bras… Mais au-delà de ça, elle m’a dit que ça s’est exactement passé comme ça. J’ai été validé. Ça a été important pour moi avant de pouvoir montrer le film à droite à gauche.

Linternaute : Avec Une Hirondelle a fait le printemps et En mai, fais ce qu’il te plaît, c’est la deuxième fois que vous dirigeé Mathilde Seigner. C’est votre actrice fétiche ?

C.C. : J’avais envie de la retrouver. Une hirondelle a fait le printemps a quinze ans maintenant. J’ai donc écrit un rôle pour elle. Je l’ai mise derrière un café, c’est l’animatrice de son établissement. Tous les souvenirs de mon enfance dans ces endroits, ce sont les femmes qui les faisaient vivre, pas les hommes. Elles amenaient leur façon de vivre, leur énergie. C'était des petits Soleils ces gens-là. Pour moi, Mathilde Seigner est un petit Soleil.

Linternaute : Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Ennio Morricone, qui signe la bande-originale du film.

C.C. : Ennio Morricone a pour habitude d’écrire la musique quand on écrit le film. Là, j’arrivais en fin de course, ce qui n’était pas à son goût. Je lui fais voir un montage qu’on avait fait avec des musiques existantes à 90% les siennes d’ailleurs. Mais les premières minutes étaient accompagnées d’une musique qui n’était pas de lui. Il s’est tourné vers moi et m’a complètement détruit. A la fin du film, je vois pourtant qu’il est ému. C’est là qu’il me dit qu’il va le faire, parce que ce n’est pas un film de guerre c’est un film qui se passe pendant la guerre à propos de gens qui cherchent la paix. Il m’a aussi dit "Je ne ferai pas de musique pour les scènes d’action, parce que de toute façon on n’entendra pas ma musique." Je suis super fier d’avoir pu aller au bout avec lui. Ça faisait trente ans qu’il n’avait pas travaillé pour le cinéma français et je suis fier de l’y avoir ramené.

Retrouvez également nos interviews d'Olivier Gourmet et d'Alice Isaaz. EN VIDEO - la bande-annonce de En mai fais ce qu’il te plaît, en salles le 4 novembre 2015.

"Bande-annonce, En mai, fais ce qu'il te plait"