Kad Merad et Franck Dubosc "La vie est un brouillon qu'on ne peut pas remettre au propre"

Les deux acteurs voyagent dans le temps pour la nouvelle comédie de Dominique Farrugia, "Bis", en salles le 18 février 2015. De retour aux années lycée, en 1986, ils découvrent qu'ils ne peuvent pas changer le passé.

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Affiche du film "Bis" © EuropaCorp Distribution

Eric (Kad Merad), la quarantaine, s'ennuie autant dans son boulot de médecin qu'avec sa famille et voudrait bien changer de vie, alors que son pote de lycée, Patrice (Franck Dubosc), ne pense qu'à s'amuser. Ils se retrouvent soudain en 1986, l'année de leurs 17 ans. Passée la surprise et les premières blagues, les deux amis de longue date découvrent qu'ils ont une chance de pouvoir changer le cours de leur vie. Mais modifier le passé n'est pas forcément la solution, voilà ce que vont découvrir les deux personnages de cette comédie déjantée. Ses deux interprètes principaux, Kad Merad et Franck Dubosc, nous parlent de Bis avec une bonne dose d'humour. 

Retour en 1986 ou l'insouciance perdue des années lycée

"Interview Kad Merad et Franck Dubosc"

Comme dans "Bis", aimeriez-vous revenir en l'an 1986 ?
Franck Dubosc : Pas forcément, pas forcément.
Kad Merad : La réponse pourrie de Normand, celui-là, on voit qu'il est Normand !
Franck Dubosc : Mais non, parce que revenir en 1986, avec ce qu'on sait aujourd'hui, c'est terrible, c'est terrible. Parce qu'on sait qu'en 86, vous n'êtes pas encore nés, vous ? Non, hein. Je sais que vous allez exister un jour, c'est horrible. Enfin, voir les gens, quand on sait ce que vont devenir les gens, c'est terrible. En 86, savoir que mon meilleur pote va se retrouver marié à sa femme ? Non, non, c'est dur de revenir en 86. Et puis, surtout, le seul plaisir que je pourrais avoir à revenir en 86, c'est d'abord de me sentir plus jeune, de voir mes parents jeunes, de ne pas avoir le souci de mes parents, soit décédé pour l'un, soit un peu plus âgé pour l'autre. C'est l'insouciance qui me manque, mais je voudrais cette insouciance avec mon âge d'aujourd'hui.

Retrouvez-vous un peu de votre père à travers Gérard Darmon, le père de votre personnage ?
Franck Dubosc : Oui, quelque part, mais je pense que, vraiment, ça serait pas sorti de ma bouche, même si je le pense. Cela dit, je lui ai dit : "je t'aime". Mais ça me paraît tellement pas naturel quand on dit "je t'aime" comme ça, à quelqu'un. J'ai du mal, moi, à dire "je t'aime". J'ai beaucoup de mal, beaucoup de mal et, quand je le dis, j'ai toujours l'impression que ça sonne faux. C'est vrai que quand je le disais, les scènes avec mon père dans le film ont une résonance dans ma tête avec le mien, en vrai, mais n'intellectualisons pas non plus. Ça reste Gérard Darmon à côté de moi. J'aime Gérard Darmon aussi.

Votre séquence la plus comique ?
Kad Merad : Oh, il y en avait quand même un petit paquet ! Moi je trouve que la scène quand on est tous les deux devant mon père, Julien Boisselier, et ma mère qui sont en 86 et que nous on se dit "mais où on est ? Qu'est-ce qu'on fait ?". Là, pour moi, ce sont des scènes où on a beaucoup rit, parce que c'est jubilatoire.
Franck Dubosc : La scène aussi du téléphone, "Je t'appelle à quelle heure ?"
Kad Merad : Ah oui, la scène où on doit s'appeler, mais on ne sait pas comment. 
Franck Dubosc : "A quelle heure tu m'appelles ? Parce qu'il faut que je reste à côté du téléphone."
Kad Mad : Oui, c'est vrai, on s'est beaucoup amusés à la faire cette scène.

Ne pas essayer de changer le passé 

"Interview Kad Merad et Franck Dubosc"

Le film est-il porteur d'un message ?
Kad Merad : Moi je trouve que la vraie phrase du film, je pense qu'elle décrit bien l'ambition et le message, c'est :  "La vie est un brouillon qu'on ne peut pas remettre au propre." Je trouve que c'est une phrase assez intéressante, qu'elle est assez juste. Voilà pour moi ce que ça amène comme message. L'idée de revoir ses proches... Fort heureusement, ils ne sont pas tous partis quand même...
Franck Dubosc : Pour moi, le message du film c'est plus : "Attaches ta mobylette si tu veux pas te la faire voler." Non, mais c'est ça, c'est surtout le brouillon. Faut rien toucher. La moindre petite chose change l'équilibre du futur.
Kad Merad : C'est l'effet papillon. Vous savez bien, vous déplacez une case et hop ! C'est l'effet domino ou l'effet, l'effet ... J'ai pas d'autres images qui me viennent.
Franck Dubosc : Que le domino ou le papillon ? L'effet lunette aussi (...) tu poses les lunettes, tu sais, les unes à côté des autres, t'en pousses une, elles tombent.

Appréhendez-vous les suites de la sortie du film comme Dominique Farrugia, le réalisateur ?

Kad Merad : Il est d'autant plus stressé que c'est lui qui a la responsabilité du film, même si on en a une part aussi.
Franck Dubosc : Oui, mais lui il l'écrit, il le réalise, il le produit. C'est son bébé.
Kad Merad : Puis c'est une comédie attendue, populaire. Ce sont deux acteurs populaires, c'est un metteur en scène que les gens adorent. Oui, je pense qu'il y a un stress. Nous, on sera forcément déçu, vous voyez ce que je veux dire, c'est toujours pareil, on nous attend tellement ...
Franck Dubosc : Le problème qu'a ce film, c'est que c'est un film réussi, donc, forcément, Dominique a toujours la peur de... Enfin, l'injustice c'est bien fort comme mot, mais on a envie que ça marche, que ce soit vu. Dominique a réussi son film, il a mis ce qu'il voulait y mettre et maintenant il a envie que le plus grand nombre de gens le voit, c'est normal. Et ce serait vécu plus comme un loupé si les gens n'y vont pas? Alors que, quand le film est un petit peu moins réussi, on se dit "bon, bah peut-être qu'on va avoir la chance que les gens y aillent quand même un petit peu". Un peu de stress, oui. Puis il y a tant d'années de travail, et le premier jour, comme ça, on sait si c'est récompensé ou pas.

Bonus : Interview du réalisateur et producteur du film, Dominique Farrugia

"Interview Dominique Farrugia"

Appréhendez-vous la sortie du film ?
Dominique Farrugia : Une sorte de... entre la flaque et la boule de nerfs. Non, non, mais c'est terrible pour moi les sorties de film de toute façon. J'ai peur et c'est normal et puis on fait ça aussi pour avoir peur. Là on a fait une longue tournée... Enfin, pas une si longue tournée pour l'instant. On a fait douze dates, ça a bien rigolé. Les gens étaient plutôt même émus à la fin du film, ce qui m'a beaucoup plu. En même temps, est-ce que les gens seront en salles mercredi prochain ? J'en sais rien.

Vous êtes réalisateur et producteur sur ce film, cela démontre-t-il votre polyvalence dans le milieu ?
Ça fait longtemps que je produis. Je pense que c'est le 20e film que je produis, le 5e que je réalise et le 6 ou 7e que j'écris. Ouais, j'ai fait un peu tous les métiers.

D'abord réalisateur dans l'âme ?
Moi, je suis surtout là pour réaliser et m'occuper. La chance que j'ai, c'est d'avoir des producteurs autour de moi qui règlent tout ce qu'il y a régler, parce que c'est pas moi qui peut les régler pendant ce temps-là.

D'où vient votre inspiration pour ce projet ?
J'ai eu envie de me remettre à réaliser après L'Amour c'est mieux à deux, que j'ai co-réalisé avec Arnaud Lemort. Et j'avais en tête plusieurs idées, dont une idée de retour dans le temps pour aller essayer de régler des choses avec l'histoire de "la vie est un brouillon qu'on ne remet jamais au propre ."J'ai commencé à en parler avec Mathieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Ils ont fait un traitement qui était vachement bien, puis après ils sont partis sur d'autres projets. Moi j'ai rangé ça dans un coin de mon bureau et de ma tête, puis je l'ai ressorti et j'ai commencé à travailler.

Le processus de casting était-il long ?
Bizarrement, pas si long que ça. Enfin le casting normal, à peu près trois mois. Alors il faut savoir que le Eddie Barclay, il lui ressemble beaucoup parce qu'il a un masque. Vraiment, c'est du latex, donc on lui a fait la tête d'Eddie Barclay. Il avait la stature d'Eddie Barclay, on lui a fait la tête Eddie Barclay. Ce sont les mêmes gens, qui sont formidables et qui font des effets spéciaux visuels extraordinaires, qui ont fait les vieillissements des pères et des mères.

Pourquoi Kad et Franck au casting ?
Vous savez, un casting, ça se fait parce que tout à coup vous avancez dans le scénario et vous vous dites un jour : " Bah oui, c'est vraiment lui que je veux pour ça." Ça a été une évidence à un certain moment. Je ne peux pas vous dire comment, quelle est la mécanique, quel est le... Je n'ai pas de sentiment plus fort que de me dire à un moment précis : " Mais oui, bien sûr, c'est pour Franck "

Un lieu de tournage autobiographique

"Interview Dominique Farrugia"

Avec votre polyvalence dans le milieu de l'audiovisuel avez-vous songé à être comédien ?
Dominique Farrugia : Non, parce que je ne m'estime pas acteur, je ne suis pas acteur, je joue très mal. Moi qui suis nerveux derrière, alors je serais nerveux devant. Non, mais c'est pas la peine, je serais une flaque. 

Une partie du film est tournée dans le 9e arrondissement de Paris,  pourquoi ce choix ? 
Dominique Farrugia : Le 9e arrondissement, d'une part, parce que j'avais envie de mettre des gros bouts de moi et des gros bouts de moi, c'est mon adolescence et mon enfance passées dans le 9e arrondissement. Mes parents avaient un restaurant qui s'appelait "Le Verdier", c'est le même nom que le restaurant de Franck Dubosc dans le film. Le lycée, c'est Jacques Decour, où je n'allais pas, moi j'allais au collège Paul Gauguin, mais tous mes copains étaient au lycée Jacques Decour. J'aime le 9e, j'aime beaucoup le 9e. Je suis un enfant du 9e, je suis né là. 

Retour en 1986, comment vous sentiriez-vous ? 
Dominique Farrugia : C'était drôle à faire et à fabriquer, mais je ne me retrouverais pas en 80. Je suis très content d'avoir 250 chaînes, un iPhone. Je suis pas du tout passéiste comme garçon, je suis plutôt à aller de l'avant. C'était sympa de se dire : "Comment on fait à 17 ans, pour éventuellement changer sa vie ?", c'est ça qui m'amusait. Et puis ces deux personnages qui viennent d'aujourd'hui et qui se retrouvent avec un téléphone fixe et, "à quelle heure tu m'appelles ?". Ces choses-là qui me font marrer moi et font marrer les gens, j'ai l'impression, dans le film. 

Changeriez-vous votre passé ? 
Dominique Farrugia : Si je retournais dans le temps, qu'est-ce que je ferais ? Je n'en sais rien, parce que pour l'instant j'ai une vie plutôt agréable. J'ai pas trop trop mal réussi, avec des hauts et des bas bien entendu, comme toute carrière. C'est surtout que, moi, j'ai rien à expliquer aux gens, j'avais envie de m'expliquer à moi que c'était bien comme ça.

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