Philippe Lellouche (acteur) "On a joué nos personnages dans le film tels qu'on les a créés au théâtre"

L'acteur reprend son rôle dans l'adaptation au cinéma de la pièce de théâtre qu'il a créée en 2005. Il revient pour nous sur ce "Jeu de la vérité" nouvelle version, en salles le 22 janvier 2014.

"Interview Philippe Lellouche"

Linternaute.com : La pièce est très drôle, alors qu'elle se révèle surtout très émouvante sur grand écran. Etait-ce une volonté de votre part ?
Philippe Lellouche : Le rire est au rendez-vous parce que les vannes sont les mêmes, c'est la même écriture, mais je crois que la différence entre le théâtre et le cinéma, c'est qu'au cinéma on vous dit où regarder. C'est-à-dire qu'on va aller chercher de gros plans, alors qu'au théâtre, pendant que quelqu'un dit quelque chose de très sensible, vous pouvez regarder celui à côté qui mange grossièrement des cacahouètes. Donc la perception n'est probablement pas la même, mais tant mieux parce que ça veut dire qu'il va y avoir deux visions différentes pour ceux qui ont vu la pièce. C'est-à-dire bien sûr du texte qu'ils vont reconnaître - ça il n'y a pas de doute, c'est le même - mais peut-être d'autres choses... Je suis ravi. Moi, en tant que spectateur, j'adore qu'on me balade dans les émotions. Si c'est le cas dans ce film-là, c'est qu'on a gagné notre pari, donc je suis ravi de ce que vous me dites. 

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Christian VadimDavid Brécourt et Vanessa Demouy © EuropaCorp Distribution

Etait-ce une condition indispensable pour vous d'avoir les mêmes acteurs à l'écran que dans la pièce de théâtre ?
Oui, c'est d'ailleurs pour ça que ça a pris du temps de faire le film. Il n'était pas question de jouer avec d'autres gens, mais parce que c'est la moindre des choses. Ces gens-là on fait notre succès et le mien en tant qu'auteur au théâtre. Je me voyais mal aller faire un film sans eux, puisque ce sont eux qui ont donné vie à ces personnages. Et puis, au-delà de ça, il y aurait eu une malhonnêteté. Je prêche dans ce film pour des rapports vrais et des rapports d'amitié. Quel mec je serais si j'allais faire ce film avec d'autres acteurs. Il y aurait un mensonge au départ. Je n'aurais pas pu vivre avec ça, et puis je crois d'ailleurs que le public ne s'y serait pas trompé non plus. Il se serait dit : "Tiens, c'est bizarre. Dis donc, pour un mec qui parle de l'amitié, d'aller le faire sans ses potes, c'est un peu bizarre." Donc, voilà, il n'en était pas question.

C'est aussi vous qui avez écrit la pièce et signé son adaptation pour le grand écran. Pourquoi ne l'avoir pas également mise en scène au cinéma ?
Parce que j'étais trop impliqué, là. D'abord je suis de tous les plans, alors, là, le boulot de schizophrène ! C'est-à-dire que pendant que je joue, il aurait fallu que je fasse l'acteur, tout de suite après aller voir au combo si on est tous bien. Ça m'aurait obligé sur le plateau à diriger mes potes en disant : "Tiens, attention, fais plus comme ça." Là, franchement, c'était un travail de titan que je n'avais pas du tout envie de faire. Et en plus, au-delà de tout ça, il y a l'envie d'un regard extérieur, c'est-à-dire que je suis tellement impliqué dans ce projet depuis tellement d'années que j'aurais même eu des difficultés à imaginer une autre mise en scène que celle du théâtre. J'aurais sûrement essayé de coller à ce qu'on faisait au théâtre, ce qui n'aurait pas été une bonne idée en termes de mise en scène. Donc, non, je pense qu'il fallait vraiment le talent de François (Desagnat, le réalisateur) là pour avoir justement cet œil extérieur et me libérer de toutes ces contingences qui n'étaient pas artistiques en termes de jeu.

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Philippe Lellouche donne la réplique à sa femme, Vanessa Demouy © EuropaCorp Distribution

Le spectacle a été créé en 2005, ça fait donc un bout de temps que vous l'interprétez sur scène. A-t-il été difficile de réadapter votre jeu face à une caméra ?
Non, parce qu'on ne l'a pas joué différemment. Ça a été filmé et mis en scène différemment, dans un autre décor, mais c'est tout. Ça aurait d'ailleurs été extrêmement dangereux d'aller changer un truc qui a fait ses preuves justement sur les planches. Les gens aimaient ces personnages-là donc, aujourd'hui, de les changer et de dire : "Tiens, je vais essayer de tenter autre chose dans l'interprétation." Ça confine au ridicule. Je crois qu'il fallait au contraire essayer d'être le plus sincère possible, comme on est au théâtre, et jouer ses personnages tels qu'on les a créés.

Aviez-vous des appréhensions particulières liées au passage des planches au grand écran ?
Je l'ai maintenant. Je ne l'ai pas au moment où on fait le film parce que tout cela est très abstrait. On va jouer, on va être filmé, bon. C'est maintenant. Est-ce que ça va plaire au public ? C'est ça mon appréhension. Je fais ce métier en essayant de faire rire les gens et de les emmener dans une émotion et j'espère qu'ils seront au rendez-vous. Maintenant qu'on est à une semaine de la sortie, je me dis : "Pourvu que ça plaise autant que ça a plu au théâtre."

Qu'aimeriez-vous que le public retienne du film ?
Ah, c'est joli comme question. Ce qu'ils retiennent au théâtre : on a envie d'être avec vous, on a envie d'être vos copains, on a envie d'être dans la soirée avec vous. Ça, ça me plairait beaucoup.

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EN VIDEO : un extrait du film

"Extrait 1 : Le Jeu de la vérité"