Les pires catastrophes écologiques en France L'incinérateur polémique de Marseille

Personne n'en veut !

Autour de l'étang de Berre et du golfe de Fos se trouvent déjà la cimenterie Lafarge et les raffineries Esso et Total.

l'incinération est une méthode de traitement des déchets extrêmement polluante.
L'incinération est une méthode de traitement des déchets extrêmement polluante. © Henri Manguy

La Communauté Urbaine de Marseille qui cherchait depuis années une solution à l'engorgement de sa décharge pour le moins peu réglementaire, qui accueille chaque année 700 000 tonnes de déchets, a décidé d'implanter cette nouvelle usine à Fos-sur-Mer. En effet, depuis 2002, la législation interdit la mise en décharge des détritus qui pourraient être valorisés (c'est-à-dire recyclés ou incinérés en vue de produire de l'énergie ou de la chaleur).
Le choix a été porté sur la commune de Fos-sur-Mer, suite aux protestations des Marseillais qui voyaient d'un mauvais œil la construction de cet incinérateur dans la ville. Seulement les habitants de cette commune sont peu enclins à recevoir les déchets des Marseillais, d'autant plus qu'ils ne font même pas partie de l'agglomération et qu'ils ont eux-mêmes leurs déchets à gérer.

Le projet est louable car il prévoit de créer un centre pouvant à la fois gérer les matières recyclables, les fermentescibles et les déchets ultimes. En recyclant les premiers, en méthanisant les seconds en vue de produire de l'énergie (biogaz) et du compost et en incinérant les déchets intraitables.
Ce qui interpelle en premier lieu dans ce dossier, c'est la création d'un incinérateur. La France détient le triste record du plus grand nombre d'incinérateurs en Europe, alors que l'on sait qu'il s'agit d'un projet coûteux et très polluant. Un incinérateur, s'il élimine une grande quantité de déchets ne les supprime jamais complètement, puisque si ces derniers sont visuellement réduits, ils deviennent des poussières, des fumées toxiques, des rejets liquides et l'incinération ne vient pas à bout de la totalité puisqu'au final, il reste des cendres, des mâchefers et des résidus d'épuration des fumées qui doivent être traités dans des centres spéciaux.
Un incinérateur est également un gouffre financier : une fois construit, il doit être rentabilisé sur plus de 20 ans et alimenté en permanence, ce qui sape toute politique visant à un recyclage maximal et de réduction à la source des déchets.
 

 

la zone de fos-sur-mer est déjà fortement industrialisée.
La zone de Fos-sur-Mer est déjà fortement industrialisée. © Léa Ambrogiani

L'incinérateur, ce monstre producteur de dioxines

La combustion des déchets émet des dioxines, qui peuvent être transportées dans les airs sur plusieurs kilomètres et se stockent dans les cellules graisseuses des êtres vivants. Les risques sont majeurs : cancer, troubles de la reproduction, endocriniens, perturbations du développement du système nerveux, atteintes hépatiques... Même si la réglementation limite considérablement l'émission de dioxines dans l'atmosphère, le risque zéro n'existe pas.

Alors comment gérer nos déchets ?

On dit souvent que le meilleur déchet est celui qui n'existe pas. Devant le déballage des emballages, il est urgent de prôner la sobriété. A Marseille, cela ne fait que depuis l'an 2000 que les citoyens ont accès au tri sélectif. Au-delà de la nécessité du tri, d'autres systèmes existent partout dans le monde, qui ont fait leurs preuves, comme la pesée embarquée, où les citoyens sont responsabilisés face à leur production de déchets, puisque cette solution permet de peser chaque poubelle à l'aide d'une puce et de payer une taxe en fonction de son poids. La réduction à la source restera toujours la meilleure des solutions.