Les pires catastrophes écologiques en France Le Rhône, fleuve empoisonné

le deuxième fleuve de france est pollué pour des décennies.
Le deuxième fleuve de France est pollué pour des décennies. © Rémy Donnadieu

Des polychlorobiphényles en masse dans le Rhône. Depuis les années 1980 la situation est connue et pourtant elle perdure. Les PCB sont des substances de l'industrie chimique, produites à partir de molécules de chlore. Très toxiques, les PCB sont persistants de nombreuses années dans les tissus vivants, s'évaporent, se déplacent sur de longues distances et surtout se fixent sur les tissus graisseux de toute la chaîne alimentaire, du poisson jusqu'à l'Homme. Probablement cancérogènes selon l'OMS, ces substances indésirables sont des perturbateurs endocriniens reconnus (notamment par l'INERIS, Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques), qui entraînent à forte dose des troubles du comportement, des atteintes neurologiques et sûrement bien d'autres conséquences que l'on ne connaît pas encore parfaitement à ce jour.
Pourtant les PCB ont été utilisés pendant de nombreuses années pour leurs multiples avantages : ils sont notamment utilisés dans les transformateurs pour leur qualité d'isolant électrique (en France, le plus connu est le fameux pyralène). Mais ce n'est pas tout : les peintures, certains plastiques, les encres d'imprimerie en contiennent également. Et ces objets du quotidien finissent souvent en décharge... avec des conséquences redoutables de dissémination dans la nature.

Pourquoi le Rhône est-il une éponge à PCB ?

Le milieu aquatique est favorable à la bioaccumulation de ces substances, sans compter que ces indésirables aiment les graisses et s'y accumulent volontiers. Donc, les poissons sont les premiers touchés, puis les humains, qui consomment les poissons.
Face à ce constat alarmant, c'est le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) qui a le premier incité les Etats à interdire les PCB, action confirmée par la convention de Stockholm en 2001 qui interdit de produire des PCB mais laisse jusqu'à 2025 aux Etats concernés pour arrêter leur utilisation dans tout équipement en contenant. A ce sujet, la France a été rappelée à l'ordre en 2002. Un plan de démantèlement des appareils court jusqu'à 2010, mais la tâche est immense. En outre, si la dépollution est mal maîtrisée, elle entraîne à son tour d'autres pollutions. En France, seules deux installations sont autorisées à brûler les résidus de décontamination, dont l'usine Tredi, située en amont de Lyon, au bord du Rhône. Sans compter que les décharges sont aussi une source de pollution des fleuves et des nappes phréatiques aux PCB.

les pcb s'accumulent dans les cellules graisseuses des organismes vivants.
Les PCB s'accumulent dans les cellules graisseuses des organismes vivants. © Rémy Donnadieu

Et aujourd'hui ?

La situation est donc connue depuis 1986, mais aucune mesure concrète n'a été prise pour informer les habitants et les pêcheurs amateurs des risques liés à l'absorption des PCB. Ce n'est qu'en 2005 que la consommation des poissons du Rhône sera interdite dans la région de Lyon. La situation se déteriore encore en 2007, puisque l'interdiction court jusqu'en Camargue : ce sont 300 km de fleuve qui sont pollués sans compter l'extraordinaire et précieux milieu humide de Camargue.
En 2006, l'Union Européenne adopte une norme drastique et autorise un seuil de 8 picogrammes de PCB / gramme de matière vivante : à ce moment les analyses des poissons du Rhône révèlent des taux atteignant les 59 picogrammes (étude du Cemagref).
Fin juillet 2007, les Verts déposent une plainte contre X. Le WWF demande la mise en place d'une étude épidémiologique concernant cette pollution diffuse.
La préfecture du Rhône envisagerait d'étendre les mesures et des études pour comprendre le mécanisme de pollution et le gérer sont en cours.

En savoir plus : sur le site du Cemagref