Le sinistre mercantilisme autour de la mort des super-héros

Le sinistre mercantilisme autour de la mort des super-héros Après Captain America, Superman et Elektra, c'est au tour de Spiderman de succomber à un super-vilain. Mais derrière cette tragique disparition se cache un enjeu économique bien plus important qu'on ne l'aurait imaginé.

La nouvelle est tombée comme un couperet :  Peter Parker, alias Spider-Man, est mort. Vague de désespoir chez les fans de l'homme-araignée qui voient plus que la mort d'un super-héros dans la disparition de Spider-Man : c'est l'assassinat d'un sauveur de l'humanité pour les plus convaincus.

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Couvertures de "La Mort de Spider-Man" © Marvel Comics

Mais que s'est-il passé ? Le 22 juin 2011, le Bouffon Vert a eu raison de Peter qui s'est soumis à un ultime acte d'héroïsme en se sacrifiant pour sauver sa tante May. Oui, oui, la même tante à qui il arrive toujours des bricoles. Et c'est elle qui s'en sort indemne une fois de plus, aux dépens de son célèbre neveu censé être invincible. Impossible ! Et pourtant si, Brian Michael Bendis, le scénariste du comic, en a décidé ainsi.

Une tragédie pour les lecteurs

Le XXe siècle a été une époque bien triste en termes de politique et d'économie. Un mal-être auquel les super-héros ont su répondre de façon spectaculaire. Alors que Batman se bat contre l'anti-capitalisme et l'anarchie, Captain America s'acharne contre le fascisme et le nazisme. 

"Nous avons vraiment besoin de lui en ce moment", avait déclaré Joe Simon, 93 ans, le jour de l'annonce de la mort de Captain America.

 

Les super-héros apparaissent comme une solution pour combattre tous les maux qui hantent une humanité désemparée. Aussi la disparition soudaine de Spider-Man donne-t-elle le sentiment que la soif de pouvoir, et donc un possible futur régime despotique et totalitaire sont à l'ordre du jour dans un monde où règne le chaos.

 

De l'intérêt d'assassiner les super-héros

Ce n'est pas la première fois qu'un super-héros disparaît tragiquement, assassiné par son pire ennemi. Avant Spider-Man il y a eu Captain America, Robin, Batman ou encore Superman. Or l'engouement pour les comics est tel que la mort d'une icône de la justice déchaîne toujours les passions.

 
 
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Couvertures de comics sur la mort de super-héros © DC Comics

La plupart des lecteurs s'identifient à leur personnage de prédilection et créent un lien émotionnel solide avec celui-ci, si bien que tous se sentent concernés par les aventures du justicier aux super-pouvoirs. Et ça, les éditeurs de comics tels que Marvel ou DC Comics l'ont bien compris.

Tuer un super-héros, c'est à coup sûr reconquérir une audience essoufflée après des années d'aventures. La sur-médiatisation, le choc des lecteurs, la surprise des non-lecteurs sont autant de points positifs pour les maisons d'édition qui sont assurées de convaincre et d'agrandir un lectorat désireux d'en savoir plus.

 

La fin définitivement ?

Au final, la mort des super-héros pourrait en quelque sorte s'apparenter à un gros coup marketing conçu pour faire le buzz et booster des ventes en berne. Or, comment faire perdurer ce regain d'intérêt puisque le sujet central a été détruit ? Deux solutions s'offrent aux maisons d'édition :

 Assurer l'héritage du défunt : après la mort de Captain America, de potentiels successeurs se sont bousculés pour endosser le costume du justicier anti-fascisme et anti-nazisme. L'heureux élu sera Frank Castle, dit Le Punisher. Mais considérant que ce rôle est trop lourd pour lui, il déléguera définitivement ses responsabilités à Bucky Barnes en attendant la résurrection du véritable Captain America. Idem pour la succession de Batman qui se dispute entre Nightwing, Robin, Huntress, Catwoman ou encore Batgirl. Et il semblerait que le titre de Spider-Man soit déjà convoité par de jeunes recrues.

 Ressusciter le super-héros : il est de notoriété publique que tout héros qui se vaut se doit de passer par la case décès avant de ressusciter avec des pouvoirs renforcés. La mort n'est en fait qu'une sorte de rite de passage auquel le justicier doit se confronter pour prouver sa véritable invincibilité. Elektra, Jean Gray, Colossus, Iron Man, Superman, tous ont eu le droit à leur quart d'heure de renaissance. Même feu Captain America est revenu des années après son enterrement.

Le super-héros n'est pas conçu pour mourir mais pour prouver son pouvoir et son invincibilité. Le côté obscur de la force n'en a pas encore fini avec les super-justiciers des comics.