Les sorties du mois de septembre "Tuer le père" d'Amélie Nothomb

tuer le père              16euros
Tuer le père              16euros © Albin Michel

Comme chaque année à la même époque, on se pose tous cette question, un peu comme un petit rituel qui anime toutes les rentrées littéraires : le dernier livre d'Amélie Nothomb est-il un bon millésime ?

La cuvée 2011 s'annonce, dès le titre, très freudienne. En fin de compte, on est très loin de la psychanalyse, bien plus proche du western moderne, avec cactus, parties de poker, figures charismatiques et caractérielles. L'histoire d'un règlement de compte sans colts mais avec la rage et l'acharnement propre à l'esprit des pionniers américains.

L'auteur nous raconte l'histoire du jeune Joe, 15 ans, qui vivait seul avec sa mère dans le Névada avant qu'elle ne s'en débarrasse. Livré à lui-même, il se découvre un don pour manipuler les cartes, se prend à rêver de Las Vegas, s'empresse enfin de rencontrer le plus grand magicien du pays, certain que celui-ci lui permettra de devenir riche.

Mais le maître qu'il rencontre, Norman, grand gaillard aussi bourru que sentimental, se prend d'affection pour lui, lui offre un toit et l'amour d'un père.

Le récit décrit alors l'apprentissage de l'adolescent surdoué, confronté à la discipline morale d'un père exigeant, à son amour débordant mais également à la beauté outrageante de sa femme.
Jalousies, tensions, naïveté touchante... Le tout baigné par l'atmosphère bienveillante qui se dégage des petites villes du désert - qu'on imagine aux antipodes de l'esprit de Las Vegas - puis par la folie douce du festival hippie de Burning Man.

Rythmé, fluide, le roman enchaîne les scènes un peu sommaires mais captivantes. Et nous procure ce petit plaisir enthousiasmant du feuilleton, ce petit plaisir que l'on ressent devant un bon petit film policier sur lequel on tombe par hasard un jour de pluie, ce petit film qui nous donne l'occasion de sortir les pop-corns ou le pot de glace du congélateur. Un plaisir soudain et sucré qu'on s'autorise inopinément en somme, et qui se prolonge jusqu'au happy end de convenance.

Dommage, hélas, que cette fois-ci Amélie Nothomb ne fasse pas dans le convenu, nous privant du scénario de fin qu'on s'imaginait avec gourmandise. Puisqu'il fallait "tuer le père", d'une manière ou d'une autre, on quitte le roman attristé, avec un arrière-goût acidulé, voire amer. Sacré contraste lorsqu'on savoure une crème glacée...