Bernard Quiriny (écrivain) "Un roman sur l'extrémisme et sur le fanatisme"

Pourquoi situer cet Empire féministe en Belgique ?

J'aurais pu imaginer un régime totalitaire sur une île très éloignée, mais ça me paraissait plus drôle de planter le décor immédiatement à côté de la France. L'idée était de tourner en farce ce qui c'est réellement passé avec nos intellectuels. Lorsque Jean-Paul Sartre va en URSS ou en Chine, à plus de 6 000 km de Paris, et vous dit que c'est formidable, personne ne peut aller vérifier. La Belgique, c'est juste là, donc tout le côté pittoresque, exotique, devient ridicule.
J'aurais pu choisir Monaco ou encore la Suisse mais j'ai choisi la Belgique, je trouvais ça plus drôle. Je suis moi-même Belge et c'est le pays du surréalisme et de l'humour absurde, un terrain tout trouvé.

Vous faites du féminisme la force idéologique de cet Empire totalitaire. Ce qui pourrait laisser supposé que le féminisme ne vous inspire pas que du bon...

Vous savez, ce n'est pas un roman sur le féminisme, c'est un roman sur l'extrémisme et sur le fanatisme. Comme on ne peut pas être fanatique de rien, il fallait que mes fanatiques soient fanatiques de quelque chose. Cela aurait pu être la religion, la politique, le communisme, l'écologie, il se trouve que mon imagination fonctionnait mieux avec le féminisme. Ça me paraissait plus drôle et plus intéressant. On ne trouve plus beaucoup de staliniens, de castristes ou de fascistes convaincus, alors que beaucoup de gens sont féministes. Il me fallait prendre quelque chose qui soit encore progressiste. Tout ça pour dire que le féminisme n'est pas le sujet mais le prétexte. De la même manière que l'on peut faire un roman sur le Stalinisme sans être communiste ou anti-communiste, on peut faire un roman sur une version délirante du féminisme sans être féministe ou anti-féministe.

Vous n'êtes donc ni féministe ni anti-féministe...

J'ai les mêmes opinions banales que la plupart des gens. Je suis évidemment favorable à l'égalité des genres, comme tout le monde finalement. Mais je n'ai pas plus d'opinion sur la question que sur la tarification des taxis parisiens. Comme je vous le disais, le féminisme n'est pas le sujet de ce livre.