Josef Ladik (Ecrivain) "Le roman est une fiction qui, au delà du divertissement, peut donner à réfléchir sur le réel"

Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et nous expliquer la raison pour laquelle vous publiez vos romans sous un pseudo ?

Josef Ladik : J'ai 37 ans, habite Paris et suis juge d'instruction. Le pseudonyme marque une différenciation symbolique entre l'activité professionnelle et ma vie d'auteur. Le professionnel ne pense pas nécessairement comme l'auteur, et réciproquement. Ceux qui me reconnaîtront savent qu'il est important de ne pas mélanger les genres.

Pourriez-vous présenter à nos lecteurs l'intrigue de votre roman "Les Engagés" ?

Une bombe explose au cœur de Paris et paralyse tous les systèmes de surveillance. C'est le début de grandes émeutes. Près du point zéro on retrouve une femme, amnésique. Elle seule connaît les complices de l'attentat. Le gouvernement va tout entreprendre pour lui faire retrouver la mémoire et rétablir l'ordre. Des agents des services secrets vont l'aider à s'échapper. "Les Engagés" raconte l'histoire de gens ordinaires et exceptionnels qui ont décidé de radicalement changer le cours d'une société sécuritaire où tous les contre-pouvoirs ont été neutralisés.

Pourquoi avez-vous choisi de donner une suite à votre précédent roman "Le maître des noms" ?

Pour répondre au souhait des lecteurs et aussi parce que je ne peux pas laisser longtemps mes personnages sans activité. "Les Engagés" peut se lire de manière tout à fait autonome.

A votre avis, jusqu'où la psychose sécuritaire nous conduira-t-elle ?
Auriez-vous pu être un des Engagés de votre roman ?


Dans "Le Maître des Noms ", comme dans "Les Engagés", j'ai procédé à la mise en culture de certaines tendances de notre société. Je n'ai fait qu'accentuer le trait, utilisant la fiction comme un incubateur, pour simuler ce vers quoi nous pourrions tendre progressivement. Mais je ne suis ni prophète ni devin. Le roman est une fiction qui, au delà du divertissement, peut donner à réfléchir sur le réel.

L'engagement est une question trop sérieuse pour se conjuguer au conditionnel. Il m'est donc difficile de répondre à votre question. Si ce n'est que j'écris, et c'est peut-être là une forme d'engagement minimal. A mon sens, le langage est un outil d'influence formidable, la structure de tout. Le terrorisme n'est qu'un produit dérivé de rhétoriques manipulatrices, délétères ou stupides. Reste à définir ce qu'est le terrorisme et la violence illégitime, et cela, c'est affaire de langage.