De tous les récits rassemblés, ceux des marins pêcheurs sont les plus poignants.
"Les bateaux (...) de 70 et 80 mètres de long disparaissent dans les creux, seul le feu de tête de mat restant visible"
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Tempête sur Ouessant.
Photo © Didier Lavainne |
Aristote
Guérin, capitaine marin pêcheur qui a affronté un cyclone
force 12, en octobre 1999, alors qu'il pêchait au large de l'Irlande témoigne."En
tant que capitaine, j'étais très concentré sur la marche du bateau" se souvient
Aristote. "Nous faisions environ deux heures à la cape et deux heures à la
fuite pour ne pas nous éloigner trop des zones de pêche. Je n'ai jamais eu peur,
mais la tension était bien présente, probablement un stress pas vraiment ressenti
sur le moment, mais qui m'a laissé des traces au niveau physique". Durant
cette tempête, Aristote Guérin a surtout été impressionné
par : "les tonnes d'eau qui s'écrasent sur les vitres de la passerelle, les
bateaux Intermarché qui sont à côté de moi, de 70 et 80 mètres et qui disparaissent
dans les creux, seul le feu de tête de mat restant visible, mon bateau ne faisant
que 25 mètres, qu'il est petit dans ces moments là."
Pêche à Terre-Neuve
Autre récit saisissant, celui de Jean-Paul
Lecoq, qui a rencontré des conditions extrêmes alors qu'il participait
à une campagne de pêche à Terre-Neuve, dans les années
60. "A l'époque le rythme était de 12 h de travail, 6 h de repos puis encore
12h de travail
Pendant notre temps de repos, afin que le chalutier ne prenne
pas trop de gîte, nous allions casser la glace qui s'était formée un peu partout.
Mon état d'esprit à l'époque était de survivre. J'avais 15 ans, il faisait moins
40°C, des vagues de plus de 20 mètres de haut glaçaient le chalutier. Le
poisson gelait au fur et à mesure, je me demandais pourquoi mes parents me laissaient
faire ce travail..."
Ravitaillement périeux
Pour Michèle,
cette tempête en mer restera "gravée à jamais. J'ai cru
ma dernière heure arrivée, et ce fut très long, très angoissant, très physique
aussi", explique-t-elle dans son témoignage. "Les bateaux de
Sein étaient tous rentrés au port pour cause de tempête, mais la Velléda,
bateau des Phares et Balises, est sorti pour ravitailler le phare d'Armen. Mais
ce jour-là il était impossible de faire la relève des gardiens. J'étais sur la
Velleda pour la beauté du spectacle. Je n'ai pas été déçue... " Durant
cette tempête, elle a surtout était marquée par : "Les
creux de 12 mètres sous le phare d'Armen, cette masse d'eau glauque et cependant
transparente déferlant sous le bateau" et termine son récit en expliquant
"C'est sûrement le souvenir le plus marquant de mon existence, déjà
pas mal avancée !