Oldelaf sans Monsieur D De "Oldelaf et Monsieur D" à "Oldelaf"

Un an après la fin d'Oldelaf et Monsieur D, Olivier Delafosse rencontre le plus gros défi de sa carrière : s'affirmer en tant qu'Oldelaf (tout seul).


 L'Internaute Magazine : On vous a découvert avec les chansons d'Oldelaf et Monsieur D comme "Raoul le Pitbull" ou "Nathalie mon amour des JMJ", ce qui forge une certaine idée du personnage. Comment pourriez-vous différencier Oldelaf tout court de Oldelaf et Monsieur D ?

le deuxième album d'oldelaf et monsieur d
Le deuxième album d'Oldelaf et Monsieur D © Roy music

Oldelaf : Oldelaf et Monsieur D c'était un groupe qui a été créé sans aucune pression, une sorte de "groupe poubelle" dans lequel on ne faisait que des chansons cons. C'était assez expérimental. Il y avait une liberté incroyable de ton. Ça a été vraiment formateur, car on n'écrivait pas pour quelque chose, on se faisait juste plaisir. C'était génial... Qu'est-ce qu'on a rigolé ! J'ai l'impression d'avoir passé 10 ans à rigoler. Quel bonheur ! Mais le problème au niveau de l'écriture, c'est que le rire devient aliénant ; on se régalait mais on ne pouvait faire que ça, impossible de faire passer du sentiment.

Bien sûr, les chansons ne sont pas complètement connes, il y a des choses qui passent mais rien de personnel. Mais quand le troisième Monsieur D a décidé d'arrêter, (ndlr : trois personnes différentes ont interprété Monsieur D) je n'ai pas eu envie de prendre un quatrième Monsieur D, je n'avais pas le courage de remonter le groupe. Et puis j'avais l'occasion de faire enfin des chansons personnelles. C'est ce qui est génial avec le projet Oldelaf, je peux faire des textes marrants mais aussi m'autoriser à être un peu plus moi-même. J'ai aussi appris à écrire, je pense que ma plume s'est affinée, ça me permet de faire des chansons dont la première note n'indique pas si ça sera drôle ou un peu moins. Quand on achetait un album d'Oldelaf et Monsieur D, au contraire, on savait que les 12 chansons seraient conçues pour faire rire. De même, je ne fais plus de parodie, tout au plus quelques clins d'œil, mais pas comme à l'époque du groupe où on avait même fait du reggae, alors que je n'aime pas ce genre de musique. Là, je peux défendre l'album qui sort, je suis fier d'écouter ce genre de musique, plutôt fier de moi.

 L'Internaute Magazine : Vous n'avez pas peur de perdre votre public qui était justement habitué à des albums qui font seulement rire ?

la tristitude, hilarant single du nouvel album.
La Tristitude, hilarant single du nouvel album. © 2011 Roy Music

Oldelaf : J'ai eu peur... Au début, j'ai même hésité à changer le nom, et en fait, je me suis rendu compte que j'étais toujours drôle, j'aime bien ça, je ne pourrais pas me passer de dire des bêtises et faire le con sur scène. J'ai besoin de passer par l'humour pour dire des choses. Mais je rajoute des éléments en plus. J'étais content car quand on a fait notre premier gros concert-test à l'Alhambra à Paris, en décembre, déjà c'était complet, et à la sortie, les gens m'ont félicité en disant qu'on n'avait pas perdu notre humour mais qu'on avait des choses en plus. Finalement, ce n'est pas si déroutant que ça. Je suis resté Oldelaf.

J'assume, je fais encore des clins d'œil, je dis pas "merde" à Oldelaf et Monsieur D, mais je vais voir plus loin. La musique est mieux travaillée avec le groupe derrière et on a gardé quelques moments intimistes. Parmi les musiciens, il y a des anciens d'Oldelaf et Monsieur D donc c'est un vrai virage, mais pas à 90 degrés. C'est juste une déviation ! Je l'assume et je la défends. Oldelaf et Monsieur D c'est fini, mais on ne s'est pas quittés fâchés, ça laisse la porte ouverte à plein de choses. Mais aujourd'hui, je défends à 100 % le projet Oldelaf, et j'en suis vraiment fier.


 L'Internaute Magazine : Vous dites "projet Oldelaf"... C'est parce que vous considérez Oldelaf comme seulement vous, le chanteur, ou comme un nouveau groupe ?

"Il faut que j'assume le fait que ce soit mon projet perso"

Oldelaf : C'est une très bonne question. Et là, je suis piégé ! Parfois je dis "on", parfois je dis "je".  Pour moi, faire cet album sous le nom Oldelaf, c'était en prendre la responsabilité, dire qu'Oldelaf, c'était moi. Alors qu'Oldelaf et Monsieur D, c'était un bloc, même si entre nous on appelait ça "Oldelaf". Et ce qui est en train de changer, ce qu'il faut que j'assume, aussi bien médiatiquement que par rapport aux musiciens, c'est que c'est mon projet perso. Ça n'est pas un groupe, mais on a un fonctionnement de groupe : on est payé pareil sur les dates, on répète ensemble, je leur demande un investissement, ils sont intéressés sur le disque -même si pour ça ce n'est pas exactement à égalité. Ils ne sont pas des musiciens lambda, "Oldelaf" a un statut un peu bâtard. Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est qu'Oldelaf, c'est moi, et j'ai des musiciens avec moi, mais je les ai choisis, ce ne sont pas des mercenaires.

 L'Internaute Magazine : Vous avez organisé 10 éditions du Festival de la Chanson Con où vous jouiez avec Oldelaf et Monsieur D. Tout ça ne vous manque pas ?

Oldelaf : La réunion en elle-même était bien, mais ce qui était frustrant, c'était l'organisation. Je n'avais pas de budget, je ne pouvais pas faire venir les gens dans de bonnes conditions. On appelle quelqu'un et on n'a quasiment pas d'argent à lui proposer, on ne peut pas l'héberger dans des conditions correctes, et puis je ne voulais pas faire la quête donc on a fait 10 éditions, c'était super, ça me plaisait. Mais l'organisation ne me manque pas du tout ! Eventuellement, refaire un festival avec de vrais moyens, ça pourrait être sympa, mais il faudrait que chaque personne ait un cachet honnête, rembourser les frais de déplacement, le logement, la nourriture, qu'on fasse de la promo... Dans ces conditions-là, je ne dis pas que je ne le referais pas, surtout que j'ai assez de contacts pour faire un truc très sympa. Pour l'instant, j'ai tellement de choses à faire en tant que chanteur, c'est dur de repasser du côté organisateur. On ne peut pas tout faire !