"Nous essayons de témoigner en photo de la fragilité de notre environnement"

Olivier Hervieu et Diane Castanet s'adonnent à la même passion depuis des années, la photographie. C'est elle qui les a réunis et les a conduits sur les mêmes terrains de jeu. Rencontre avec ces amoureux de nature.

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Diane Castanet © Georges Dif

Pourriez-vous tout d'abord vous présenter en quelques mots ?

Olivier Hervieu : Nous sommes des photographes amoureux de la nature qui ont aménagé leur travail pour arriver à vivre pleinement leur passion. Diane est comptable de formation et moi informaticien. Nous avons mis en commun nos compétences professionnelles pour créer une entreprise qui vend des sites Internet majoritairement destinés aux photographes. Diane s'investit pleinement dans cette entreprise, alors que pour ma part, je partage mon temps entre notre entreprise et une grande entreprise parisienne dans laquelle je travaille à temps partiel.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire de la photographie ?

L'un comme l'autre, nous avons grandi dans un environnement où la prise de vue faisait partie de la culture familiale. Diane faisait les reportages photos des voyages familiaux pendant que son père filmait. Pour ma part, ayant toujours vu des appareils reflex à la maison, il était normal que je mette rapidement les yeux derrière le viseur et que je passe de nombreuses heures au labo photo.

Quels sont vos sujets de prédilection ?

La nature et l'environnement sont des sujets photographiques qui nous passionnent. Nous avons quelques lieux "magiques " dans lesquels nous aimons à nous retrouver. Parmi ces lieux, citons l'Archipel des Galápagos, l'île de la Réunion, le causse Méjean, le massif du Sancy, et le parc de Dyrehaven au Danemark, lieu d'où proviennent la majorité des photos de ce reportage sur le brame du cerf.

Qu'essayez-vous de transmettre à ceux qui regardent vos photos ?

Je pense qu'à notre façon, nous essayons de témoigner en photo de la fragilité de notre environnement. Beautés et dégradations se côtoient souvent. Prendre en photo les uns et les autres, parfois sur la même photo, est souvent la meilleure façon d'éveiller les consciences.

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Le cerf rait en journée © Olivier Hervieu et Diane Castanet

Comment vous êtes-vous retrouvés à prendre des photos de cerfs ?

Le cerf est le plus gros mammifère de nos forêts. A partir du moment où l'on s'y promène régulièrement, il est inévitable de le rencontrer tôt ou tard. Cette rencontre, généralement furtive, laisse un souvenir fort qui donne envie de répéter l'expérience. Il est donc tout naturel de rechercher à nouveau cette rencontre et, quand on est photographe, de l'immortaliser en photo. 

Est-ce compliqué de prendre des photos de cerfs, surtout à la période du brame ?  

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Pendant le brame, les cerfs se frottent les bois et les meules sur des branchages ou dans l'herbe pour s'exciter. © Olivier Hervieu et Diane Castanet

Il faut d'abord trouver des cervidés. La pression de la chasse et de l'activité forestière, qui reprochent aux grands mammifères d'abîmer les jeunes arbres, ont conduit à diminuer de façon drastique le nombre de cervidés présents dans nos forêts. Il y a 20 ou 30 ans, il n'était pas rare de voir des hardes d'une cinquantaine de biches en forêt domaniale, et de grands massifs tels que les forêts de Rambouillet, Compiègne ou Tronçais, étaient réputés pour l'observation du brame. 

Aujourd'hui, c'est quasiment mission impossible de pouvoir immortaliser de tels regroupements. Il faut donc aller dans des domaines privés ou des parcs dans lesquels la densité d'animaux est plus élevée que dans les forêts publiques.

Ensuite, il faut connaître les mœurs de l'animal. Si les cerfs sont ensemble tout au long de l'année, ils se séparent pour devenir solitaires un peu avant le brame, et se combattent pour défendre leur "place de brame" pendant cette période. Il faut donc trouver les places de bramements et savoir quel va être le comportement du cerf et de ses biches de façon à trouver le lieu idéal pour s'installer.

Enfin, le brame se déroule majoritairement de nuit. La prise de vue est généralement faite à la tombée du jour ou au petit matin alors que la forêt est calme. Il faut donc arriver sur ces emplacements discrètement et se faire tout petit pour ne pas être détecté par les animaux.

Quels conseils pourriez-vous donner à des personnes qui veulent prendre des photos de cerfs à cette période ?

Le premier conseil, c'est d'abord d'apprendre à connaître la forêt avant d'essayer d'y faire des photos.

Pour les premières sorties, une paire de jumelles, de bonnes chaussures et une carte Top 25 (pour ne pas se perdre et rester en forêt domaniale) sont les seuls équipements à utiliser.

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Le cerf en compagnie de biches © Olivier Hervieu et Diane Castanet

Ensuite, il faut apprendre à regarder et à écouter. On peut se promener en forêt et passer à moins de 10 m d'un sanglier, d'un chevreuil ou d'un cerf sans le voir. Pour affûter son regard, je conseille d'aller dans des parcs de vision, la densité d'animaux y est plus grande qu'en forêt. En île de France, l'espace Nature de Rambouillet est un lieu idéal. Il en existe bien d'autres un peu partout en Europe. Enfin pour la photo, une fois que l'on a appris à connaître la forêt et ses habitants, on peut tenter sa chance en forêt domaniale ou retourner dans un parc comme celui de Rambouillet.

Il existe aussi en Europe un lieu unique où hommes et cervidés se côtoient sans crainte. C'est le parc des chasses du roi du Danemark dans la banlieue de Copenhague : Dyrehaven. Ce grand parc en bord de la mer Baltique est planté d'arbres plusieurs fois centenaires sous lesquels on peut voir cerfs et daims. C'est un lieu idéal pour observer et photographier le brame du cerf dans toute sa splendeur. 

 En images : Le brame du cerf dans toute sa splendeur

 Voir aussi12 animaux des forêts d'Europe 

 Sur le web : Diaph.org et photos-galapagos.com