Christine Rollard (Aranéologue) Une expo pour les connaître toutes...

 L'Internaute Magazine : Est-ce que le fait d'aller voir l'exposition "Au fil des araignées" peut guérir certaines personnes de leur peur ? 

Christine Rollard : Tout à fait. On a d'ailleurs réalisé des parties de l'exposition pour ceux qui ne veulent pas vraiment aller les voir. Mais on m'a rapporté qu'énormément de gens sont allés à l'exposition avec beaucoup d'appréhension et qui en sont ressortis avec une image complètement différente. Moi, quand je reçois des arachnophobes, je travaille avec eux sur une connaissance du monde des araignées. On a souvent peur de ce qu'on ne connait pas, c'est typique pour les araignées comme pour d'autres groupes.

En tant que docteur en science et non psy, mon travail, c'est bien entendu s'intéresser à l'aspect psychologique et savoir quel aspect de l'araignée est mal perçu par la personne que j'ai en face, mais c'est surtout de leur faire découvrir la diversité du monde des araignées. Leur faire découvrir leur rôle, leur montrer qu'il y en a des colorées, des formes différentes, des modes de vie différents, que ce sont des mères attentives, qu'il y a tout un tas de techniques d'approches des mâles au moment de la reproduction... Toute cette diversité que les gens n'imaginent pas. Quand ils connaissent un peu plus, ils ont une approche beaucoup plus réaliste et positive.

C'est exactement ce qu'il se passe pour les gens qui sortent de l'exposition. Il y a plusieurs témoignages sur le livre d'or dans ce sens. Le but de l'exposition c'est aussi ça : balayer les idées reçues et de montrer la réalité, de faire passer beaucoup plus de choses. On ne peut pas forcément leur faire aimer les araignées. Qu'on ait toujours cette petite peur quand on est surpris par la présence d'une araignée, tout à coup, il y a forcément un mouvement de recul. Je peux l'avoir aussi, ça fait partie des peurs normales qui nous ont permis de traverser les temps. Mais il faut actionner la curiosité, se demander ce qu'elle fait là, se rappeler qu'il ne faut surtout pas la tuer parce que c'est un très bon insecticide naturel dans les maisons. Voilà l'approche que j'ai envie que les gens aient après l'expo.

Si vous ne les aimez pas, vous ne les aimez pas. Ce n'est pas grave. Mais laissez-les vivre et apprenez à mieux les connaître.