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Décembre 2006

"Futur ministre de la Culture ? Ségolène Royal ne m'a jamais parlé d'une telle chose !"

Sans langue de bois, Christophe Girard a répondu à vos questions en direct de son bureau de l'Hôtel de Ville.

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Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Dans mon esprit, "décoincer" signifie métisser, échanger, laisser libre cours à une certaine démesure"

Christophe Girard, pouvez-vous nous parler de votre engagement politique ?
Christophe Girard : C'est l'affaire de tout un chacun : la politique n'est pas un métier, selon moi, mais le choix de servir la collectivité et les autres pour des idées que l'on croit bonnes et utiles… Je viens de la vie associative. Je garde un pied dans le privé et je trouve bien de servir la collectivité.

 

Quelles sont vos grandes réalisations en tant qu'adjoint au maire de Paris ?
Un élu, de surcroit adjoint, ne peut pas revendiquer et s'approprier une réalisation ! Je suis fier néanmoins d'avoir proposé Nuit Blanche et que nous ayons réussi cette opération, aujourd'hui exportée dans 14 villes.

 

Votre vision de Paris n'est-elle pas un peu trop "festive"?
Les médias ne retiennent que le haut de l'iceberg. L'essentiel de la politique culturelle que nous menons s'attache à l'éducation artistique, à la modernisation de nos bibliothèques, à l'accès de plus larges publics dans les musées, les théâtres, au concert, au cirque, au cinéma...

 

Vous parlez de "décoincer Paris", qu'est-ce que cela entend selon vous ?
Dans mon esprit, "décoincer" signifie partager, mélanger, métisser, échanger, et laisser libre cours à une certaine démesure.

 

Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Je vais 3-4 fois par semaine dans un musée et au Louvre une fois par semaine."

Vous ne cachez pas votre désintérêt pour les musées, dont vous avez également la charge. N'est-ce pas également votre rôle de mettre en valeur ce patrimoine, quitte à mettre vos intérêts personnels de côté ?
On me reproche plutôt de trop aimer les musées et les galeries d'art contemporain ! La première mesure que nous avons prise après notre élection a été la gratuité des collections permanentes. Je vais 3-4 fois par semaine dans un musée et au Louvre une fois par semaine. Peut-être n'est-ce pas assez ?

 

Comment Paris peut-elle rivaliser avec les grandes villes européennes en mouvement, notamment Londres et Berlin ?
Paris a la particularité d'être une petite ville en taille : 105 km², c'est-à-dire 5 à 7 fois plus petite que Berlin ou Londres, avec une densité de population beaucoup plus élevée. Paris est admirée pour son patrimoine, pour ses tournages de films, pour l'accueil des cirques, pour ses nombreux théâtres et salles de cinéma (376 écrans), mais aussi pour ses ateliers d'artistes, ses écrivains, ses maisons d'édition, ses librairies... la liste est longue.

 

Quelles sont les priorités de la ville en matière de politique culturelle ?
Entretien du patrimoine, vitalité des théâtres, plus grand accès aux musées, soutien aux cinémas d'art et essai, numérisation du réseau des 60 bibliothèques municipales, ouverture de deux médiathèques, d'un centre de production et de résidence d'artistes dans le XIXe, ouverture d'une maison des Cultures du monde ouverte sur le quartier dans le XIe, ouverture de la première cité de la Mode et du Design...

 

Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Je crois que l'on doit avoir le courage d'accepter certaines disparitions pour permettre des naissances nouvelles."

Vous envisagez la fermeture d'un théâtre municipal. Duquel s'agit-il ? Que deviendra le lieu en question ? Quel avenir financier proposez-vous ? Envisagez-vous d'autres partenaires, en plus de la Ville ?
Je suis convaincu que l'accumulation des lieux et des structures finit
par étouffer et empêcher les nouvelles initiatives. Impossible de dire à ce jour si nous fermerons un théâtre mais je crois que l'on doit avoir le courage d'accepter certaines disparitions pour permettre des naissances nouvelles.

 

Que pensez-vous de la création d'une annexe du Louvre à Abu-Dhabi ?
Je suis pour la circulation des œuvres, et le Louvre a raison de faire voyager ses tableaux. Je me réjouis que le savoir-faire de nos grands musées serve à préfigurer et ouvrir de nouveaux musées dans des parties du monde démunies de lieux de culture. L'argent, seul, ne peut suffire à donner du sens. La seule chose qui me trouble, c'est que l'on puisse éventuellement multiplier les "Louvre", les "Centre Pompidou" : un musée doit garder sa rareté et ses spécificités.

 

Les artistes fuient Paris, en raison du coût excessif de la vie dans la capitale. Que faites-vous pour les convaincre de réinvestir la Ville ?
Nous favorisons de plus en plus le maintien des collectifs dans Paris, comme le 59 rue de Rivoli (ancien squat du collectif d'artistes "Chez Robert, électron libre", ndlr) en travaux actuellement, en rénovant un grand nombre d'ateliers (bientôt la cité Norvins dans le XVIIIe) et en construisant de nouveaux lieux.

 

Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Les indemnités d'un adjoint au maire s'élèvent à 2 900 €"

Certains quartiers parisiens sont peu équipés en cinémas, prévoyez-vous de nouvelles ouvertures ? Où en sont les travaux du cinéma Le Louxor, dans le XVIIIe ? Nous n'avions pas pris d'engagement pour le Louxor, qui appartenait au groupe Tati, mais nous avons préféré le racheter pour le sauver car c'est un bâtiment unique du point de vue de son architecture néo-égyptienne. Nous soutenons les cinémas d'art et essai et les aidons à se rénover et s'équiper afin de garder une grande diversité à Paris. Nous veillons à ce qu'il n'y ait pas de nouveaux multiplexes, bien que nous avons conscience que les jeunes générations viennent plus volontiers au cinéma dans ce type de configuration. Nous veillons aussi à ce que le nombre d'écrans à Paris ne décroisse jamais.

 

Combien gagnez-vous à l'Hôtel de Ville ?
Les indemnités de Maire adjoint et de conseiller général (Paris est un département) s'élèvent à 2 900 euros environ. Il n'y a pas de prime, pas de 13e mois, et nous utilisons les voitures du parc automobile de l'Hôtel de Ville sans chauffeur attitré. Nous bénéficions de la carte Navigo zone 1 et 2.

 

Quelle est la part de l'argent des contribuables dans le financement d'événements comme Paris Plage ou Nuit Blanche ?
La Nuit Blanche coûte moins d'un café par habitant. La culture coûte cher ? A ceux qui vous diront cela, je vous propose de leur répondre : essayez l'ignorance !

 

Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Nuit Blanche coûte moins d'un café par habitant"

Votre départ du groupe Vert n'a-t-il pas créé un déséquilibre, par rapport au vote de Parisiens en 2001 ?
Si j'avais quitté les Verts pour rejoindre l'UMP ou l'UDF, il y aurait eu abandon du mandat qui m'a été confié, mais je reste dans la majorité municipale, à laquelle mes amis Verts sont très attachés. Simplement, je ne sais pas être adjoint du maire et voter contre lui. Il a refusé ma démission quand je lui ai proposée et j'ai donc par la suite fait un choix de conscience.

 

On dit que Bertrand Delanoë est un homme caractériel, quelles sont vos relations avec lui ?
Bertrand Delanoë est un ami de 20 ans qui a en effet beaucoup de caractère, ce qui n'a pas échappé aux Parisiens, qui l'ont ainsi choisi comme maire.

 

Pour la Journée de la Femme, il y a quelques années, vous aviez déclaré que par solidarité vous ne parleriez de vous qu'au féminin. L'avez-vous fait ?
Cette idée m'était venue lors d'un colloque à la Maison de l'Europe, où j'étais le seul homme intervenant parmi 50 femmes. J'avoue avoir été gêné d'accorder tout au masculin quand je parlais au nom de toutes les participantes et moi-même, seul participant ! C'était un pied de nez, pour essayer de comprendre ce que les femmes doivent ressentir en parlant au masculin en permanence.

 

Photo © L'Internaute Magazine/Laura Matesco
"Futur ministre de la Culture ? Ségolène Royal ne m'a jamais parlé d'une telle chose"

Etes-vous proche de Ségolène Royal ? On dit que c'est vous qui la conseillez dans ses tenues, notamment en lui conseillant le port du blanc, est-ce vrai ?
Ségolène Royal n'a vraiment pas besoin de moi pour ses goûts vestimentaires, elle réussit très bien toute seule. Je la trouve de plus en plus belle et élégante.

 

Vous ne pouvez pas nous le cacher, votre nom n'est pas qu'une simple hypothèse au Ministère de la Culture dans le cas où Ségolène Royal gagnerait l'élection présidentielle.
Ségolène Royal ne m'a jamais parlé d'une telle chose, je ne suis obsédé que par le combat à mener pour qu'elle gagne, et la bataille va être dure : trois interminables mois, avec face à nous un Sarkozy talentueux, expérimenté, soutenu par les moyens de l'Etat, et rusé comme son père spirituel Charles Pasqua. Le ou la prochaine ministre de la Culture devra faire preuve de beaucoup de courage pour s'attaquer aux nouveaux publics, leur donner la place qu'ils méritent, donner l'espace nécessaire aux nouvelles technologies, promouvoir la promotion numérique, informatiser tout azimuts, entrer enfin dans notre siècle déjà si exaltant, et si tourbillonnant.

 

Etes-vous pour l'adoption par les couples homosexuels ?
Je suis pour l'adoption des orphelins par tout couple engagé, déterminé pour adopter, car c'est un choix forcément réfléchi et un parcours du combattant. L'amour, l'affection, ne relèvent pas que d'un seul modèle de vie.

 

J'ai entendu dire que vous alliez avoir un enfant avec une lesbienne, grâce à une insémination. D'où vient ce désir d'enfant ? Ne trouvez-vous pas cette méthode artificielle, et donc, en un sens, dommageable pour l'enfant à venir ?
Il s'agit bien d'une femme lesbienne, mais avec laquelle j'ai des rapports sexuels traditionnels. Je n'envisage pas l'insémination artificielle. Je compte sur la qualité de mes spermatozoïdes et prend beaucoup de vitamines depuis des mois. Le désir d'enfant ne me semble pas lié à la sexualité. Combien d'hétéros ne désirent pas d'enfants ? Et je vous recommande vivement la lecture d'un best-seller vendu à des millions d'exemplaires (lol) de Christophe Girard : "Père comme les autres".

 

Quel est le tableau que l'on voit derrière vous ?
C'est un diptyque de Djamel Tatah, un artiste français né à Saint-Etienne et représenté par le brillant galeriste Kamel Mennour (voir le dossier).

 

De quelle mesure êtes-vous le plus fier ?
La prise en compte du quotient familial pour inscrire son enfant dans un conservatoire.

 

Quels sont vos lieux favoris à Paris (bar, resto, clubs…) ?
Mes restaurants favoris sont nombreux : "Le Bouledogue", rue Rambuteau (voir la fiche) ; "Le Candide", avenue Parmentier ; "La Gazzetta", dans le XIIe (voir le diaporama) ; "Cibus", rue Molière (voir la fiche) ; "Sardegna", 1 rue de Cotte dans le XIIe, et le "B4", square Sainte-Croix de la Bretonnerie, avec un délicieux menu à midi, à 13 €. En revanche, je n'aime pas trop les cafés à cause de la cigarette et des toilettes.

 

Quelles sont les grandes dates à retenir pour l'année culturelle 2007 à Paris ?
L'ouverture de la Maison des Métallos en septembre, l'élection de Ségolène Royal en mai avec ensuite la requalification du Marais en Marais poitevin, mon anniversaire le 9 février (envoyez-moi des messages sur mon blog), Mardi-Gras le 20 février, la sainte Habib le 27 mars.

 

Christophe Girard : Un petit conseil amical et rusé en cette période de galettes des internautes rois : avoir toujours dans sa poche une petite fève que l'on glisse subrepticement dans la part de la personne que l'on convoite, ou dans sa propre part, pour choisir sa reine (ou son roi ! )...

 

 

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