Leïla Alaoui : qui était la photographe décédée lors des attentats de Ouagadougou ?

Leïla Alaoui : qui était la photographe décédée lors des attentats de Ouagadougou ? La jeune et brillante photographe franco-marocaine est décédée le 18 janvier des suites de ses blessures lors des attentats de Ouagadougou.

Elle s'appelait Leïla Alaoui et n'avait que 33 ans. Elle s'était rendue au Burkina Faso pour réaliser un reportage pour l'ONG Amnesty International, dans le cadre de la campagne Mon corps: mes droits. Lundi 18 janvier 2016, alors qu'elle se trouvait à la terrasse du Cappuccino, un bar-restaurant de Ouagadoudou, elle a été grièvement blessée par les balles de l'attaque terroriste revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Quelques heures plus tard, elle ne survivra pas, décédant des suites d'un arrêt cardiaque. Entre 2011 et 2014, elle avait effectué un road trip dans un studio mobile à travers le Maroc rural pour immortaliser femmes et hommes des communautés berbères comme arabes. Sa démarche était de "constituer une archive visuelle des traditions et des univers esthétiques marocains qui tendent à disparaître sous les effets de la mondialisation". Ce travail avait été exposé la semaine dernière à la Maison européenne de la photographie de Paris dans le cadre de la première Biennale des photographes du monde arabe. Le magazine Polka lui a rendu hommage sur Twitter, regroupant les portraits pris sur le vif de sa dernière exposition photo, "Les Marocains" :

A la manière de l'ouvrage photographique "The Americans" réalisé par Robert Frank, elle avait choisi de dresser le portrait du Maroc rural, cherchant à révéler, dans une démarche documentaire, "des sujets farouchement autonomes et d'une grande élégance, tout en mettant à jour la fierté et la dignité innées de chaque individu", avait-elle renseigné au sujet de son exposition à la MEP. Militante et altruiste, elle travaillait auprès des communautés de migrants depuis de nombreuses années et son travail photographique autour de l'identité culturelle dans l'espace méditerranéen avait été salué et exposé aux rencontres d'Arles, à la Biennale de Marrakech, au New York Photo Festival, à l'Institut du Monde arabe de Paris et au musée d'art contemporain de Buenos Aires. Après s'être installée à New York au cours des ses études de sciences sociales et de cinéma, Leïla Alaoui vivait entre New York, Marrakech et Beyrouth. Le corps de la jeune femme sera inhumé au Maroc. Le monde de la photo lui rend hommage, notamment le directeur de la MEP qui a donné son sentiment auprès de Polka Magazine : "Nous sommes très attristés. Leïla Alaoui était une photographe engagée. Et elle est morte en faisant son métier. Elle menait un combat pour redonner vie aux oubliés de la société, aux êtres en déshérence. Avec pour seule arme, dans ce combat, la photographie. Une arme qui ne tue pas."

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