Louis-Thibaud Chambon (photographe) "J'essaye de transformer la banalité en beauté"

Ces bancs esseulés paraissent chacun avoir leur propre identité et ne laissent pas indifférant. Louis-Thibaud Chambon nous explique sa démarche.

Comment avez-vous découvert la photographie ?

Au début, je me suis intéressé aux photos de cascades et à leur rendu du mouvement de l'eau. J'ai voulu essayer avec un petit bridge que j'avais depuis quelques années et j'ai tout de suite voulu aller plus loin. Après avoir longuement exploré cet univers qui a d'ailleurs donné lieu à la publication d'un livre "Cascades de France" à compte d'auteur, je me suis intéressé à d'autres sujets !

Comment vous est venue l'idée des bancs solitaires ?

"Offrir un regard sur un objet banal"

Je me suis rendu compte que ce qui me fascinait dans la photographie, c'était d'offrir un regard sur un objet banal. Je pense qu'un banc public est la définition même de l'objet de tous les jours que l'on ne voit même plus lorsqu'on passe à côté. Au départ, il s'agissait de quelques photos de bancs londoniens, et puis c'est devenu petit à petit un sujet d'une série à part entière.

Quelle histoire cherchez-vous à raconter à travers ces images ?

J'essaye de transformer la banalité en beauté. En les photographiant, ces bancs deviennent uniques et j'essaye de leur donner des sentiments humains. C'est, je crois, ce que j'ai tenté de faire avec ces bancs solitaires, le sujet de cette série.

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Bancs solitaires © Louis-Thibaud Chambon

Un banc public est un sujet universel, parce qu'on peut en trouver partout, autant à la campagne qu'à la ville, à chaque prise de vue, je le mets en scène en composant la photo pour le valoriser, pour montrer que le banal peut être beau.

C'est avec cette méthode qu'on oublie que c'est un simple objet anonyme mais un banc avec une identité, qui lui aussi, peut avoir des sentiments. Je complète ainsi toujours cette série.

Comment se situe cette série dans votre travail photographique ?

"Les objets deviennent des êtres vivants, et les hommes des robots"

Je travaille toujours sur plusieurs séries en même temps. Souvent les sujets sont totalement opposés. En plus des bancs solitaires, je travaille aussi sur les cascades de France pour lesquelles ma démarche est plus liée à la photographie de paysage. J'ai aussi une série sur l'urbain avec des photos de la Défense à Paris, plus particulièrement sur la solitude des personnes qui y travaillent.

Ce qui m'intéresse dans l'acte de photographier, c'est de jouer avec mes sujets. Les objets deviennent des êtres vivants, et les hommes des robots.

Quels sont vos thèmes de prédilection ?

Il est difficile de répondre à cette question car j'aime la diversité des sujets en photo. Mais je pense pouvoir dire que j'affectionne particulièrement la photographie de l'urbain même si j'adore partir en randonnée à la découverte des cascades que je traque (rires) où parfois je rencontre des bancs solitaires sur le chemin.

"Ce n'est pas la retouche qui fait l'image"

Quelle place prend la retouche dans vos images ?

Le meilleur moment, quand on fait de la photo, est pour moi lorsqu'on est face au sujet que l'on veut photographier, que les réglages de l'appareil sont faits, que la composition de l'image est faite, que la bonne lumière est là et qu'on va appuyer sur le déclencheur car on sait que la photo va être comme on le souhaite.

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Voir le diaporama "Bancs solitaires" © Louis-Thibaud Chambon

Ce sentiment est celui que je recherche en permanence. La retouche n'intervient qu'après ce moment. Même si je considère cette étape comme indispensable, elle n'est là que pour confirmer ce qui a été fait mais en aucun cas pour créer une image. Donc pour répondre à votre question, toutes mes photos sont retouchées et j'aime aussi retoucher une photo mais j'aime à ce que la retouche soit non perceptible à la lecture de l'image. Car ce n'est pas elle qui fait l'image.

Quel matériel photographique utilisez-vous ?

 

Je travaille actuellement avec un Canon EOS 5D Mark II et quelques objectifs. J'ai un grand angle EF 17-40 mm f/4 L, un Sigma 24-70 mm f/2,8 pour les focales standard et aussi un téléobjecitf EF 70-200 mm f/4 IS L. J'ai aussi quelques focales fixes, comme un EF100 mm f/2 pour les portraits ou la photo de rue, ou même un fisheye pour la photo d'architecture.

Quels sont vos autres projets photographiques ?

Mes projets ? Je cherche un lieu pour une exposition sur ces bancs solitaires. Je prépare aussi la publication d'un ouvrage sur les "Cascades de France", je suis aussi en recherche d'un éditeur et en discussion avec certains. Et puis, j'expose actuellement au siège social de l'OCDE une série intitulée "L'ombre d'un passant", traitant des hommes et leur quotidien dans le paysage urbain.