Homéopathie : définition, composition, remboursement

L'homéopathie est au premier rang des médecines naturelles. Elle repose sur la théorie de la similitude, soit de soigner ou prévenir la maladie par la substance qui la déclenche. Quelles sont ses indications et ses limites ? Quelle dilution utiliser ? Quel remboursement ? Réponses.

Homéopathie : définition, composition, remboursement
© Natallia Khlapushyna-123RF

Définition : qu'est-ce que l'homéopathie ?

Née à la fin du XIXe, l'homéopathie consiste à soigner les maladies en provoquant les mêmes symptômes, soit de soigner le mal par le mal, selon la loi de la similitude, avec l'utilisation de substances actives en concentrations infinitésimales. Issue du grec "homoios", similaire, et "pathos", maladie, l'homéopathie vise ainsi à stimuler les défenses de l'organisme de l'individu malade, afin qu'il combatte lui-même sa maladie. Son fondateur est Samuel Hahnemann qui laisse son nom au principe de dilution CH : Centésimale Hahnemannienne. Cette "méthode thérapeutique basée sur l'expérience (du médecin), utilise la même approche que la médecine conventionnelle, mais en s'intéressant à l'ensemble des symptômes du patient, soit dans sa globalité ", décrit le Dr Charles Bentz, président du syndicat national des médecins homéopathes français.

Qu'est-ce que la dilution homéopathique ?

La dilution homéopathique est une des phases qui permet de fabriquer les traitements homéopathiques. Elle consiste à obtenir une concentration de la substance active du médicament inférieure à celle d'origine, par dilution. La substance active présente les mêmes particularités que la maladie contre laquelle elle va lutter. La dilution homéopathique la dilue pour la rendre presque inexistante dans le traitement. L'organisme se confrontant à cette substance diminuée peut la combattre plus efficacement.

  • De manière générale, les dilutions basses (4 ou 5CH) combattent les symptômes locaux (coup, bosses).
  • Les dilutions moyennes (7 à 9CH) soulagent les symptômes généraux (fièvre, courbatures).
  • Les dilutions hautes (15 à 30 CH) s'attaquent aux symptômes anciens chroniques ou aux affections psychologiques.

Quels sont les principes de l'homéopathie ?

L'un des principes fondateurs de l'homéopathie est de soigner en administrant au patient une quantité infime de substances diluées (d'origine végétale, animale, minérale, chimique, humaine ou microbiennes) afin de provoquer des symptômes semblables à ceux de la maladie à soigner. Soigner le mal par le mal, c'est le principe de la similitude. Un autre principe fondateur de l'homéopathie est de prendre en compte le patient dans sa globalité. Le médecin homéopathe choisit le traitement adéquat après avoir bien écouté la personne à soigner, en prenant en compte non seulement ses symptômes, mais aussi son ressenti, son profil ou son "terrain". Ainsi, deux patients présentant les mêmes symptômes n'auront pas forcément le même traitement homéopathique. L'homéopathie répond à trois théorèmes fondateurs :

  • Le principe de similitude : consiste à soigner un mal avec une substance qui provoque les mêmes symptômes que ce mal chez un sujet sain mais en quantité suffisamment minime pour ne pas être toxique.
  • Le principe de dilution : les quantités de molécules actives sont extrêmement diluées, plusieurs centaines de fois.
  • Le principe de globalité : l'individu est considéré dans son ensemble, physique et psychique et non la seule maladie apparente. De même, un traitement n'est pas interchangeable d'un individu à l'autre, même si les symptômes sont les mêmes.

Les remèdes homéopathiques se présentent la plupart du temps sous la forme de granules imbibées de la solution diluée, que l'on doit laisser fondre sous la langue.

D'où vient la controverse ?

De nombreuses controverses existent concernant l'efficacité de cette thérapeutique, mettant en avant que les études scientifiques réalisées sur l'homéopathie ne montraient pas plus d'effet bénéfique qu'un médicament placebo, c'est-à-dire un médicament dépourvu de tout principe actif. Si le principe d'action de l'homéopathie n'est pas encore connu, "les effets biologiques sur les animaux et les humains peuvent être mesurables, en radiologie par exemple, indique le Dr Charles Bentz. Il existe une efficacité objective mise en évidence par le patient, et une amélioration subjective ressentie par celui-ci. De nombreuses études prouvent l'efficacité de l'homéopathie, mais sur de petites cohortes" précise le médecin. L'étude EPI3 a démontré en 2011 que le suivi homéopathique de patients atteints de douleurs musculo-squelettiques permettait de réduire de moitié la prise de médicaments anti-inflammatoires (Ains). D'autres études et travaux menés par des universitaires pourraient apporter plus de preuves à l'avenir. L'homéopathie n'étant pas enseignée dans le cursus des études médicales, -"elle fait l'objet d'une formation complémentaire" précise le docteur - certains médecins la considèrent comme inefficace ou encore la comparent à un placebo, "à tort" déplore l'expert.

Quelles sont les indications de l'homéopathie ?

Cette méthode thérapeutique est souvent indiquée pour les petits maux tels que coups et bosses, rhumes, sinusites, allergies, les états anxieux, le stress. Mais elle peut aller plus loin : pour renforcer le système immunitaire, ou soulager les bouffées de chaleur. Elle peut être utilisée "soit en alternative à la médecine allopathique, soit en complément. L'homéopathie a une efficacité sur toutes les pathologies qui sont réversibles, soit que l'on peut guérir " précise le Dr Bentz. Elle est utile à titre préventif, notamment avant l'hiver ou au moment de reprendre un sport, avant une compétition, des examens… En revanche, elle ne peut pas soigner les cancers et autres maladies graves. Toutefois, elle peut apporter son soutien pour mieux supporter les traitements, ou s'appliquer aux effets secondaires et à la convalescence.

Quelle efficacité ?

Pour l'heure, aucune étude randomisée, à grande échelle, n'a été réalisée pour démontrer l'efficacité de l'homéopathie. La Haute Autorité de santé (HAS) a jugé le service médical rendu par l'homéopathie insuffisant, en juin 2019, et a demandé l'arrêt de son remboursement par l'Assurance maladie, donnant raison à ses détracteurs et alimentant les doutes pour les patients.

L'homéopathie ne devrait pas être utilisée en automédication.

Quels avantages ?

Les avantages de l'homéopathie sont multiples. Elle passe par une prise en compte globale de la personne en s'intéressant à tous ses symptômes, physiques ou psychologiques. Ses traitements sont généralement bien tolérés, sans effets secondaires. Elle peut être utilisée pour des nourrissons et jeunes enfants, n'a pas de contre indications ou de risques d'accoutumance ou de dépendance.

Quelles limites ?

Les remèdes homéopathiques ne peuvent pas remplacer les traitements traditionnels dans les cas de maladies graves. Ils peuvent compléter un traitement, mais ne peuvent pas le remplacer. L'homéopathie ne peut traiter certaines pathologies ou affections comme les infections aiguës mettant en jeu le pronostic vital, les accidents cardiaques, les troubles digestifs graves, les malaises dus au diabète ou à des maladies graves, et toutes les pathologies qui ne sont pas réversibles.

Quels effets secondaires ?

L'homéopathie ne provoque aucun effet secondaire, ni toxicité. "Une réaction d'aggravation passagère –de quelques heures- peut apparaitre au début du traitement, elle montre que le patient réagit ", indique le Dr Bentz. L'homéopathie ne devrait pas être utilisée en automédication : elle reste un traitement à part entière, complexe, qui nécessite la consultation d'un médecin homéopathe.

Comment se déroule une consultation ?

La première consultation dure environ 45 minutes. Le médecin procède à un examen clinique, pour vérifier que le patient ne souffre pas d'une pathologie qui ne relève pas de l'homéopathie. Ensuite, le médecin observe plus particulièrement certaines parties de l'anatomie de son patient : langue, ongles, peau, qui peuvent être révélateurs de dysfonctionnements internes ou tout simplement de son tempérament. S'ensuit un questionnaire détaillé, visant à connaître les symptômes et le contexte de leur apparition, à en déterminer leurs causes et définir le profil homéopathique de la personne. C'est pourquoi, pour de mêmes symptômes, deux patients n'ont pas la même ordonnance.

Quel est le prix d'une consultation ?

Les honoraires pratiqués par les médecins homéopathes dépendent de son secteur d'activité (secteur 1 ou 2).

  • Dans le secteur 1, le tarif conventionné est fixé à 25 euros, la complémentaire santé rembourse la part complémentaire non prise en charge par la sécurité sociale, soit 16,50 euros.
  • Dans le secteur 2, le prix de la consultation est libre et fixé par le médecin. Le dépassement tarifaire n'est pas pris en charge par l'Assurance maladie.

Est-ce remboursé ?

Depuis le 1er janvier 2021, l'homéopathie sur ordonnance n'est plus remboursée par l'Assurance maladie. Certaines mutuelles peuvent accorder un certain remboursement au titre de "médecines douces" ou "alternatives". La consultation chez un médecin homéopathe reste remboursée à 70% du tarif conventionnel, puisqu'il s'agit d'une consultation chez un médecin diplômé.

Qui sont les médecins homéopathes ?

Les homéopathes sont avant tout des médecins. Ce sont donc des médecins spécialisés. Ils ont suivi le même parcours d'études que les généralistes, complété par un enseignement spécifique à l'université ou dans une école spécialisée pour apprendre l'homéopathie.

Merci au Dr Charles Bentz, président du syndicat national des médecins homéopathes français.