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 SAVOIR 
Juillet 2005

"Il faut arrêter la course-poursuite entre surproduction et surconsommation"

Stéphane Lhomme est le porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire", qui regroupe 718 associations. Il nous explique pourquoi il est contre ce projet, d'après lui dangereux et inutile.
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Pourquoi êtes-vous contre le projet ITER ?
Stéphane Lhomme, Porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire" : D'abord parce que c'est une immense arnaque. Contrairement à ce qu'on fait croire au gens, ce réacteur ne va jamais produire d'électricité. La réaction de fusion ne va durer que 400 secondes ! En fait on aura peut-être un résultat dans 150 ans, et encore ce n'est pas sûr. Mais le vrai problème avec ce projet, c'est qu'on envoie un message aux gens sur "une énergie propre, illimitée et sans danger". Comment leur faire comprendre après qu'il faut faire des économies d'énergie et revoir notre mode de vie ? Il faut arrêter cette course-poursuite entre surproduction et surconsommation.

Etes-vous contre toute recherche sur le nucléaire ?
Oui, je pense qu'on a assez investi là-dessus, et il faut maintenant se tourner vers les énergies renouvelables. Nous souhaitons un investissement massif sur l'éolien et l'énergie solaire. Il faut aussi arrêter de penser en terme de production centralisée. Avec une grosse centrale, on est obligé d'avoir un réseau de distribution complexe, et cela peut conduire à des énormes coupures d'approvisionnement, comme en Californie en 2001.

Mais face à la pénurie de pétrole annoncée et au réchauffement climatique, ITER n'est-elle pas la solution future ?
Pas du tout. Il suffit d'ouvrir votre fenêtre en ce moment pour bien voir que malgré toutes nos centrales nucléaires, le temps se réchauffe. Le nucléaire ne représente que 5% de l'énergie produite dans le monde, et c'est donc marginal quant à l'effet de serre. Concernant ITER et la fusion nucléaire, comme je l'ai déjà dit, le projet n'aboutira pas avant 150 ans alors que dans 50 ans, le pétrole sera déjà épuisé. Il faut donc trouver d'autres solutions.

Etes-vous inquiet quant à la sécurité du site de Cadarache ?

Tout à fait. Le prix Nobel de physique 2002, le japonais Masatoshi Koshiba, a lui-même expliqué que ce réacteur nucléaire, qui brûle du tritium, est extrêmement dangereux du point de vue de la sûreté et de la contamination de l'environnement. En cas de rupture du réacteur, il pourrait y avoir des dizaines de milliers de morts. En plus cela va aussi produire des déchets extrêmement radioactifs, qui auront certes une durée de vie moins longue que ceux issus des réacteurs à fission, mais on parle de 40 000 à 50 000 tonnes.

Auriez-vous préféré que ITER soit implanté au Japon ?

Non. Nous sommes contre, à Cadarache comme n'importe où ailleurs. Mais en France, on a en plus déjà un projet sur la fusion nucléaire : le laser Mégajoule, vers Bordeaux. Avait-on vraiment besoin de ce deuxième site de recherche ? A-t-on demandé aux citoyens s'ils voulaient que tout cet argent soit investi là-dedans plutôt que dans les énergies renouvellables ? Tout cela illustre un déficit démocratique de la France.

  Dossier ITER  
 
 Céline Deluzarche, L'Internaute
 
Magazine Savoir
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