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ART ET SCIENCE
 
Janvier 2007

La géométrie du corps humain

Les proportions du corps humain vous semblent assez aléatoires ? Effectivement nous ne sommes pas tous taillés, au millimètre près, de la même façon, mais il est apparemment possible de retrouver des lois universelles liant à la fois la biologie, l'art et les mathématiques.

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Quelle drôle d'idée que d'essayer de retrouver des grandes lois mathématiques afin d'établir un modèle humain "parfait". Pourtant, cette quête s'est poursuivie pendant de nombreux siècles, depuis l'Antiquité jusqu'après la Renaissance. Mais par qui est-elle motivée ? Et bien, d'une part, par les premiers scientifiques qui recherchent les lois régissant la Nature, puis, par ceux convaincus que l'Homme est l'œuvre de la Nature, fait à son image donc parfait. Dès lors, il est possible de mathématiser cette soi-disant perfection. Quelles sont les grands artistes qui ont encouragé cette idée, quels modèles ont-ils établis ? Explications.

 

Etude de proportions du corps humain selon Vitruve, réalisé par Léonar de Vinci autour de 1492, pour illustré l'édition moderne de De Architectura de Vitruve. Photo © DR

Le corps humain défini

C'est le très fameux Léonard de Vinci qui, au milieu du XVème siècle, a rendu cette théorie célèbre avec son dessin intitulé Etude de proportions du corps humain selon Vitruve. Mais attention, il illustre un traité datant du premier siècle avant J.-C., réédité à la Renaissance, avec quelques corrections personnelles, autant dire que l'idée n'est pas nouvelle.

Quel est le message transmis par ce croquis ? Tout simplement que le corps humain est soumis à des lois mathématiques, qu'il peut être perfection, la preuve : il s'inscrit à la fois dans un carré et un cercle, des formes géométriques parfaites.

Ainsi, selon les auteurs, la Nature a conçu le corps humain selon les normes suivantes :
» La tête : sa hauteur correspond à un huitième de la hauteur totale du corps.
» De la base du cou à la racine des cheveux : un sixième de la hauteur totale.
» Du milieu de la poitrine au sommet du crâne : un quart de la hauteur totale.
» La hauteur du visage : divisée en trois tiers, le premier de la base du menton à la base du nez, le deuxième de la base du nez à la ligne de sourcil puis le dernier représenté par le front.

 

Un corps en or ?

En bref, on peut montrer l'organisation géométrique du corps et préciser que tous les membres du corps humain ont des proportions spécifiques. Donc quelle que soit la taille de l'individu, on trouvera toujours les mêmes rapports de longueur.

Le lien avec l'architecture est alors plus facile à envisager. En effet, si le corps humain est si parfait, il paraît naturel de définir les proportions d'un bâtiment en fonction de celles des personnes. Un exemple concret de cette croyance : on a longtemps utilisé le corps comme unité de mesure à travers la coudée, la paumée, etc.

Mais inutile de vous précipiter sur le premier mètre ruban pour vérifier si vous êtes une perle de perfection anatomique ! Il ne s'agit là que d'une théorie élaborée par un Romain, architecte de surcroit, du premier siècle avant notre ère, soit un Romain partisan de l'idée selon laquelle la Nature est parfaite et que l'Homme est obligatoirement à son image.

A la recherche de la perfection

Géométriser la Nature, rechercher les proportions parfaites, cela doit vous rappeler un vieil ami côtoyé en classe de mathématique, le nombre d'or. Ce dernier est appelé phi (la lettre grecque), c'est un nombre dit irrationnel dont la valeur est 1, 618. Il correspond au résultat d'un rapport de proportion parfait. Il est donc bien évidemment facile de le retrouver en géométrie, à travers le rectangle d'or, le triangle d'or, etc.

Il est courant d'admettre que de nombreux artistes, depuis les architectes du Parthénon à Seurat, ont utilisé ce nombre pour composer leurs œuvres, mais rien n'est moins certain. Rechercher ce rapport de proportion parfait, que ce soit pour le corps humain ou pour un temple grec est bien l'œuvre des mathématiciens et ingénieurs qui souvent étaient aussi artistes.

Mais il est bien connu que nous trouvons ce que nous cherchons. Ainsi, si l'on cherche ce rapport dit parfait dans une œuvre, et qu'on le trouve, nous ne devons pas en conclure que l'artiste l'a calculé, cela peut simplement relever du hasard.

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