Comment... fonctionne un vaccin ?

Depuis Pasteur, la vaccination est devenue l'outil indispensable pour éviter la propagation de maladies : rougeole, rubéole... Mais comment le vaccin prévient-il de ces pathologies ?

La vaccination est un processus connu depuis longtemps. Les premiers à l'avoir utilisée sont les Chinois, au XIeme siècle. Ils s'en servaient pour se prémunir de la variole. Pour cela, on mettait sous le nez des personnes à immuniser de la poudre des vésicules de malades infectés : c'était la variolisation. Les scientifiques de l'époque avaient compris que le procédé permettait un allongement de la durée de la vie de la population générale, mais engendrait également le décès de 1 à 2% des personnes saines... La technique, bien qu'efficace, nécessitait d'être mieux comprise. Ce ne sera que plus tard que les mécanismes réels de fonctionnement d'un vaccin seront élucidés. Pour les comprendre, il nous faut revenir sur les fondements de notre système immunitaire.

Une mémoire de l'infection

Notre système immunitaire est le garant de la protection de notre organisme contre les éléments extérieurs. Les cellules chargées de la destruction des bactéries ou des virus libres dans le sang sont les lymphocytes B. Ils sont capables de synthétiser des anticorps, molécules chargées de détruire la cible de manière très précise. Pour cela, ils savent reconnaître des molécules spécifiques à l'agent pathogène : les antigènes.

Une fois cette rencontre effectuée, les lymphocytes B développent une réaction adaptée à la molécule et se divisent alors en deux sous groupes : les effecteurs, qui développent la capacité à produire des anticorps détruisant les éléments étrangers, et les lymphocytes B "mémoire", qui serviront ensuite à la reconnaissance ultérieure en cas de réintroduction d'un pathogène identique dans l'organisme. Un point clef : chaque cellule B n'est capable de reconnaître qu'un seul type d'antigène, et ne pourra donc produire qu'une seule forme d'anticorps spécifique à l'agent infectieux.

Pour résumer, chaque corps étranger pénétrant dans le corps va engendrer une réponse qui sera mémorisée par le système immunitaire : elle lui permettra de déceler plus vite les pathogènes afin de les éliminer avec plus d'efficacité.

Injection du virus

La vaccination se base justement sur cette capacité de mémorisation du corps humain après la pénétration d'un élément étranger. Classiquement, le principe actif d'un vaccin est un antigène particulier, spécifique au type de pathogène dont on veut protéger le corps. Pour cela, on injecte le vaccin contenant l'élément étranger, viral ou bactérien, sous une forme dénuée de toute activité pathogène. Ainsi, il sera inoffensif pour l'organisme en général, mais génèrera tout de même une réaction immunitaire. Cela conduira, comme décrit précédemment, à l'émergence de cellules B mémoires. Ces dernières ont une durée de vie assez conséquente dans l'organisme. Après la vaccination, si le pathogène pénètre dans un organisme immunisé, il sera rapidement reconnu par le système immunitaire via les cellules mémoires. Elles stimuleront les lymphocytes B effecteurs qui vont se mettre très rapidement à produire des anticorps contre le germe étranger. Ainsi, le système immunitaire sera à même de réagir promptement à l'infection car il y aura été préalablement sensibilisé.

Différents types d'antigènes

Il ne faut pas croire que l'on injecte les germes sans préparation. Les antigènes utilisés sont divers et tous ont un pouvoir pathogène limité. Dans le cas des vaccins inactivés, on isole l'agent infectieux pour le forcer à se multiplier en grand nombre. Ensuite, l'ensemble est soumis à des conditions toxiques (chaleur, rayons ultraviolets...) pour qu'ils perdent leur caractère pathologique. Pour les vaccins vivants atténués, les germes sont préparés à des échelles de températures et d'humidité minimisant leur virulence: on les injecte ensuite dans l'organisme, encore actifs mais dont l'efficacité est moindre.

Certains agents engendrent des maladies à causes des toxines qu'ils produisent. Des vaccins, appelés inactivés détoxifiés, sont développés en utilisant comme antigène ces toxines, modifiées pour qu'elles ne soient plus pathogènes.
Pour finir ce tour d'horizon des différents vaccins, les nouveaux sont basés sur des fractions du virus ou de la bactérie. On en récupère des morceaux reconnaissables par le système immunitaire, comme des molécules de l'enveloppe du virus. Ce sont elles qui vont servir d'antigène et être injectées dans l'organisme.

Tout ceci concernait les vaccins "préventifs", visant à éviter une contamination. Dans certaines maladies, on peut parfois utiliser des vaccins dits "thérapeutiques", qui consistent à injecter au patient des antigènes spécifiques afin de lui faire produire des anticorps en plus grande quantité, permettant de mieux contrer l'infection déjà en cours. Cette voie est très étudiée dans la recherche contre le SIDA.

En résumé, les vaccins fonctionnent principalement grâce à la mémoire interne de notre organisme : stimulée par des antigènes rendus inactifs, elle est capable de se rappeler pendant de longues années l'identité du pathogène en cause. Ainsi, le système immunitaire pourra réagir plus rapidement.