Comment on momifiait les corps ?

Les momies des pharaons d'Egypte ne sont plus à présenter. Ce ne sont pas les seules : de l'Amérique latine à l'Egypte en passant par la Chine, la momification est un savoir-faire spécifique qui permet de conserver les corps des défunts durablement et de leur offrir, selon les croyances une seconde vie.

Momie égyptienne datant de II -III ème siècle avant notre ère, exposée au musée du Louvre à Paris. Photo © DR

Des étapes indispensables

Le principal but de la momification est de rendre un corps hermétique aux attaques du vivant qui précipitent habituellement sa destruction. Ce phénomène est soit naturel soit artificiel. Répandu à travers le monde, il est plus connu chez les Egyptiens. Pourtant, les Aztèques, les Incas, les Chinois et mêmes certains moines japonais ( les sokushinbutsu) ont adopté cette pratique.

La première étape fondamentale est d'éviscérer le corps, après lavements. Pour cela, une incision est effectuée sur un des flancs, les intestins et autres organes sont prélevés. Après cette étape, il ne reste plus que l'enveloppe corporelle et les os. Pour éviter la putréfaction, il faut enlever un maximum d'eau. Pour cela des linges imbibés de solution de soude sont placés dans le corps vidé ou plus simplement il est mis à sécher au soleil. Ensuite le corps momifié est protégé pour la conservation par des linges.

Des variantes culturelles fortes

Momies de chats exposées au Bristish Museum de Londres. Photo © DR

Les Egyptiens avaient établi un protocole lourd pour la momification. L'opération durait environ 70 jours. En plus de l'éviscération, ils ôtaient le cerveau. Pour lui redonner une forme pleine, ils le remplissaient ensuite d'un mélange composé de résine de conifère, cire d'abeille et huiles végétales. Le corps était séché puis recouvert de bandelettes de lin. Ce rituel était réservé à la famille royale, ainsi qu'aux notables.

Mais les premières momies connues sont les momies "chinchorros" du Chili. Agées de 7000 ans, la technique de momification est très spécifique. Le corps est éviscéré et le crâne vidé mais l'originalité réside dans l'étape de la reconstitution du corps. En effet, les hommes renforçaient la colonne vertébrale avec des bâtons de bois et enduisaient les os d'argile pour reconstituer les muscles. Une fois la morphologie initiale obtenue, ils recouvraient le corps par la peau séchée. La momie devait davantage ressembler à la personne vivante.

La momification n'est pas réservée aux humains car des animaux sont parfois embaumés. C'est d'ailleurs le cas des chats en Egypte.

Un phénomène naturel

Il existe quelques cas de momifiactions naturelles, elles sont parfois possibles en raison du milieu naturel de conservation. Le plus généralement, on constate une lyophylisation générale du corps, c'est-à-dire un assèchement total. C'est le cas d'Ötzi, le chasseur préhistorique retrouvé dans les Alpes en 1991. Le corps peut-être desséché par le soleil, et les déserts chauds sont souvent de très bons environnements.

Quelle que soit la méthode employée, la momification n'est pas qu'une technique d'embaumement, elle est aussi empreinte d'une conception de la mort particulière et commune à toutes les civilisations qui la pratique, l'idée d'une seconde vie après la mort, voire d'une réincarnation.