Mai 2006
Les ambiguïtés sexuelles
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Tout était pourtant clair : d'un côté les hommes, de l'autre les femmes. Et pourtant, il existe des milliers d'autres cas possibles ! De quoi remettre en cause nos vieilles classifications. |
Si l'on définit le sexe comme une caractéristique déterminant des groupes d'individus
ne pouvant pas se reproduire à l'intérieur de ce groupe, on s'aperçoit que les
exceptions sont nombreuses dans le monde animal et végétal. La plupart des plantes
possèdent ainsi à la fois la fonction mâle et femelle.
Les primevères, par exemple, sont toutes hermaphrodites. Mais elles ne peuvent
pas pour autant se reproduire entre elles ! Car certaines ont les étamines (partie
mâle) en haut et les stigmates (partie femelle) en bas, et chez d'autres c'est
l'inverse. Il existe même un troisième type de fleur avec des étamines à taille
intermédiaire. Les primevères auraient donc trois sexes ! Et que dire du trèfle,
qui compte jusqu'à une centaine de sexes (au sens de la définition précitée).
Mâles et femelles, mais pas forcément Y et X
Chez l'homme, on définit la masculinité par la présence du chromosome Y. Comme
pour la plupart des mammifères, les mâles ont en principe un chromosome X et un
chromosome Y, tandis que les femelles ont deux chromosomes X. Mais ce n'est pas
le cas de tous les animaux. Les tortues et les crocodiles n'ont par exemple pas
de chromosomes sexuels : c'est la température qui détermine si l'oeuf devient
mâle ou femelle.
Une espèce de rat-taupe d'Arménie est même dépourvue de chromosome Y : les
individus n'ont qu'un chromosome sexuel, le X. Ils sont pourtant bien mâles ou
femelles, mais les gènes de la sexualité se situent sur d'autres chromosomes.
Chez les abeilles, c'est le nombre de chromosomes qui détermine le sexe : les
mâles en ont moitié moins.
Les anomalies chromosomiques sexuelles
chez l'homme
Chromosomes sexuels |
Phénotype (caractéristiques visibles) |
Fréquence |
XO (syndrome de Turner) |
Femelle. Développement incomplet des ovaires |
1 fille sur 2500 |
XXX ou XXXX |
Femelle. Généralement aucun symptome |
1 fille sur 500 |
XYY |
Mâle. Généralement aucun symptome |
1 garçon sur 500 |
XXY (syndrome de Klinefelter) |
Mâle. Testicules réduits et développement
des seins |
1 garçon sur 500 |
XXYY ou XXXY (pseudo-Klinefelter) |
Mâle. Testicules réduits et développement
des seins |
Rare |
XX |
Hermaphrodite |
1 individu sur 5000 |
XX |
Mâle |
1 individu sur 20 000 |
XY |
Femelle. Gonades non différentiées |
Rare |
Les intersexués en mal de reconnaissance
Bref, la définition du sexe d'un biologique n'est pas chose facile. Et que
dire des 2% d'enfants qui naissent avec des anomalies chromosomiques ? "Détectés
à la naissance, ils sont le plus souvent opérés de manière à leur assigner l'un
des deux sexes", regrette Joëlle Wiels, directrice de recherche au CNRS. Car ces
interventions chirurgicales ne sont pas anodines, et peuvent entraîner des complications
psychologiques. L'association RIFE (Réseau des Intersexués Francophones d'Europe)
s'indigne elle aussi des "mutilations" subies par les enfants intersexuels. Elle
prône une abolition des sexes, y compris à l'Etat civil.
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