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DOSSIER
 
Mai 2006

Différences biologiques ou psychologiques ?

Versons un instant dans le cliché : pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ? Pourquoi sont-elles plus sensibles, et les hommes plus agressifs ? Est-ce le fruit de l'éducation ou la biologie peut-elle l'expliquer ?

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Evoquer la biologie dans les différences de compétences hommes-femmes attire encore les foudres des féministes du monde entier. En témoigne la malheureuse expérience du président de l'université de Harvard, Lawrence Summer. Ce dernier a du donner sa démission après avoir déclaré que le faible nombre de femmes dans les disciplines scientifiques pouvait s'expliquer par des différences innées.

Pour beaucoup des détracteurs de Summer, cette hypothèse s'apparente à la pseudo-science machiste du 19ème siècle. Mais pour Steven Pinker, un psychologue auteur de livres à succès, la lutte contre la discrimination est non seulement inutile, mais nuisible. Il cite ainsi des femmes incitées à choisir des secteurs qui ne les intéressent pas, ou "des chercheuses arrachées à leur labo parce qu'on a décidé qu'il fallait absolument que des femmes siègent dans les commissions universitaires".

Les hommes et les femmes ont une organisation de leur cerveau différente pour le langage. A gauche, les hommes utilisent le lobe frontal, à droite, les femmes utisent les deux hémisphères. Et pourtant, les deux sexes ont des capacités égales. Photo © Shaywitz et al. Nature

Cerveau masculin versus cerveau féminin

Alors, existe-t-il des explications biologiques valables expliquant les différences de goût et de comportement ? Plusieurs études ont été menées dans ce sens. La psychologue américaine Turhan Canil a ainsi mis en évidence une activation de cerveau plus intense chez la femme à qui on montre des images émotionnelles. Ce qui expliquerait pourquoi les femmes ont une meilleure mémoire des émotions.

Selon le psychologue allemand Markus Hausmann, c'est le fort taux de testostérone qui améliorerait les capacités de l'homme à se représenter l'espace en 3 dimensions, tandis qu'un fort taux d'oestradiol les abaisserait. Les hormones sexuelles agiraient aussi comme modérateur de la douleur : en fonction de leur cycle, les femmes seraient plus ou moins sensibles, tandis que les hommes résisteraient mieux à des douleurs plus intenses et plus étendues. (des facteurs psychologiques entrent toutefois en ligne de compte : le stress, qui accentue la douleur, est plus fréquent chez les femmes).

Les hommes sont-ils plus intelligents ?

Si la moyenne des tests de QI est sensiblement la même chez les garçons et les filles, les garçons sont plus nombreux aux extrêmes. On trouve ainsi plus de garçons qui ont des retards d'apprentissage ou au contraire, qui sont extrêmement doués.

Là encore, certains scientifiques avancent la thèse biologique pour expliquer ce phénomène. Les hommes sont à la fois susceptibles d'avoir une descendance plus nombreuse ou d'être écartés du processus de reproduction. Un fils avec d'excellentes caractéristiques compensera ainsi la médiocrité de ses frères en se reproduisant d'avantage, alors qu'une femme sortant de la norme ne pourra pas transmettre ses performances de façon plus importante.

Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l'Institut Pasteur, conteste vivement ces études. "Le volume, la forme, le mode de fonctionnement du cerveau diffèrent tellement entre individus du même sexe qu'il est impossible de dégager des traits propres à un cerveau masculin ou féminin", explique-t-elle.

D'ailleurs, les neurones sont largement fabriqués par notre histoire personnelle : seuls 10% des connexions sont établies à la naissance. Elle cite la compilation des résultats de tests publié depuis 20 ans, qui montrent une réduction progressive des écarts de performance à mettre en parallèle avec l'intégration accrue des femmes dans la vie sociale et professionnelle.

Quand à la fameuse capacité des hommes à se repérer dans l'espace, il serait favorisé par l'apprentissage… du football. Alors que les filles jouent davantage dans la "sphère privée", à la maison, situation plus propice au langage, dans lequel elles sont plus performantes. Bref, la biologie n'aurait rien à voir là-dedans.

En savoir plus Notre dossier sur La cartographie du cerveau


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