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Un mode de culture économe, c'est aussi ça la chimie verte. Photo © Michelle MC MURRAY - Galerie photo de L'Internaute

Les molécules végétales on l'avantage d'être généralement recyclables, compostables ou biodégradables. Elles sont aussi moins toxiques pour l'homme, et ont un bilan carbone neutre (leur dégradation libère autant de carbone que celui qu'elles ont absorbé par photosynthèse au cours de la vie de la plante).

Les agroressources peuvent fournir les trois grandes catégories de molécules carbonées utilisées en chimie : les carbohydrates, les acides gras, et les protéines. Même si leur transformation est plus complexe que celles issues de la pétrochimie, ces molécules peuvent servir à fabriquer à peu près n'importe quoi.

Selon les estimations du National Research Council, un quart des produits chimiques seront issus des végétaux en 2020 et 90% en 2090. Il reste encore du chemin : en France, aujourd'hui, 97% de l'industrie chimique repose sur les produits dérivés du pétrole.

L'or vert, pas si écolo que ça

Mais il ne suffit pas de produire à partir de la biomasse pour être écologique. D'abord, végétal ne veut pas toujours dire biodégradable. Le chataîgner, par exemple, est un bois imputrescible, très riche en lignine et donc difficile à dégrader. Deuxièmement, "La chimie verte ne se conçoit que dans un bilan global, explique Jean-Claude Guillemin, il faut tenir compte de l'énergie dépensée pour fabriquer ou recycler le produit". 50% du coût du bioéthanol est ainsi lié aux levures qui dégradent la cellulose en sucre.

Le maïs, largement utilisé dans la chimie verte, est particulièrement gourmand en eau et en engrais. On utilise 2 kg de produits phytosanitaires et 120 à 200 kg d'engrais par hectare. Les scientifiques s'attachent donc à développer la "chimie blanche", c'est-à dire des modes de procédés plus économiques et plus naturels.

Un seul territoire, plusieurs cultures

Enfin, il ne faut pas négliger les impacts sur l'agriculture. Ces nouveaux débouchés ne doivent d'une part pas conduire à des monocultures régionales, favorisant le développement de parasites résistants. Il faut aussi veiller à éviter la pollinisation croisée entre les espèces, pour respecter les normes de qualité dans les différentes filières.

Mais surtout, quelle répartition adopter entre l'agroalimentaire et le non-alimentaire ? Avec un kilo de maïs, on peut fabriquer 37 litres d'éthanol, mais aussi 60 kg de viande de porc. En 1993, les surfaces agricoles destinées au non-alimentaire représentaient 4% des terres, en 2001 ce taux était de 6,5%, soit une augmentation de 62,5%. Faut-il continuer à exporter notre production alimentaire ou réorienter la production agricole ? Il s'agit là d'un choix politique difficile.

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