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Un nettoyant entièrement végétal. Photo © Bio-Attitude

Les tensio-actifs entrent dans la composition des produits détergents (liquides vaisselle, nettoyants de surface…), dans la cosmétique, ou la pharmacie.

Ce sont des molécules composées d'une partie hydrophile et d'une partie lipophile et hydrophobe, qui vont se placer aux interfaces pour abaisser la tension de surface Selon leur structure, ils ont un pouvoir émulsionnant, adoucissant, mouillant ou détergent.

La partie hydrophile est le plus souvent un dérivé de l'oxyde d'éthylène, issu du raffinement du pétrole. Dans l'industrie "verte", il est remplacé par un sucre extrait de la paille de blé ou de la betterave. Le groupement lipophile est généralement un alcool de colza, de tournesol, de l'huile de palme, etc.

Du vert dans les pesticides

Depuis quelques années, des tensio-actifs végétaux ont été introduits dans les produits phytosanitaires (pesticides et fongicides). Ce n'est pas pour transformer les champs en bain moussant (!), mais pour améliorer l'efficacité de ces produits. En effet, 80% de l'épandage est "perdu" et se retrouve dans le sol et les rivières. Le tensio-actif optimise la sélectivité du traitement, permet de diminuer les doses, et retient le produit sur la plante en cas de ruissellement. Résultat : une plus faible toxicité pour l'environnement, et des performances améliorées.

Adapter les produits... et les chimistes

La formulation d'un détergent est une affaire très complexe : il faut associer de nombreux produits, et les nouvelles molécules issues du végétal déroutent parfois les chimistes. "Il faut les habituer", explique ainsi Boris Estrine, chef du département chimie et évaluation chez ARD, une PME spécialisée dans l'agro-industrie.

"Certains ont vieux réflexes et on doit leur apprendre à se servir de nos produits, à utiliser les bonnes doses, etc." Les molécules d'origine végétale n'étant pas aussi "pures" que celles de la pétrochimie, leur synthèse est donc moins facile. Mais dans l'ensemble, les gros distributeurs accueillent plutôt bien cette chimie verte, car la pression des consommateurs et de la réglementation se fait de plus en plus pressante.

Un rapport de l'Ademe affirme que 25% des produits tensio-actifs sont d'origine végétale. Un chiffre qui doit être modéré, souligne Boris Estrine: "Un tensio-actif sur lequel on a greffé 90% de molécules pétrochimiques peut être considéré comme d'origine végétale". Ce secteur pourrait néanmoins être une bonne source de diversification de l'agriculture, sachant que pour produire 100 000 tonnes de tensioactifs végétaux, il faut environ 60 000 hectares.

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