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Sujet illustré

Les problèmes liés à l'eau ne sont pas seulement quantitatifs. Sa qualité se dégrade malgré les améliorations de traitement. Selon une étude du Muséum d'Histoire Naturelle publiée l'an dernier, 50 à 75% des eaux françaises seraient dégradées.

Les eaux usées proviennent soit des usages domestiques (essentiellement des matières organiques azotées et des germes fécaux), soit des usages industriels ou agricoles. En plus de matières organiques, azotées ou phosphorées, ces dernières peuvent alors contenir des produits toxiques, des solvants, des métaux lourds, des micropolluants organiques, ou des hydrocarbures. Photo ©

Jean-Claude Lefeuvre, qui a coordonné le rapport, estime même que "le bilan officiel est loin de refléter la réalité, car il ne prend pas en compte les nombreux polluants émergents et les polluants d'origine microbiologique".

Les produits pharmaceutiques, comme les œstrogènes ou les antibiotiques, se retrouvent en effet dans l'eau par le biais des urines et des effluents hospitaliers, et perturbent le développement et la reproduction de la faune aquatique.

Idem pour les phtalates (présents dans les plastiques), les retardateurs de flamme bromés, les dioxines (issues de la combustion) et les micro-algues toxiques. Les huîtres du bassin d'Arcachon sont ainsi régulièrement interdites à la vente, ce qui menace directement la survie des petits ostréiculteurs.

Des économies polluantes

Paradoxalement, les efforts accomplis ces dernières années ont parfois été contre-productifs. Ainsi, en remplaçant les fosses sceptiques par le tout-à-l'égout, on réduit le risque de pollution des nappes phréatiques mais on pollue d'avantage les eaux de surface. Les industries, devenues beaucoup plus économes en eau poussées par des contraintes économiques et écologiques, rejettent du coup des effluents de plus en plus concentrés. "Le recyclage de l'eau enrichit souvent les effluents en polluants difficiles à dégrader" explique Sylvie Fleury, responsable industries à la Saur.

L'eutrophisation touche 54% des rivières d'Asie, 53% en Europe et 48% en Amérique du Nord. Photo © Cemagref / J-M Le Bars

Les rivières asphyxiées

L'eutrophisation, due à un emploi excessif d'engrais est devenue préoccupante. L'azote, le phosphore et les nitrates entraînés par le ruissellement favorisent la prolifération d'algues qui "pompent" tout l'oxygène de l'eau et asphyxient les autres formes de vie.

Aux Etats-Unis, les polluants drainés par le Mississipi ont créé une "zone morte" à son débouché, dans le golfe du Mexique : crevettes et coquillages ont complètement disparu.

Les nappes souterraines sont elles aussi en voie de dégradation, et ce d'autant plus qu'elles sont surexploitées. Les décharges et l'épandage d'engrais favorisent l'infiltration de substances polluantes. D'ici à 2025, les rejets de polluants devraient quadrupler dans le monde. Sans compter que l'eau est parfois "naturellement" polluée : au Bangladesh par exemple, plus de 4 millions de puits seraient contaminés par de l'arsenic provenant des sous-couches géologiques.

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