Le traitement des eaux se décompose en deux étapes bien distinctes avant d'arriver au robinet. L'eau est traitée dans une usine afin d'être rendue potable, puis acheminée jusqu'au consommateur. Les eaux usées sont rejetées dans les égoûts et acheminées jusqu'à une usine d'assainissement, avant de les rejeter dans la nature en respectant des normes environnementales.
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L'eau est d'abord débarrassée des polluants solides
les plus grossiers (dégrillage et dégraissage).
Les matières minérales ou organiques en suspension sont ensuite partiellement
éliminées par décantation dans des immenses bassins.
Un traitement secondaire se charge ensuite d'éliminer les matières polluantes
solubles (carbone, azote, et phosphore).
Un traitement tertiaire (désinfection, réduction des odeurs
) est obligatoire
lorsque les eaux sont rejetées dans des milieux sensibles : eaux de baignade,
zones d'élevage de coquillages
Photo © Veolia
Eau |
L'eau potable sous surveillance
L'eau du robinet provient des rivières ou des nappes souterraines, et elle est
traitée dans des usines complètement indépendantes. Le type de traitement varie
considérablement selon la source.
"Certaines nappes sont presque pures, et
on pourrait boire leur eau en l'état", explique Gilles Boulanger, directeur
du service technique chez la Lyonnaise de eaux. "Mais une contamination lors
de l'acheminement reste possible, c'est pourquoi on est obligé de la chlorer".
Le chlore qui donne un goût désagréable à l'eau, mais qui reste pour l'instant
incontournable. L'ozone ou les ultraviolets ont aussi un puissant pouvoir désinfectant,
mais leur effet, à la différence du chlore, n'est pas persistant tout au long du trajet de l'eau potable dans les canalisations.
Si l'eau est pompée en rivière ou dans des nappes peu profondes, le traitement est généralement plus élaboré. Elle doit
d'abord être débarrassée des germes fécaux, et des matières organiques (nitrates,
pesticides
). Les pesticides sont éliminés soit en faisant passer l'eau sur un
lit de charbon actif, soit en injectant du charbon en poudre puis en la filtrant
à travers du sable. Les nitrates sont éliminés soit par des résines, capables
d'absorber les ions nitrate, soit par voie biologique (bactéries qui transforment
les nitrates en azote). Grâce aux membranes de plus en plus perfectionnées, on
utilise de moins en moins de produits chimiques.
Des égouts au robinet
Mais si, au lieu d'aller chercher l'eau dans une rivière comme la Seine, par exemple, on se servait directement
à la sortie des usines d'assainissement pour une boucle de recyclage complète
? Selon Gilles Boulanger, n'importe quelle pollution peut être éliminée. "Tout
est une question de coût" explique-t-il.
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A Spérone, en Corse, une station d'une capacité de
280 m³/jour prend en charge les effluents domestiques de la résidence touristique.
Les eaux usées subissent une série de traitements avant d'être utilisées pour
l'arrosage du golf de 18 trous proche de la résidence. Photo
© Veolia Eau |
De nombreux projets commencent pourtant à voir le jour. "Aujourd'hui, 20
millions de mètres cubes par jour dans le monde proviennent d'eau recyclée" estime Eric Lesueur, directeur de projet de Veolia Eau en France. Un chiffre qui devrait doubler d'ici
à 2015.
A Barcelone, par exemple, une usine de traitement tertiaire recycle des
eaux usées municipales. Les eaux recyclées servent à la fois à l'irrigation et
à éviter les intrusions d'eau de mer dans les nappes : 2500 mètres cubes d'eau
douce sont ainsi réinjectées chaque jour dans l'aquifère.
Mais si 72% de Français sont en faveur du recyclage des eaux pour l'irrigation
ou l'arrosage, il reste une barrière psychologique pour l'eau domestique. Imaginer
que l'on boit l'eau des toilettes, ça peut faire peur
Et pourtant, l'eau issue
des usines d'assainissement est parfois plus propre que celle des rivières.