Les surfaces absorbent plus ou moins de chaleur
selon leur couleur. Une surface noire absorbe ainsi jusqu'à 90% de l'énergie qu'elle
reçoit. Des chercheurs israéliens ont par exemple mesuré la température de deux
robes de bédouins alors qu'ils étaient en plein désert sous une température
extérieure de 38°C. Résultats : 41°C pour la robe claire et 47°C
pour la robe sombre. Les bédouins risqueraient-ils donc leur vie, sachant qu'une
surchauffe corporelle de plus de 4°C peut être fatale ?
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Malgré la chaleur, les
bédouins préfèrent s'habiller avec des couleurs sombres...
mais des vêtements amples.
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Un milieu instable
Mais le bilan énergétique d'une surface n'est pas si simple
que ça. Car il faut prendre en compte la chaleur ré-émise. Et plus un corps est
sombre, plus il renvoie de chaleur (sous forme de rayonnement dans le domaine
de l'infrarouge). Le blanc, qui reçoit moins de chaleur, en renvoie moins aussi.
C'est d'ailleurs pourquoi les ours polaires sont blancs : au
lieu d'absorber beaucoup de rayonnement solaire pour en perdre aussi beaucoup,
ils préfèrent conserver un maximum de chaleur grâce à leur couleur blanche. Ceci
dit, un mètre carré de tissu blanc n'absorbe que 120 watts par m², soit trois
fois moins que le tissu noir.
La véritable explication de l'habit noir (ou bleu marine) des bédouins réside
dans "l'effet ventilation". Pour maintenir une température constante de 37°C,
l'organisme utilise la transpiration. Il "prélève" ainsi sur le corps la chaleur
supplémentaire pour évaporer l'eau. En pleine chaleur, on peut perdre jusqu'à
½ litre d'eau par heure !
Ce prélèvement de chaleur corporelle produit aussi un effet rafraîchissant,
mais à condition que la chaleur puisse s'évacuer. Il faut donc porter des vêtements
amples, comme les robes des bédouins. Les bédouins s'habillent donc avec une sous-chemise
claire en coton, puis avec une robe foncée par-dessus, qui n'est pas en contact
avec la peau.
Par convection, l'air chauffé par le tissu extérieur aspire par en-dessous de
l'air ambiant plus frais. Bref, l'important n'est donc pas la couleur du vêtement
mais sa forme flottante et bien couvrante
pour ne pas attraper de coups de soleil.
En savoir
plus : lire l'article de Jean-Michel Courty et Edouard Kierlik dans "Le
monde a ses raisons" (éditions Belin - Pour la Science)
EN IMAGES
Les touaregs du Mali par Philipp
Engelhorn |
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