Février
2008 Les
bourgeons éclosent-ils au printemps ?
| Le
printemps est synonyme des beaux jours : soleil, douce chaleur, chant des oiseaux
La nature reprend ses droits après plusieurs semaines de repos forcé. Pourquoi
les bourgeons des arbres éclosent à cette période ? Explications. |
Nous attendons tous
avec impatience la date miracle du 21 mars, premier jour du printemps. Le moral
est au beau fixe, le soleil revient petit à petit, les terrasses et les
jardins se noircissent de monde. L'homme revit après une période
d'hibernation, la nature aussi. Les oiseaux migrateurs reviennent, l'herbe sent
bon la rosée et les arbres laissent apparaître leurs habits de fleurs.
Ce réveil naturel n'est en rien le fruit du hasard.
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| La
dormance se réalise en automne dès le mois d'octobre dans nos régions
temprées. Photo © DR | |
Une période de repos : la dormance A
l'approche de l'hiver, tous les végétaux herbacés des régions
tempérées et froides se préparent à passer le cap
des basses températures et à survivre. Pour éviter le pire,
ils mettent au point tout un processus d'hibernation : la dormance.
Dès
que la température extérieure affiche une baisse et frôle
les 12°C, les espèces végétales ralentissent leurs processus
métaboliques tels que la photosynthèse ou la croissance. La température
n'est pas le seul facteur extérieur responsable de cette dormance. La lumière
a également sa part. Des pigments de la plante, les phytochromes, captent
la lumière et calculent l'augmentation de la période nocturne. Par
ces deux renseignements climatiques, les espèces végétales
entrent dans leur phase de repos ; les feuilles tombent (pour minimiser les dépenses
énergétiques), la sève ne monte plus dans les vaisseaux et
les ébauches foliaires créées au printemps se parent d'une
coque protectrice formée d'écailles : le bourgeon.
Passer
l'hiver à se refaire une santé Malgré cette protection
extrême, les bourgeons ne sont pas à l'abri du gel. En effet, la
sève peut contenir des gaz dissous qui sous l'effet du gel deviennent des
bulles d'air. Au dégel, elles explosent, entravant la bonne circulation
de la sève : c'est l'embolie hivernale.
Pour y remédier,
les bourgeons et plus particulièrement les cellules végétales
favorisent l'appel d'eau et de sucres tels que le saccharose. Cela a pour effet
de générer une pression qui élimine les bulles présentes
dans la sève. En même temps, les bourgeons en profitent pour faire
des réserves en nutriments pour se préparer à l'éclosion
: le débourrement.
Pendant cette période de repos, un renforcement
au froid s'effectue. Au niveau des bourgeons, plus précisément des
écailles, des inhibiteurs de la croissance sont sécrétés
et stockés. Leur rôle ? Protéger le bourgeon et donc les futures
feuilles ou fleurs de la dessiccation et des variations de température.
Le signal du redoux Quels signaux sont émis
aux bourgeons des arbres ou autres végétaux pour éclore ?
Les mêmes que ceux qui ont provoqué la dormance : la température
et la durée de la nuit. Suivant les espèces, une exposition de plusieurs
jours à des températures positives leur permet d'enclencher tout
un processus de relance de circulation de la sève. L'augmentation de la
lumière du jour et la période de redoux, propres au printemps, permettent
le débourrement.
Comment va alors s'effectuer l'éclosion
des bourgeons ? Pour les végétaux arborescents comme la vigne ou
encore le pommier, ils relancent leur poussée racinaire. Ce phénomène
consiste en un apport de nutriments puisés dans le sol comme les sels minéraux.
Cette aspiration au niveau des racines provoque une pression qui se propage dans
les vaisseaux. La sève peut aller à nouveau circuler jusqu'en haut
de l'arbre et alimenter les bourgeons : c'est la montée de la sève.
Mais, cette poussée racinaire ne s'effectue pas chez toutes les espèces
végétales ; d'autres stratégies encore inconnues sont mises
en place pour permettre l'éclosion des bourgeons. Les inhibiteurs endogènes
emmagasinés au niveau des écailles de bourgeons sont petit à
petit éliminés et la croissance des bourgeons peut aller commencer.
Ces
signaux climatiques ne sont pas sans danger pour les bourgeons et donc l'avenir
de l'espèce végétale. Il n'est pas rare d'observer des périodes
de redoux en février. Le débourrement se réalise mais des
phases de gel peuvent se produire juste après et causer de gros dommages
à la plante ou arbre. Ce phénomène se produit de plus en
plus souvent avec le changement climatique.
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