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HISTOIRE(S) DE SCIENCE
 
Février 2007

L'alchimie : science ou imposture ?

Art ésotérique ou véritable science, l'alchimie est-elle réellement l'ancêtre de la chimie ? Prônant la capacité de transformer le plomb en or et même d'offrir la vie éternelle, elle a attiré les escrocs comme les premiers vrais savants fascinés par la matière et ses mutations.

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Dans l'imaginaire collectif, alchimie rime systématiquement avec vie éternelle et richesse infinie, rien que cela. En effet, son histoire est emprunte de récits invérifiés et invérifiables qui ne font qu'entretenir ces légendes. En réalité, l'alchimie est en partie l'ancêtre de la chimie moderne et elle n'a acquis son côté mystique que bien plus tard, notamment sous la plume des écrivains de la Renaissance puis celle des Romantiques.

Des origines incertaines

Difficile de dire à quand remontent les premières pratiques de l'alchimie. Pour certains, elle est très ancienne, environ 4000 ans avant J.-C., ils en perçoivent les premiers signes à travers des dessins effectués sur des céramiques représentant des chimères. Pour d'autres, elle est directement liée aux débuts des âges des métaux. Enfin pour les derniers elle est bien plus tardive et ne serait apparue qu'au début de notre ère. Les premiers traités d'alchimie évoquent largement les différentes manipulations des métaux, la recherche de nouveaux alliages, etc. Comme si l'alchimie rendait compte d'une mythologie universelle de la métallurgie.

Extrait du testament de Nicolas Flamel. En réalité, aucune ligne n'a été rédigée par l'auteur présumé. Photo © DR

De la recherche savante...

L'alchimiste a pour but de transformer un élément chimique en un autre, par une modification du noyau atomique de ce même élément. Cette transformation est appelée une transmutation. Et cela n'est pas utopique, d'ailleurs il existe des transmutations naturelles : l'uranium 238 devient bien du thorium 203 et le potassium 40 de l'argon 40. L'objectif poursuivi par l'alchimie de transformer un élément chimique en un autre est donc réalisable. C'est en cela que l'alchimie est considérée comme une sorte de protochimie. De plus, c'est elle qui est à l'origine de nombreux vocables encore utilisés par la chimie moderne comme la distillation, la précipitation, la réduction, la combustion, etc.

Pourtant, aujourd'hui alchimie rime davantage avec imposture. Alors que le fameux Isaac Newton se considérait lui-même comme un alchimiste, nous ne la percevons souvent que comme une supercherie. D'où lui vient cette réputation ? Comment a-t-elle été dénigrée et par qui ?

...A l'imposture ?

Au XVIIIe siècle, le savant Lavoisier condamne l'alchimie et son absence de rigueur scientifique. Jusqu'à lors, on pensait que les mutations chimiques étaient le résultat de l'intervention de fluides magiques. C'est à ce moment que l'alchimie n'a plus été considérée comme une véritable science. Le doute s'installe donc.

Aujourd'hui, la chimie a prouvé qu'il est impossible de transformer un corps simple, comme le mercure, l'argent etc. en un autre corps simple. La physique, quant à elle, admet la possibilité de transmuter. Toutefois, elle affirme aussi que nous en sommes capables, aujourd'hui seulement, avec nos outils technologiques, au moyen entre autres d'accélérateurs à particules. Quid des transmutations médiévales ?

L'alchimiste le plus connu est sans nul doute Nicolas Flamel qui a vécu au XIVe siècle en France. De son histoire et de ses présumés travaux est née la grande majorité des légendes inhérentes à l'alchimie. Il aurait apparemment réussi à transmuter du mercure en argent, mais surtout il serait parvenu, le 25 avril 1382 exactement, à transformer du mercure en or au moyen de la pierre philosophale. La dite pierre, jetée dans le mercure en fusion aurait en plus du pouvoir de changer un métal vil en or, la capacité de fournir la Panacée, autrement appelée élixir de jouvence, ou plus clairement : la vie éternelle. Bien entendu, aucune trace matérielle de cette découverte n'est préservée et les soi-disant écrits de Flamel sont postérieurs à sa mort, donc faux.

Cette rumeur s'est pourtant diffusée à une vitesse considérable, encouragée par l'envolée flagrante des moyens financiers de Nicolas Flamel, en réalité dus aux biens fonciers de son épouse ainsi qu'à la prospérité de son commerce. Il était libraire et à l'époque le prix d'un livre équivalait pratiquement à celui d'une maison.

EN IMAGES Les plus belles photos de L'auberge Nicolas Flamel
15 photos
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