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HISTOIRE(S) DE SCIENCE
 
Septembre 2006

Quand Pasteur clôturait un débat 2 fois millénaire

Les mouches naissent-elles de la viande ? Les poissons apparaissent-ils à partir de la vase ? Après 2500 ans de débats, Pasteur a tranché la question de la génération spontanée.

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Il a fallu un protocole très rigoureux à Louis Pasteur pour mettre fin au débat autour de la génération spontanée.

"Les insectes, les mollusques, les poissons, et certaines plantes peuvent naître spontanément à partir de vase, de rosée ou de neige." Cette parole, étayée par de nombreux auteurs, fait foi jusqu'au XVIIè siècle. Pourtant, elle a été écrite par Aristote, il y a plus de 2400 ans !

Comment se fait-il que cette théorie n'ait pas été remise en question pendant si longtemps ? Parce que souvent, les savants n'observent pas eux-mêmes : ils se contentent de compiler et de commenter les ouvrages de leurs prédécesseurs. Fidèles aux anciens, ils préfèrent ne pas expérimenter et se fier à leurs écrits. En 1600, on pense donc couramment que les feuilles d'arbre, en tombant au sol, se transforment en oiseaux ; tandis qu'en tombant dans l'eau, elles donnent des poissons.

De l'audace et le débat est lancé

Il faut être audacieux pour expérimenter sur ce sujet. C'est ce que fait Redi, un médecin Italien, en 1668. Il est l'un des premiers à procéder à des expériences témoins. Il montre ainsi que la génération spontanée des insectes n'existe pas. Ses conclusions sont très bien accueillies.

Mais quelques années plus tard, en 1674, on découvre des animalcules, minuscules êtres vivants. L'hypothèse de la génération spontanée reprend aussitôt le dessus : ces microscopiques animaux apparaîtraient de nulle part. D'ailleurs, en 1750, Needham, un abbé anglais, démontre l'existence d'une "force végétative" qui fait naître ces animalcules.

"Devant les querelles des scientifiques, l'Académie de sciences leur demande de trancher et d'en finir une bonne fois pour toutes"

Cependant, son protocole expérimental laisse à désirer : il ne chauffe pas assez l'eau et ne ferme pas ses fioles de manière étanche. L'abbé italien Spallazani refera donc les mêmes expériences en remédiant à ces défaillances et constatera qu'aucune vie n'apparaît dans les flacons. Selon lui, la "force végétative" n'existe pas.

Et en 1765, il publie un ouvrage dans lequel il explique que les animalcules ne naissent pas de rien, mais sont déjà présents à l'état d'œufs, de semences ou de germes. C'est novateur mais cependant, pour de nombreux savants, observer les moucherons est une activité si inutile et méprisable que ces travaux seront ignorés.

2500 ans plus tard, il faut trancher

L'idée de la génération spontanée sera donc encore très ancrée dans les esprits jusqu'au début du XIXe. Jusqu'en 1830 précisément. Car à cette date, on découvre des êtres vivants encore plus minuscules, les "microbes" (levures et bactéries). D'où viennent-ils ? Cet événement relance le débat. Devant les querelles des scientifiques, l'Académie de sciences leur demande de trancher et d'en finir une bonne fois pour toutes.

C'est à ce moment que le chimiste Louis Pasteur entre en scène. A l'aide d'un protocole très rigoureux, il montre qu'aucune culture ne se développe dans un ballon fermé et stérilisé contenant de la matière organique. Bref, que la génération spontanée n'existe pas. Cette prouesse lui vaudra le prix de l'Académie des sciences en 1862.

Pourtant, le chimiste lui-même n'est pas convaincu d'avoir montré que la génération spontanée n'existe pas dans l'absolu car "on ne peut pas prouver par la négative". En effet, à travers le débat sur la génération spontanée des microbes, s'en dessine un autre, toujours en question : il concerne cette fois l'origine de la vie.

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