Dossier
Septembre 2007
La reconnaissance tardive de l'Adn
ADN : l'abréviation la plus fameuse dans le microcosme des sciences du vivant. Trois lettres qui permettent de raccourcir le terme d'Acide DésoxyriboNucléique. Quand on parle d'Adn, on parle de molécules bien spécifiques : une structure en double hélice caractéristique, des molécules géantes qui conservent les informations génétiques propres à chacun.
Une découverte riche en phosphore La folle histoire de l'Adn remonte à quelques années déjà. Tout commence à la fin du XIXe siècle avec le Suisse Friedrich Miescher. En 1869, il s'intéresse au noyau des cellules car depuis quelques années, la rumeur veut que l'information héréditaire y soit enfermée. Il décide donc de travailler à partir de globules blancs, des cellules de choix car elles sont composées d'un gros noyau. A partir d'eux, il parvient à isoler une substance spécifique : la nucléine (ancien nom de l'acide nucléique). Mais pour Miescher, la nucléine n'est rien d'autre qu'une source incroyablement riche en phosphore. L'histoire aurait pu s'arrêter là mais d'autres travaux indépendants sont venus, sans le savoir, en renfort. L'Adn n'aurait pas la même notoriété aujourd'hui sans la découverte des chromosomes et de leur fonction. Toujours à la fin du XIXe siècle, on identifie les chromosomes. En 1903, on pense, grâce à l'Américain Walter S. Sutton, qu'ils portent l'information génétique, ce sont les débuts de la "théorie chromosomique de l'hérédité". La nucléine revient sur le devant de la scène : les chromosomes détiennent l'information héréditaire or, les chromosomes sont constitués entre autres de nucléine. Une piste à suivre ?
Dans l'ombre des protéines Quand on sait ce qu'est l'Adn aujourd'hui, on se demande pourquoi les scientifiques n'ont pas concentré toutes leurs recherches sur l'acide nucléique. Tout simplement parce que les chromosomes sont aussi composés de protéines et qu'à cette époque, elles sont bien plus reconnues. C'est alors que l'acide nucléique est mis de côté pour un temps que les protéines sont exploitées sous tous les angles mais au final, elles ne sont pas les molécules de l'hérédité tant recherchées. L'Adn a joué de malchance au début de sa grande carrière. Supplanté par le charisme des protéines, il est en plus incompris des scientifiques. Aujourd'hui, on sait que c'est une molécule complexe qui possède un lourd poids moléculaire, c'est-à-dire que, dans un noyau de cellule, il est plus présent en masse que d'autres molécules. Mais aux débuts du XXe siècle, il est perçu comme un polymère régulier et monotone : donc incapable de porter seul l'information génétique. Mais la confusion prend fin au milieu du XXe siècle. En 1944, trois chercheurs, O. Avery, C. MacLeod et M. MacCarty démontrent que c'est l'Adn qui détient les informations héréditaires. Toutefois, cette découverte n'a pas l'ampleur qu'elle mérite et la découverte ne marque pas les esprits. En 1952 par contre, A. Hershey et M. Chase prouvent que les gènes sont constitués d'Adn et donc que ces molécules ont bien les garantes de l'hérédité. C'est le début de la "révolution Adn".
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