Pour les autorités de lutte anti-dopage, l'AMA et les Fédérations sportives
en tête, les contrôles sont de plus en plus efficaces et dissuasifs. Jean-Marie
Leblanc directeur du Tour de France, déclarait ainsi après le contrôle positif
de Floyd Landis [en 2006] : "On a envie de se battre. Nous avions dit que nous
avions gagné une bataille, mais pas la guerre. Il va falloir être fou pour continuer
à tricher".
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Le foot : peu de cas de dopage... car peu de contrôles.
Photo © BPI / Panoramic |
Des nouveaux produits indécelables
Et pourtant, la guerre semble bien loin d'être finie. Car modifier un produit
pour le rendre indécelable tout en gardant ses propriétés, ce n'est pas très compliqué.
En 2002, une molécule interdite, la norboléthone, a ainsi été modifiée en 7-dehydro-genabol,
indétectable aux contrôles. Et il existerait 11 autres modifications possibles,
toutes indécelables à moins de faire un test spécifique.
Et c'est là que la faille réside : les tests ne dépistent que des molécules
déjà interdites, dont le profil est connu en chromatographie. Comme certaines
molécules n'ont encore jamais été synthétisées, on ne dispose pas de profil de
référence. Au mieux, on a des soupçons, mais rien qui puisse faire office de preuve
tangible.
"Les contrôles ne servent qu'à labelliser propres les tricheurs", dénonce
Jean-Pierre de Mondenard, médecin et auteur du Dictionnaire du dopage (éditions
Masson).
"Les contrôles ne servent qu'à labelliser propres les tricheurs" |
Car même avec des produits connus, échapper aux contrôles est assez simple
pour les sportifs bien renseignés. Pour l'EPO, par exemple, ils font des cures
et s'arrêtent trois jours avant la compétition [l'EPO n'est plus détectable après
48h]. Et pendant la compétition, ils se contentent d'1/3 de la dose normale, un
taux lui aussi indétectable.
Des progrès malgré tout
Malgré tout, les contrôles font des progrès notables. Aujourd'hui, pendant
les courses cyclistes, 280 molécules sont recherchées dans les urines, sans compter
les tests sur le sérum et les contrôles sanguins. Les tests sur la testostérone,
à laquelle Floyd Landis a été contrôlé positif, sont pratiquement sûrs à 100%.
On ne se contente plus de mesurer le rapport testostérone/épitestostérone (considéré
comme anormal si il est supérieur à six), mais on y ajoute une analyse par spectrométrie
de masse isotopique du carbone, pour détecter l'apport exogène de testostérone.
Cette technique supplémentaire permet en outre une fenêtre de détection plus longue
après la prise du produit.