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La question passionne depuis l'Antiquité. La science face à Dieu, ou aux Dieux, quels qu'ils soient, ne s'est pas toujours posée en ennemie. Ce n'est réellement qu'au Moyen-âge que scientifiques et théologiens donnent de l'ampleur au débat. Retour à des âges où la science est encore la fille de la religion, aux yeux de tous.

 

La théorie des formes de Platon présente, dès le IVe siècle avant J.C. la nature finie de l'Homme. Photo © DR

La Nature comme œuvre divine

Les philosophes grecs de l'Antiquité sont, pour la plupart, également mathématiciens, physiciens... De manière très naturelle, leurs recherches scientifiques sont toujours accompagnées d'une réflexion philosophique plus profonde et plus générale qui vise à définir ce qu'est la science, ce qu'elle étudie réellement et en quoi elle est importante. La vie de ces scientifiques-philosophes est très marquée par une religion polythéiste (plusieurs Dieux) que nous connaissons aujourd'hui à travers les récits écrits de très nombreux mythes. Zeus, Héra, Poséidon, Apollon, Athéna… Ces noms ne vous sont pas étrangers. Ils n'ont jamais séparé la science de la religion.

Ainsi, pour le célèbre Platon (Ve-IVe siècle avant J.C.), la réalité que perçoit l'Homme n'est qu'approximative. Cela signifie que nous ne voyons pas le monde comme il est réellement, soit parfait et immuable, c'est la théorie des formes. Pour illustrer cette théorie, il choisit un exemple très parlant : celui du cercle. Un cercle est constitué de plusieurs points apposés, également distants à un point donné. Bien entendu, nous ne pouvons pas voir tous ces points et n'apercevons seulement que la forme finale : c'est une vision approximative de la réalité. Voilà, entre autres, ce qui sépare l'Homme des Dieux. Cette vision partielle de la réalité est accompagnée de l'idée selon laquelle, la Nature et les corps célestes sont l'œuvre des Dieux.

Pour Aristote, point de théorie des formes. Au contraire. Pour lui, la réalité est perçue par nos sens et non notre raison. Il pense également que des phénomènes de causalité, donc observables et démontrables, sont présents dans la Nature et que tous répondent à une volonté divine. Les écrits d'Aristote constituent la base de la pensée médiévale.

 

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Science et religion médiévales sont indissociables, cela s'observe encore aujourd'hui via l'architecture des cathédrales gothiques. Photo © Patrick Michelet

La science comme instrument de la religion

Nature finie de l'Homme et Nature comme création divine. Les bases sont jetées pour que le débat science-religion s'intensifie au Moyen-âge. Les religions monothéistes, portées par des textes sacrés, conditionnent la vie des croyants d'autant plus qu'elles ont un réel pouvoir politique dans les sociétés médiévales. Dans ce contexte, la science est soit effrayante soit une alliée de choix. La peur de la science apparaît, car elle peut détourner le croyant de sa religion, et du même coup encourager le paganisme. Le Catholicisme comme l'Islam n'envisagent pas la science comme un moyen indépendant d'accéder à la connaissance. De lourds enjeux politiques et économiques se dissimulent derrières les religions qui comprennent rapidement que la science peut devenir un outil intéressant. Mieux vaut donc se la mettre dans la poche, mais pas de n'importe quelle façon. C'est pourquoi, au Moyen-âge, les scientifiques sont des membres du clergé. Un clergé qui seul peut accéder à la lecture.

Etudier l'Univers et la Nature revient à l'époque à étudier Dieu puisque c'est lui qui est à l'origine de toute création. La science est alors un bon moyen pour renforcer la foi, c'est ce que pense St Augustin. Le propos peut aussi être nuancé, via une séparation de la raison et de la foi, ce qui revient à tenter de concilier sciences grecques et textes sacrés. Averroès et St Thomas d'Aquin sont les deux défenseurs de cette philosophie. Mais l'Eglise catholique et l'Islam, au Moyen-âge, ne font aucune concession, et les auteurs, pourtant hommes de foi, sont condamnés de leur vivant et après leur mort, pour leurs écrits jugés immoraux.

Le Moyen-âge est le temps de la fusion de la science et de la religion. Pratiquée le plus souvent par des religieux, son but premier est de légitimer les textes sacrés.

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