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 ESCAPADE 
Novembre 2005

Ouessant la sauvage

Telle une pierre brute jetée à 20 km au large des côtes du Finistère, l'île d'Ouessant émerge dans un écrin d'océan, de vents et de paysages pittoresques.

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Pratique
Localisation : dans le Finistère, en région Bretagne
Y aller :
en avion : aéroport de Brest, liaisons quotidiennes.
en bateau : au départ du Conquet, du Camaret, de Lanildut ou de Brest.
Office du tourisme : Bourg de Lampaul 29242 Ouessant
Tel : 02 98 48 85 83
 

Ce joyau naturel à l'identité culturelle marquée dévoile un patrimoine protégé dont la faune et la flore ravissent les amateurs d'une nature sauvage et intacte.

L'histoire des hommes
Située sur les routes maritimes reliant la Méditerranée aux mers du nord, l'île d'Ouessant est connue depuis l'antiquité. Son histoire est liée à l'Océan, dont les flots poissonneux n'ont pu être exploités faute de port naturel. Dès la fin du XVIIème siècle, la marine de guerre "La Royale" s'établît à Brest et réquisitionna les hommes de l'île. Cet engagement forcé des hommes les éloigna pendant de longues périodes. Les femmes durent s'organiser pour survivre et beaucoup d'entre elles devinrent agricultrices. Les ouessantins furent de tous les combats lors des batailles livrées au XVIIIème siècle contre la flotte anglaise. Sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, ils donnèrent souvent leur vie au "service du roi". Plus tard, ils participèrent à l'aventure coloniale en s'embarquant dans la marine. A la fin du XIXème siècle, la majeure partie des habitants de l'île était soit pêcheur, soit canotier des bateaux de sauvetage de la SNSM mis en service depuis 1865. Monde de pêcheurs tourné vers la mer, l'île n'a jamais subit d'exploitation à grande échelle ni d'urbanisation intensive.

Une nature préservée
Ouessant est une vaste zone naturelle où l'extension de l'habitat reste restreinte et où les interventions de l'homme sont limitées aux secteurs habités. Depuis 1969, l'île est intégrée au parc naturel régional d'Armorique, avant que l'archipel de Molène et l'île d'Ouessant soient classés "réserve de la biosphère de la mer d'Iroise" par l'Unesco en 1988.

Réserve ornithologique très importante, Ouessant abrite en permanence 150 à 200 espèces d'oiseaux et en voit passer plus de 400 lors des migrations. L'île constitue le meilleur site français pour l'observation automnale des oiseaux sibériens et de nombreuses variétés exotiques. Quantités de passereaux nord-américains survolent l'île, comme le pouillot à grands sourcil, le gobe-mouche nain, le bécasseau tacheté, la grive mauvis, le goéland à bec cerclé, le chevalier grivelé, sans compter les millions de rouge-gorge. Le grand Gravelot, la sterne, le pétrel, et le fou de Bassan traversent aussi le ciel d'Ouessant. Certaines familles demeurent une semaine, et d'autres se contentent d'une courte escale. Les hauts des falaises sont fréquentés par le Traquet motteux, le Crave à bec rouge, une espèce en large déclin dans toute l'Europe, dont seule une trentaine de couples se maintiennent sur l'ensemble de la Bretagne.

Les fonds marins comprennent quelques spécimens d'orques, de grands cachalots et des groupes de dauphins. De temps en temps, une tortue-luth s'aventure autour de l'île. Une colonie de phoques gris habite dans les îlots déserts et sauvages. Elle est peu importante mais se reproduit suffisamment pour subsister. La flore marine présente aussi une grande diversité, avec une variété de peuplements d'algues, les laminaires, que l'on découvre lors des basses marées et, sur les rochers, une petite algue moissonnée en été, la pioca, utilisée dans l'industrie alimentaire.

S'adaptant aux rudes conditions climatiques de l'île, la végétation s'installe à même la roche, comme les lichens noirs, gris ou orangés, ou entre les fissures des blocs rocheux, telles que la criste marine ou la cochléaire. Le sommet des falaises est garni d'une pelouse rase (le silène maritime blanc, l'armérie rose, la scille bleue), ainsi que de quelques plantes rares, comme la Centaurée maritime, l'Ophioglosse du Portugual, ou l'Isoete, une petite fougère primitive protégée à l'échelle nationale. Ces endroits se révèlent très fragiles. Soumise aux vents violents, aux embruns, la couche de terre réduite est très vulnérable au piétinement. En s'éloignant des falaises, quelques zones humides sur un sol tourbeux présentent des roseaux et une grande fougère protégée, l'osmonde royale.

Pour être encadré dans la visite de ce parc naturel, le Centre d'étude du Milieu d'Ouessant accueille toute l'année les observateurs amateurs et les scientifiques. Situé près du phare du Creac'h depuis 1984, il organise des séjours de découverte. Pour observer les oiseaux, mi-octobre et avril constituent les meilleures périodes de visite.

Découvrir Ouessant

Entourée de brume, de récifs et de courants violents, l'île est séparée du continent par la profonde faille du Fromveur, dont le nom signifie "grande frayeur". Cette dernière abrite un courant très violent. L'archipel d'Ouessant comprend six autres îles principales, Beniguet, Quéménès, Trielen, Molène, Balanec et Banec, ainsi que de nombreux îlots à peine émergés et des centaines d'écueils qui rendent la navigation extrêmement dangereuse. Seules Ouessant et Molène sont habitées.

Sur Ouessant, Lampaul est la seule agglomération de quelque importance, possédant un port. Sa baie est abritée au creux d'une dépression qui tient les bateaux dans une paix relative.

Différents sites offrent de belles vues panoramiques. A l'extrémité ouest de l'île, la pointe de Pern se prolonge dans l'océan par des rochers et des récifs sur lesquels vient écumer la houle, tandis qu'à l'est, à Cadoran, certains privilégiés auront peut-être la chance de voir le phoque gris se manifester. L'île privée de Keller peut être aperçue au nord de l'île et la baie de Penn ar Roc'h, au sud, dévoile le spectaculaire passage du Fromveur. Ces points d'observation comprennent aussi de nombreux phares. Le phare de la Jument se dresse en pleine mer, celui de Kereon est situé dans le passage du Fomveur, tandis que celui du Creac'h marque la coupure entre la Manche et l'Atlantique et balise une des routes maritimes les plus fréquentées de l'Atlantique. Identifiable par sa tour de 55 mètres de haut, c'est un des phares les plus puissants au monde.

Parmi les lieux à visiter sur Ouessant, on trouve la chapelle de Notre Dame de Bonne Espérance, ainsi que dix huit croix et calvaires, dont certains s'inscrivent encore de nos jours dans le passage des processions. L'Eglise de Saint Pol Aurélien est un édifice dédié au premier évangélisateur d'Ouessant venu sur l'île en 517. De l'ancienne église, seules quelques statues ont été conservées, une Sainte Barbe du XVIème siècle, un Christ du XVIIème sont placés au fond de l'église, derrière l'autel.

Installée en juillet 1968, la Maison du Niou, premier écomusée à avoir été créé en France, présente et relate, dans deux bâtisses traditionnelles, la vie d'Ouessant au XIXème siècle. L'habitat s'est adapté de manière remarquable aux conditions climatiques. Les maisons tournent résolument le dos au nord et offrent une faible prise au vent. Solides, elles sont construites avec des murs épais montés en pierres de granite jointes à la terre argileuse, et présentent des ouvertures de taille réduite.

Installé dans l'ancienne salle des machines de la centrale électrique du phare du Creac'h, le musée des phares et balises retrace l'histoire des phares et de la signalisation maritime. Il présente une collection unique de fanaux, balises, optiques, bouées, qui permet de saisir l'évolution technologique de la signalisation maritime depuis un appareil dioptrique, ancêtre de tous les phares modernes, jusqu'à des machines plus contemporaines. Maquettes illustrant la construction de phares en mer, plans, objets provenant d'épaves fouillées au large d'Ouessant, supports audiovisuels évoquant les conditions de vie des gardiens de phares, permettent d'appréhender de façon globale le patrimoine maritime.

EN IMAGES Les plus belles photos de Ouessant
 
 Elodie ROTHAN, L'InternauteWeek End
 
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