Rentrée littéraire 2007



Au-delà de l'humain

» Titre : Le cimetière des poupées

» Auteur : Mazarine Pingeot

» 
Editeur : Julliard (16 août 2007)

» 
Genre : Roman

» 
Public :

Aux adultes qui n'ont pas froid aux yeux.

» Résumé :

Depuis une cellule de prison, dans une longue lettre adressée à son mari, une femme essaie de raconter, peu à peu, mot après mot, souvenir après souvenir, comment elle en est venue à tuer son troisième enfant à la naissance. Elle écrit à son mari certes, mais c'est surtout pour elle-même qu'elle cherche les origines de sa monstruosité et semble les trouver dès son enfance, mais aussi auprès de lui, son mari, qui fut et reste son grand amour, le seul.

» L'avis de la rédaction :

"Il paraît que je dois écrire. On attend une vérité, ma vérité". C'est par ces mots simples que Mazarine Pingeot nous accueille dans son roman. Alors oui, bien sûr, le lecteur sait que l'auteur n'est pas le narrateur, que le narrateur est une femme en prison pour le meurtre de son enfant. Il sait plus d'ailleurs, que le narrateur n'est pas Véronique Courjault, attention à ne pas confondre, il le sait parce que l'auteur a pris soin de lui préciser. Dans le roman ? Non, dans des interviews où elle s'étonne qu'on lui demande : "Mais le narrateur, ne serait-ce pas un peu vous ? Ne serait-ce pas aussi un peu Madame Courjault ?" Et aux deux questions, obstinée, sûre d'elle-même, elle répond non, qu'il ne faut pas tout confondre. Alors le lecteur en revient à cette phrase : "Il paraît que je dois écrire" et a envie de lui répondre que non, elle n'y est pas obligée, que cela doit venir d'elle, qu'elle ne doit pas se forcer. A force de ne pas choisir, de ne pas s'engager, elle n'a pas su donner vie à son narrateur : Mazarine Courjault n'existe pas, on ne s'attache pas à elle, pas plus qu'on ne s'en dégoûte. Elle devait dire sa vérité, mais justement, le texte sonne faux : la révolte des détenues, la jalousie du mari, l'enfermement… L'infanticide paraît loin, une idée abstraite à laquelle Mazarine Pingeot n'offre pas de corps. C'est d'autant plus regrettable que les passages les plus réussis sont ceux où elle semble fendre la carapace pour parler d'elle, ou plutôt utiliser ce qu'elle a pu vivre et ressentir au profit de son sujet, pour nourrir son personnage, romancer enfin.

»
Passages marquants du livre :

"Je l'avais bien au chaud, à mes côtés, si chaud qu'il gelait. Il était aussi froid que mon ventre, mon ventre qui garde d'habitude, parce qu'il doit avoir ce système de réfrigération, froid, froid à l'intérieur, si bien que les larmes ne coulent jamais, congelées avant de sortir." (p.16)

"Ils essayent de m'approcher, les journalistes, ils écrivent sur moi, je les embarrasse, je les fascine, je suis leur objet, de sujet il n'y en a plus, un sujet capable de tels actes, il ne peut pas en exister, je suis un déni de sujet, chosifiée, enfermée dans des portraits, prisonnière des conjectures. Je ne lis pas tout ça, j'attends des lettres qui ne viennent pas, mais il est trop tard pour m'intéresser à l'intérêt que je peux susciter, il est venu trop tard, de la part d'étrangers, de gens que je ne connais". (p.115)

"Je suis habituée, toute ma vie j‘ai été constipée. Ma mère qui lisait Freud a tout de suite compris que je refusais de donner. De lui donner. Déjà elle avait décelé en moi cette incapacité à offrir, gratuitement, à faire passer l'autre avant moi". (p.14)

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