SORTIE
01/12/2006
Le délire architectural du facteur Cheval
Unique exemple architectural de l'art naïf au monde, uvre digne de Gaudí, tout droit sortie des tableaux de Dali ou de Gustave Moreau, le Palais Idéal du facteur Cheval est un monument des plus insolites. Château, labyrinthe, grotte ou paysage sous-marin, chacun y verra ce qu'il voudra. En arrivant à Hauterives, il est difficile de se figurer que cet imposant bâtiment, aux façades richement décorées et mesurant plus de 26 mètres de longueur et 12 mètres de hauteur est l'uvre d'un seul homme. A l'origine, une chuteFils de paysan, boulanger en Algérie devenu facteur à Hauterives, Ferdinand Cheval effectue pendant dix ans des tournées couvrant jusqu'à 32 kilomètres, empruntant des chemins escarpés. Un jour d'avril 1879, il tombe à cause d'une pierre. Examinant de plus prés le caillou, il est saisi par son aspect biscornu et le conserve dans sa poche. Emerveillé par l'étrange beauté des pierres qu'il croise sur son chemin, le facteur commence une collection, sortant régulièrement sa brouette pour pouvoir transporter sa collecte.
Tel Proust trébuchant sur son pavé, la chute lui impulsa un élan de création. Mariées avec du ciment, les roches collectées deviennent des sculptures d'animaux. Un bassin et une cascade voient le jour. Petit à petit, d'autres éléments architecturaux s'y accolent : grotte, labyrinthe, calvaire, escaliers, galeries, niches statues et tours grossissent l'imposant bâtiment. Des coquilles de mollusques et d'huîtres ainsi que 600 m² de pierres ont été acheminées, moulées et sculptées pour former le sanctuaire. Un hymne à la nature et aux croyances humaines
"Temple de la nature"... c'est ainsi que le facteur Cheval avait conçu à l'origine son édifice. Commençant par la construction d'une fontaine, il crée tout un bestiaire peuplé d'animaux fantastiques et de plantes surprenantes. Chaque nouvelle création étant nommée, cette "source de vie" se voit rejointe par une "source de la sagesse". Un palais testamentaire
Pour faire de son uvre un témoignage pour les générations futures, il a gravé de nombreuses phrases sur les murs, prenant parfois le visiteur à parti. Ainsi peut-on y lire "tout ce que tu vois, passant est l'uvre d'un paysan", "à cur vaillant, rien d'impossible" ou encore "plus opiniâtre que moi se mette à l'ouvrage". "10 000 journées, 93 000 heures, 33 ans d'épreuves" ont été nécessaires à la construction du palais. Parfois même, le facteur travaillait de nuit, à la lueur d'une lampe à huile. Pourtant, jamais Ferdinand Cheval n'y sera inhumé. Désespéré par cette interdiction, l'homme arrête son uvre en 1912 pour se consacrer à la construction d'un autre monument, cette fois au cimetière de la commune. Le "Tombeau du silence et du repos sans fin" a été édifié en huit ans. Son créateur y repose et attire les curieux venus rendre hommage à cet homme de génie. Dossier : 11 lieux étranges touchés par l'art
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