Attention, ils sont partout ! Ils épient,
ils observent, ils se moquent, ils méditent,
ils se méfient
Parfois effrayants, drôles ou
énigmatiques, les masques intriguent depuis
toujours. Que peuvent-ils bien dissimuler ?
Nul ne le sait mais dans tous les cas, ils subjuguent
tous ceux qu'ils croisent. Qu'ils soient de
Chine, d'Iran, du Tibet, du Mexique ou du Niger,
ils se sont donné rendez-vous jusqu'au 28 août
au musée Jacquemart André. Une soixantaine de
pièces rarissimes provenant de la collection
des musées Barbier-Mueller de Genève et de Barcelone
est réunie pour la première fois dans les six
salles de cet hôtel particulier pour une exposition
inédite intitulée "L'Homme et ses masques".
Un voyage multi-ethnique
Le masque se décline sous toutes les formes
et dans tous les genres. Il retrace l'évolution
d'un art qui a su, au fil des siècles, s'adapter
aux mutations de la société. Des pièces
de découvreurs de l'art africain comme Lhote
ou Tzara se mélangent avec des masques inédits
comme ceux de la République Démocratique du
Congo ou des icônes jusqu'alors uniquement dévoilées
dans des ouvrages d'art. Ces masques inventés
par l'homme pour dissimuler le visage d'acteurs,
de magiciens, de prêtres et même servir de face
aux statues sacrées proviennent des 5 continents.
Les
masques africains sont présents au côté de ceux
moins connus des Inuits, d'Himalaya ou de Suisse.
Mais loin de vouloir regrouper ces " faux visages
"par époque ou par nationalité, cette exposition
a préféré les présenter en familles d'expressions
: les protecteurs, les furieux, les goguenards,
les énigmatiques, les méditatifs, les compatissants
ou encore les spiritueux. Ainsi, un large panel
de masques se dévoile sous les yeux surpris
voire admiratifs des visiteurs.
La face cachée des masques
Il ne faut donc pas s'étonner de voir un casque
de gardien de but de hockey américain de
1960 en fibre de verre côtoyer une tête funéraire
égyptienne en bois datant de l'antiquité tardive.
Le choix des accrochages a été voulu ainsi. Ce
n'est pas tant la dimension anthropologique des
masques que cette exposition a souhaité mettre
en exergue mais plus l'aspect poétique qu'ils
peuvent dissimuler. Sous les fronts plissés, les
sourcils relevés ou froncés, les yeux en amande
ou ronds, les nez aplatis ou crochus, la bouche
ouverte ou fermée, se cachent en effet des sentiments
traversant l'humanité depuis des siècles. Pour
cela, Michel Butor, l'écrivain et poète, a rédigé
des poèmes qui servent de fil conducteur à cette
exposition. Chaque masque s'exprime en vers. L'objectif
est de mettre en valeur toute la richesse et la
symbolique de ces "faux visages" en créant un
dialogue intuitif entre l'objet chargé de sens
et la poésie des mots.
Grâce
à son ampleur et à sa variété, cette exposition
offre un parcours à la fois thématique et esthétique.
Petits et grands embarquent pour un voyage à la
découverte de 5 000 ans d'histoire et de civilisations
aux rites parfois bien étranges.
Masque facial. Ancienne collection Charles Ratton (depuis 1930) ; acquis par Josef Mueller avant 1939 © Musée Barbier-Mueller.
Photo studio Ferrazzini-Bouchet, Genève.
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