Jamie Oliver : le cuisinier anti-malbouffe se lance dans les produits surgelés

Jamie Oliver : le cuisinier anti-malbouffe se lance dans les produits surgelés Jamie Oliver, le cuisinier star, défenseur d'une gastronomie à base de produits frais a décidé de s'associer avec le géant brésilien de l'agroalimentaire, Sadia, pour produire des plats préparés surgelés.

[Mis à jour le 28 juillet 2016 à 23h51] Jamie Oliver, le Cyril Lignac britannique, fait polémique chez les amateurs de gastronomie saine et équilibrée. Ce gourmet, superstar de la cuisine à la télévision et véritable pourfendeur de la malbouffe s'est associé au géant brésilien de l'agroalimentaire, Sadia, pour produire une gamme de plats surgelés. Un accroc à l'image de celui qui s'est fait connaître en militant pour des repas plus sains et diversifiés dans les cantines du Royaume-Uni et une "Food Revolution" mondiale basée sur un credo simple : on peut manger bien, avec des produits frais, pour pas cher.

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The Telegraph rapporte que cette décision a fait de nombreux déçus. Elisabetta Recine, coordinatrice de l'Observatoire de la sécurité alimentaire et des politiques nutritionnelles brésilien, parle ainsi d'un accord "regrettable", estimant que "Jamie Oliver ne rendra pas Sadia meilleur, mais Sadia va rendre Jamie Oliver pire." En effet, "c'est un personnage public, qui a construit son image sur les produits locaux, la cuisine maison et les produits frais. Sadia est une chaîne liée à la production intensive. Il a trahi le récit qu'il a construit." Même constat chez les défenseurs de la cause animale : la Société végétarienne brésilienne a interpellé le cuisinier en lui demandant de revenir sur son choix. "Jamie Oliver, vous décevez le monde", lance-t-elle dans un communiqué. "Nous espérons que vous aurez le bon sens de revenir en arrière tant que vous le pouvez encore."

Si la décision de Jamie Oliver surprend, c'est qu'elle ne correspond pas à son mantra sur les produits frais et que son nouveau partenaire, Sadia, est loin d'incarner la "bonne bouffe". La société brésilienne est en effet le 2e producteur mondial de poulets, élevant de façon intensive près de 20% de la volaille vendue dans le monde. Mais à écouter Jamie Oliver, cette collaboration est l'occasion parfaite de changer les choses de l'intérieur, de convertir un géant de l'agroalimentaire à la "Food Revolution" : "Il y a deux ou trois ans, je ne me serais sans doute pas associé à une entreprise comme celle-là. Mais, si nous voulons un grand changement, nous avons besoin de grandes entreprises. J'ai peut-être tort. Mais je préfère essayer", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Pour moi, être à l'intérieur de cette machine, une entreprise qui est responsable de 18% de la production de poulet dans le monde, est quelque chose de positif." Jamie Oliver compte en effet améliorer la qualité des produits surgelés et les conditions de production chez Sadia. L'entreprise brésilienne profite, elle, de cette association pour bénéficier de la bonne image du chef et vanter le programme éducatif qui accompagne un accord pour lequel l'entreprise a déboursé plus de 13 millions d'euros.