RESTAURANT
08/07/2006
Planète gastronomique
Restauration et mondialisation
Initié en 2002, le palmarès de "The World's 50 Best Restaurants Academy" fait de plus en plus autorité dans le cercle fermé des critiques gastronomiques. A l'heure de la mondialisation des échanges commerciaux et culturels, la France, en gastronomie comme ailleurs, ne peut plus se réclamer seule juge du bon goût ou référence incontestable. Marc Veyrat nous avait prévenu et avait fait scandale, il y a quelques années, en déclarant que les véritables créateurs résidaient désormais en Espagne. Les résultats parus le 10 avril dernier n'ont en effet pas étonné les gastronomes avertis.
L'Espagne arrive en tête du classement avec six lauréats, dont le fameux El Bulli qui obtient la première place. L'Arzak à San Sebastian, tenu par Juan Mari Arzak, et le Mugaritz d'Andoni Aduriz, obtiennent respectivement la neuvième et la dixième place. Depuis bientôt dix ans, la gastronomie espagnole prospère tandis que celle de l'hexagone semble quitter son piédestal. On reproche principalement aux restaurants français de prendre des allures de musées tandis que de véritables laboratoires gastronomiques voient le jour à l'étranger. Récémment, le New-York Times titrait : "L'Espagne décolle, la France stagne" ("Spain rising, France resting").
Vers les gastronomies de demain
De nombreux chefs comme Thomas Keller de The French Laundry en Californie (4ème) et du Per Se à New-York (8ème) ou Tetsuya Wakuda du Tetsuya à Sidney (5ème) continuent néanmoins à se réclamer de techniques culinaires acquises en France auprès de grands restaurateurs. Délestés du poids des traditions, ils arrivent à tirer le meilleur parti de leurs enseignements tout en gardant la liberté nécessaire à la création. Loin de l'uniformisation du goût tant redoutée, ces cuisiniers du monde subliment leurs héritages sans en être prisonniers.
La France compte quand même deux restaurants au classement : celui de Pierre Gagnaire à Paris et celui de Michel Bras à Laguiole. Alain Ducasse est également récompensé pour son travail au Louis XV de Monaco. La cuisine française a donc encore de beaux jours devant elle. Surtout si l'ouverture d'esprit des chefs, les mène, loin de tout régionalisme, à faire progresser la cuisine en collaboration avec leurs collègues du monde entier.
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