"A bas l'arbitre", le livre noir de l'arbitrage

Dans "A bas l'arbitre" (Editions du Rocher, janvier 2009), Bruno Derrien relate toutes les affaires qui l'ont marqué, sur et en dehors du terrain. Il évoque notamment les guerres de clans qui paralysent le corps arbitral français.

Question de lecteur : Dans "A bas l'arbitre", vous semblez distribuer les bons et les mauvais points. Ça ressemble à un règlement de compte, non ?

Bruno Derrien : Le problème n'est pas de savoir si je suis aigri ou pas, mais de savoir si les informations divulguées dans ce livre sont vraies ou pas. J'ai pris un réel plaisir à être arbitre mais il vrai que je suis triste de ma fin de carrière. Ce livre est un peu, pour moi, une thérapie. De plus, je n'ai pas attendu d'être sorti du système pour donner des mauvais ou bons points. J'ai alerté les instances du football comme certains de mes collègues, en 2003 et en 2005, pour leur dire qu'on allait dans le mur.

Pensez-vous que votre livre peut faire changer les choses ? Ou l'avez-vous écrit pour vous soulager ?

Un peu des deux à vrai dire. Il fallait vraiment un jour briser l'omerta qui règne dans l'arbitrage et évoquer les coulisses de ce milieu trop refermé sur lui-même. J'espère aussi donner un coup de pied dans la fourmilière pour sortir l'arbitrage de l'ornière dans lequel il se trouve. Et je suis, bien sûr, disponible avec d'autres collègues actuellement en dehors du circuit (les plus grands arbitres comme Colombo, Sars, Veissière, Quiniou) pour donner un coup de main.

Certains de vos anciens collègues doivent vous maudire. Avez-vous gardé des amis dans ce milieu ?

bruno derrien lors du chat.
Bruno Derrien lors du chat. © L'Internaute Magazine / Cécile Debise

Oui, et notamment les anciens. J'ai d'ailleurs reçu plusieurs appels ces derniers jours pour me féliciter, me dire que j'étais courageux. Cela venait d'arbitres encore en activité mais qui souhaitent garder l'anonymat, de peur de représailles...

Je n'ai pas fait que donner des cartons rouges dans ce livre, j'ai également salué le courage de Julian Grelot qui est à la tête d'un collectif des rétrogradés. Ils demandent leur réintégration après la pitoyable affaire du piratage du système informatique des notes des arbitres*, commis par une vingtaine de collègues. J'ai également écrit qu'il y avait des arbitres prometteurs comme Endjimi, Gautier, Turpin.

* Explications : Des arbitres ont piraté le système informatique de la Fédération française de football pour connaître leurs notes ou celles de leurs confrères. S'ils voyaient que leur moyenne à l'année était élevée, ils pouvaient déclarer forfait pour les derniers matchs de la saison et ainsi conserver une bonne note.