Voyage à Cuba : quels sont les pièges à éviter ?

Voyage à Cuba : quels sont les pièges à éviter ? Si Cuba fait rêver, la réalité sur place peut réserver des surprises. Une réservation d'hôtel ou de voiture qui tombe à l'eau, de gros retards sur les vols… Suivez les conseils de Frédéric d'Hauthuille, du tour-opérateur Monde Authentique.

Sur le papier, Cuba a tout pour plaire. Et depuis la normalisation des relations entre l'île des Caraïbes et les puissances occidentales, le tourisme explose. Traverser  la vieille ville de La Havane en voiture américaine, plonger dans l'atmosphère coloniale de Trinidad ou dans les eaux turquoise des plages de Varadero… Le rêve cubain n'a jamais été aussi partagé. Avant de sauter le pas, sachez que certaines spécialités locales peuvent être déroutantes. Alors, quels sont les pièges à éviter pour profiter pleinement du voyage ? Les réponses avec Frédéric d'Hauthuille, fondateur et directeur de Monde Authentique, un tour-opérateur qui propose notamment des voyages sur mesure à Cuba.

Linternaute.com : Pour un voyage à Cuba, y a-t-il une période à éviter absolument ?

Frédéric d'Hauthuille, fondateur et directeur de Monde Authentique : Oui, il faut vraiment éviter le mois de septembre car on peut s'attendre à avoir des cyclones sur cette période. Il faut comprendre que c'est toujours la haute saison à Cuba car l'offre est largement inférieure à la demande. Cependant, l'été européen est une saison plus humide à Cuba et les tarifs peuvent être légèrement inférieurs.

Niveau formalités, y a-t-il des impératifs propres à Cuba ?
Avant de partir, il faut bien penser à prendre sa carte de tourisme. Sans ce document obligatoire, vous serez refoulé à l'aéroport. Les cartes sont délivrées contre paiement, et pour un séjour de 30 jours maximum, par le consulat de Cuba à Paris. Sachez qu'en général, la file d'attente est assez longue… Si vous passez par une agence de voyages, celle-ci est obligée de vous donner la carte touristique.

Que doit-on savoir avant de choisir son hébergement ?
Tout d'abord, le rapport qualité-prix n'est pas excellent. Concernant les hôtels, la qualité laisse très largement à désirer, beaucoup sont mal entretenus. Il faut bien se rappeler que le pays est toujours sous embargo américain même s'il s'assouplit un petit peu… Côté prix, il faut compter entre 150 et 200 dollars par chambre, avec les petits-déjeuners. Mais en province, il y a plein d'endroits où il n'y a pas d'hôtels. Si vous voulez sortir de La Havane et de Varadero, l'hébergement chez l'habitant est incontournable à Cuba.

Un homme devant sa maison de Viñales, à Cuba. © Felix Lipov-123RF

A quoi doit-on s'attendre avec ce type d'hébergement chez l'habitant ?
Il n'y a pas vraiment de normes qui se rapprocheraient de celles des  Gîtes de France. Il faut faire avec la réalité du terrain. Dans la Vieille Havane par exemple, il y a beaucoup de chambres qui n'ont pas de fenêtres. Par ailleurs, il est difficile d'avoir quelque chose de bon goût, la décoration c'est un peu "chez mémé avec les fleurs en plastique". Mais les prix sont moins élevés chez l'habitant, à 50-60 dollars par nuit, 80 dollars à La Havane. En clair, il ne faut pas s'attendre à un voyage haut de gamme à Cuba, en dehors de quelques maisons coloniales très spécifiques dans des grandes villes, qui sont très chères pour le coup. Enfin, il peut y avoir des coupures d'eau et d'électricité.

On entend souvent parler de surbooking à Cuba, c'est-à-dire que les hôtels par exemple commercialiseraient plus de chambres qu'ils n'en ont… Est-ce une réalité ?
Oui, c'est même "le" risque à prendre en considération. Le surbooking est pratiqué partout, que ce soit dans les hôtels, dans les hébergements chez l'habitant et surtout chez les loueurs de voiture. Même si la voiture a été prépayée, il arrive très fréquemment que le voyageur arrive et se voit annoncer par le loueur qu'il n'a pas de voiture à lui confier pour telle ou telle raison, laissant le touriste sur le carreau. De la même façon, pour les hôtels, nul n'est à l'abri d'un délogement. On peut parfois vous proposer une solution de relogement, mais ça dépend de l'humeur et du moment. L'idéal à Cuba est donc d'avoir quelqu'un de confiance sur place capable de faire l'interface avec les loueurs et les hébergeurs. Sinon, mieux vaut être débrouillard et parler espagnol.

Louer une voiture reste malgré tout la meilleure solution pour se déplacer dans l'île ?
Oui, mais attention, les GPS sont interdits à Cuba et les panneaux de signalisation sont peu nombreux. Les routes sont plutôt en bon état, surtout à l'ouest, tandis que c'est plus compliqué sur les routes secondaires de la partie orientale de l'île.

Si notre itinéraire comprend des vols intérieurs, que faut-il savoir ?
Quand vous préparez votre voyage, ne négligez pas la lenteur des transports afin de ne pas avoir un programme trop ambitieux. Si vous voulez traverser tout Cuba, Air Caraïbes a un vol sur Santiago et XL Airways dessert Varadero, la partie balnéaire du pays qui comprend beaucoup d'hôtels en formule tout-inclus. Par ailleurs, si vous avez besoin de prendre un vol pour revenir de l'un des cayos, ces îles paradisiaques, et que vous pensez reprendre votre vol pour la France dans la foulée, sachez que ces vols intérieurs peuvent avoir énormément de retard. Il est donc préférable de prévoir une nuit sur place entre ces deux vols.

Malgré ces contraintes, peut-on voyager seul à Cuba, sans passer par une agence ?
Oui, bien sûr ! Mais il faut accepter ces aléas et ces potentielles mauvaises surprises. On peut même arriver les mains dans les poches dans un village : il y aura toujours un habitant pour vous louer une chambre ou vous proposer un repas. Parfois, les Cubains demandent le règlement avant le repas afin de pouvoir aller acheter les ingrédients.

Les touristes sont-ils fréquemment sollicités par les habitants ?
Les voyageurs seuls sont sans arrêt abordés. Il peut y avoir des petites arnaques. Par exemple, il ne faut surtout pas prendre d'auto-stoppeur. Le voyageur qui parle un peu espagnol aura tendance à discuter, à demander des conseils ou un itinéraire… Et à la fin, l'auto-stoppeur demandera une rémunération. Sans tomber dans la paranoïa, il faut être vigilant sur ces petites arnaques qui ne sont pas méchantes mais qui peuvent surprendre.

L'île reste-t-elle sûre malgré tout ?
Oui, Cuba est très sûre, il suffit de suivre les mêmes règles de bon sens que partout ailleurs.