Voyage d'exploration : le retour aux sources

L'agence de voyage Allibert-Trekking propose 15 voyages d'exploration ou de reconnaissance cette année. L'idée ? Les voyageurs participent à la création d'un séjour et à la découverte de destinations inédites. Didier Mille, chef de produit, raconte leurs conceptions.


L'Internaute Voyage : Comment décidez-vous de lancer un voyage d'exploration sur une destination ?

Didier Mille : Avant tout : place à l’imagination ! L’alchimie, entre les accompagnateurs présents sur le terrain et les responsables de destination maîtrisant bien leurs pays de prédilection, donne souvent de bons résultats. Concevoir un voyage nouveau dans des lieux peu fréquentés comporte forcément une part de risque et d'incertitudes. Risques liés au terrain : les moyens d’accès permettent-ils de se déplacer avec un maximum de sécurité, peut-on assurer un minimum de confort, les infrastructures locales conviennent-elles à notre type de tourisme ? Risques financiers : avoir l’imagination fertile, c’est bien, réaliser un voyage propre à être commercialisé c’est mieux.
Un voyage d’exploration réussi peut devenir un “best of” pour quelques années. Ou au contraire s’avérer une belle aventure sans lendemain. Les grands espaces vierges de la Sibérie, les rencontres inédites avec des cultures fort éloignées des nôtres, des lieux chargés d’histoire, voici quelques uns des ingrédients nécessaires à la conception du projet.


Que vont vivre de particulier les voyageurs qui partiront avec vous ? (En comparaison d'un trek "classique" ?)

Le plaisir partagé de la découverte, l’attrait de l’inconnu. Car nous voilà aux antipodes d’un trek classique où la demande des voyageurs aujourd’hui repose sur une organisation sans faille, où l’imprévu occupe le moins d’espace possible. Le voyage d’exploration revient aux sources : un inconfort relatif au lieu d’un confort maximisé, des horaires mal ou peu définis à l’avance contre un programme au jour le jour proche d’un contrat juridique. Participer à un voyage d’exploration donne l’occasion de se rendre dans des endroits inédits, d’assister en spectateur privilégié à des cérémonies étonnantes. Les “clients” deviennent alors acteurs de leur voyage.


Peut-on dire qu'il s'agit d'une véritable "aventure" ?

Il y a des degrés : tout dépend du niveau de services touristiques rencontrés dans le pays. S’aventurer au cœur des Saïans (Sibérie orientale), du Kham (Tibet de l’est) ou de certaines zones d’Afrique ne constitue pas la même “aventure” qu’un nouveau trek au Népal. Le terme “aventure” trop galvaudé quant à lui, recouvre tout et n’importe quoi. On peut effectivement parler de voyages “pionniers”.


Sélectionnez-vous les voyageurs qui partent avec vous ?

Bien entendu, on contacte tous les clients pour parler, s’assurer qu’ils ont le niveau mais aussi qu’ils peuvent encaisser l’imprévu, l’inconfort... Mais ce type de voyage repose beaucoup sur les épaules du guide. Pas question d’envoyer nos clients au “casse-pipe”.  Un guide expérimenté ayant la connaissance du pays à défaut de celle du parcours entrepris et passé maître dans l’art de mener et d’animer un groupe demeurent souvent les clefs du succès.  A ce guide expérimenté, nous adjoignons souvent un guide local, trait d’union indispensable entre les deux cultures.


Y a t’il encore beaucoup de territoires à découvrir ?

Le monde moderne grignote chaque jour un peu plus les zones les plus éloignées de la planète. Il y a dix ans encore, pour atteindre de nombreux villages, cela nécessitait plusieurs jours de marche. Internet, Google Earth changent la donne. Dans les lieux les plus reculés de Chine, le téléphone mobile est omniprésent alors même que l’eau courante demeure une denrée rare. La terre rétrécit, les espaces vierges deviennent de véritables raretés : trop loin (Sibérie Orientale), trop cher (Thorngat au Canada), peu intéressant (Kun Lun en Chine), dangereux (Nord Mali...).
Mais on n’a rien sans rien!

D’un autre côté avec un peu d’imagination, il est possible de re-découvrir des territoires que l’on croyait complètement balisés... Par exemple, nous avons ouvert un circuit complètement hors piste sur les traces de Lawrence d’(Arabie en Jordanie ou un Grenoble-Côte d’Azur qui est complètement hors du temps... On arrive jusqu’à Agay sans avoir vu une zone industrielle, un “shopping Center”!

Tout est affaire d’envie, d’imagination... De passion...