"Notre transat à bord du mythique QUEEN MARY II..."

Mon épouse Flo et moi-même avons effectué récemment notre première transatlantique avec le QM2 et comme on s'habitue vite aux bonne choses, nous avons fait également la transat retour 3 mois plus tard. Nous avons occupé ces trois mois à parcourir les USA et le Canada avec une voiture de location. Cela faisait nombre d'années que nous n'avions pas pris de longues vacances c'est maintenant chose faite. J'ai tenu un journal de bord pour l'ensemble du voyage

    

Transat Aller Jour 1

Hôtel Southampton, réveil 5h30, on est excités comme des puces, on se prépare, on descend prendre un copieux petit déjeuner anglais, un régal, on laisse la grosse valise à la réception et on part à pied se promener, on traverse le parc central puis on arrive dans le centre, shopping, café (énorme), puis on découvre un magnifique centre commercial, on y prend deux smoothies géants, on visite puis on prend un taxi pour aller repérer l’accès au QM2, le taxi très sympa nous parle de Benny Hill qu’il a bien connu et nous montre même l’endroit où il est né et où il a vécu toute sa vie, il a même une photo de lui dans son taxi. Il est près de midi, on revient au centre commercial, on prend un repas rapide au « Fish and Ships », un petit café (1/2 litre) en ville près du château puis on reprend un taxi pour le quai d’embarquement.


13h40, On est en avance mais finalement on suit la file d’embarquement, tout y est remarquablement organisé, nous arrivons près de la bouée du QM2 pour la traditionnelle photo souvenir, c’est fait ! Nous arpentons la passerelle vers 14h, une dernière photo de l’extérieur et nous voilà propulsés un siècle en arrière, le personnel de bord et quelques gradés nous font une haie d’honneur et tout le monde nous souhaite la bienvenue. Là, il est difficile de retenir son émotion…, la découverte de la cabine ou nous attend une bouteille de Champagne avec deux flûtes !, le balcon, c’est somptueux, magnifique, un rêve se réalise.

14h00, C’est à ce moment que nous avons la visite de « Jay » celui qui va être aux petits soins pour nous durant toute cette traversée, il est Philippin, vraiment très sympathique et dévoué, il ne reste pas très longtemps car il a la responsabilité des occupants d’un carré de 16 chambres, nous le reverrons demain.

16h00, nous sommes convoqués sur le pont 7 pour l’exercice de sécurité, nous redescendons a la cabine nous rafraichir puis remontons pont 11 pour le grand départ.

17h00, Ca y est les cornes de brume du QM2 entrent en action et sonnent 3 fois, c’est le GRAND DEPART !!!
Nous sommes maintenant redescendus sur le pont 8 ou se déroule la « cérémonie » de départ, orchestre, Champagne etc…, le soleil brille, on prend une bière, on rencontre une Mamie native de Londres qui va prendre aussi le QM2 le 27 juillet pour le retour, l’énorme masse du QM2 commence à avancer lentement vers l’île de Wight qu’il contourne ensuite pour prendre plein ouest cap sur l’Amérique. .

20h30, nous redescendons car nous allons faire notre premier grand repas dans le restaurant Britannia, tenue simple mais costume quand même (pas de cravate), on nous a réservé la table 302 niveau supérieur du restaurant (niveau 3), nous nous installons, on est immédiatement submergés par les serveurs et autres sommeliers, nous arrivons tant bien que mal à faire notre choix malgré la carte truffée de termes fantaisie et peu compréhensibles en anglais, on nous promet que dès demain ils en auront une en français, on commande une bouteille de vin de la vallée de Napa (Californie), on l’attend toujours…, on a mangé du homard , Flo du poisson et moi de la viande. Il est à préciser que le cadre est vraiment d’une grande beauté et que l’ambiance des Grands Liners du début 20ème est bien présente.

22h00, après le repas, nous rentrons à la cabine pour nous changer puis direction le « G32 » la très spacieuse discothèque du QM2, nous n’avons vraiment pas l’impression d’être sur un bateau, là, de la musique disco, puis un groupe musical s’installe et disco toujours, très sympa, nous dégustons une Margarita puis on rentre se coucher, quelle journée !

23h30 C’est en rentrant que nous nous apercevons que Jay est passé par là et a préparé notre chambre pour la nuit, nuit qui s’annonce paisible on n’a toujours pas l’impression d’être sur un bateau. On sort sur le balcon, la nuit est belle, on aperçoit quelques lumières au loin sur la côte, ce seront les dernières jusqu’à New York. On avance nos montres d’une heure comme il nous faudra le faire quasiment six soirs de suite.


Transat Aller Jour 2

7h00 C’est notre premier réveil sur le Queen Mary II, un coup d’œil à travers la baie vitrée nous indique que nous sommes en haute mer, la nuit a été calme, nous sommes bien reposés et contrairement au temps nuageux et menaçant qu’il fait dehors, le moral est au beau fixe.
Nous connectons le téléviseur qui propose un canal que nous utiliserons régulièrement, il s’agit de la chaine nous informant en temps réel de la position du navire, sa vitesse, son cap, la météo etc…

Nous commençons à prendre nos repères dans notre cabine, elle est en fait composée d’un grand lit avec deux chevets, d’un canapé 2 places, d’un bureau, la table basse se situant entre ces deux derniers, d’un grand placard puis la salle d’eau composée d’un lavabo d’un wc  et d’une douche relativement exigüe (mais nous sommes malgré tout sur un bateau, gigantesque certes, mais un bateau tout de même…), je ne manquerai pas de compléter le décor avec le balcon privé relativement spacieux et équipé de deux transats.

Est-il besoin de préciser que le tout est en excellent état et très confortable.
Coté coursive se trouve à proximité immédiate de la porte de notre cabine une petite boîte faisant office de boîte aux lettres.

8h30  On descend prendre le petit déjeuner au Britania, cette immense salle style Art déco est disposée sur deux niveaux, plusieurs centaines de couverts peuvent y être servis simultanément.

Pourtant, l’ambiance y reste feutrée et, il faut bien le dire un peu « So British » mais ce n’est pas pour nous déplaire, après tout quand on embarque à bord du Queen Mary II, on ne s’attend pas à y trouver l’ambiance de notre cher Pays Basque…

Nous nous installons à une table ronde prévue pour six personnes autour de laquelle nous rejoignent, dans un premier temps, un charmant couple d’Allemands avec qui nous essayons d’échanger malgré la barrière de la langue, chacun y met de la bonne volonté et nous comprenons qu’ils ont embarqué à Hambourg avant-hier et que c’est aussi leur première transatlantique, ils nous confirment qu’il y a beaucoup de leurs compatriotes sur le bateau, je me surprend à penser alors qu’il faut bien qu’ils s’occupent quand ils n’occupent pas les autres nos chers amis Germains ;-)

Un cinquième convive s’attable à son tour, il s’agit de Neil Kent, ressortissant Anglais, visiblement quinquagénaire qui parle un Français très correct pour ne pas dire parfait malgré le léger accent de nos amis d’outre-manche qui semble parfois être une véritable « marque de fabrique ».

Neil qui nous surprend encore quand il se met à converser avec le couple d’Allemands dans leur langue, il est donc (au minimum) trilingue.

Lors de la conversation, il nous apprend qu’il est professeur de l’histoire de l’art à l’université de Cambridge et qu’il va faire, demain, une conférence sur l’architecture de St Petersburg il nous invite à nous y rendre (why not ?), il est très sympa et voyage visiblement beaucoup.
Ce mémorable petit déjeuner touche à sa fin, il faut bien dire que nous sommes rassasiés car celui-ci a plus ressemblé à un repas (copieux) qu’à un petit en-cas.

 

9h45 nous partons arpenter les coursives du bâtiment, c’est réellement titanesque ! Jugez plutôt, 345 mètres de long sur 40 de large et ce, sur 14 niveaux, bref de quoi aisément s’y perdre.

Nous remontons sur le pont 7, pour ce faire, nous utilisons l’un des nombreux ascenseurs à notre disposition, il est à noter que rien n’a été négligé pas même ces derniers, en effet leur décoration style « Grand Siècle » est vraiment très réussie.

Nous sortons et faisons le (grand) tour du bâtiment, nous y croisons de nombreux joggers qui arpentent les (presque) 700m qui constituent le tour complet, nous découvrons même un panneau d’affichage indiquant les distances en mètres et en « feet ».

Nous nous accoudons un moment au bastingage afin de profiter de cette immensité mouvante qui va bien au-delà de ce que nos yeux peuvent voir, le parfum iodé de la brise marine flatte nos cellules olfactives et, je pense que c’est à partir de cet instant que nous prenons conscience que nous sommes en train de traverser un Océan.

Nous avons beau être nés et avoir toujours habité au bord de ce même océan, les sensations sont aujourd’hui très différents, nous découvrons l’Atlantique de « l’intérieur », sa face cachée, celle dont nous connaissions l’existence sans jamais l’avoir découverte vraiment comme c’est le cas aujourd’hui… nous restons sans voix… que du bonheur…

 

12h00 Ce midi, histoire de bousculer un peu les « vieilles » habitudes que nous avons prises depuis…hier, nous décidons de déjeuner au King’s court, niveau 7 ou nous est proposé non pas un buffet mais quatre restaurants avec chacun un buffet différent, Grill, Italien, Japonais et « standard » nous remarquons tout de suite que c’est moins guindé que le Britania, en fait, ce sont les même personnes mais beaucoup plus décontract, on y mange vraiment très bien.

14h00 Il est l’heure de la sieste car ce voyage ainsi que le changement d’air nous ont un peu fatigués.

15h45 C’est après une bonne douche pour nous redynamiser que nous partons prendre un café prendre un café pont 4, chemin faisant, on découvre des boutiques et notamment celle du QM2 ou vêtements et gadgets de toutes sortes sont proposés aux flâneurs, Flo m’achète un très beau veston estampillé Queen Mary 2, c’est en sortant du magasin qu’on se rend compte que cela commence à bouger vraiment, les stabilisateurs du navire sont visiblement déstabilisés et par conséquent nous aussi, par précaution, nous regagnons rapidement notre cabine et prenons chacun un comprimé de Cocculine.

18h45 Comme cela bouge de plus en plus, nous décidons de rester tranquillement dans notre cabine et commandons notre repas via le room service, il nous est servis une quinzaine de minutes plus tard, les mets sont là aussi délicieux et les plats copieux, une chose est sûre c’est que, malgré que cela soit nécessaire, je ne vais pas perdre de poids lors de cette transat.

Soirée vidéo, la Cocculine a fait son effet et hormis les mouvements du navire, nous ne ressentons aucune gêne.
Extinction des feux vers 23h.

 

Transat Aller Jour 3

6h00 La nuit a été relativement houleuse mais les comprimés de Cocculine nous ont semble-t-il évité d’être malades. Nous avons commandé, via le Room service, le petit déjeuner en cabine pour 7h, ce dernier arrive copieux et appétissant comme à son habitude, aujourd’hui le temps est couvert et l’océan a l’air de s’être un peu apaisé. 

7h30 Il est temps de tenter une sortie, ça bouge un peu moins, on fait un tour pont 10 c’est assez venteux, on redescend pont 7 un peu plus abrité, on y retrouve les habituels joggeurs, s’arrêtent-ils de temps en temps ?

9h00 Nous traversons les salles de restaurant du pont 7, il semble que le service ne s’y arrête jamais en raison du flux permanent des quelques 2600 passagers qui s’y arrêtent et en repartent quelques dizaines de minutes plus tard.

Les cohortes de serveurs, à la tenue irréprochable, ne perdent jamais une seconde pour recharger les buffets et reconditionner les tables, ces opérations se déroulent malgré tout dans la plus grande discrétion, histoire, sans doute, de ne pas donner l’impression aux passagers d’être dans des cantines bruyantes, ils y parviennent avec brio, tout se doit être impeccable et c’est le cas.  

Hormis les passagers, ce n’est pas moins de 1250 personnes dont 15 cuisiniers et 150 serveurs permanents qui assurent la confection et le service des quelques 16000 repas qui sont servis quotidiennement dans les nombreux restaurants du dernier Grand Liner.

Il est à noter que la qualité et les saveurs des repas n’ont rien à envier à celles que l’on peut trouver dans les meilleurs restaurants à terre, le seul point qui semble un peu regrettable est la quasi nécessité de posséder de bonnes bases de la langue de Shakespeare, faute de quoi… il pourrait vous arriver de ne pas savoir ce que vous avez mangé et/ou vous seriez tenté de vous cantonner à des plats plus standards ce qui serait vraiment dommage.

10h00 Il est grand temps d’aller jeter un coup d’œil au casino en plus il est l’heure à laquelle il ouvre, là encore, le raffinement est de mise, une fresque géante recouvre la paroi coté proue, les croupiers en smoking attendent les flambeurs, nous nous contentons de tenter quelques dollars dans les machines à sous relativement nombreuses, nous ne nous attardons pas, nous reviendrons une autre fois, il y a tant de choses à faire.

10h30 Nous rentrons nous changer pour assister à la conférence de Neil Kent dans l’immense Planétarium, environ deux cents personnes sont présentes à cet exposé dont le thème est « l’Architecture de St Petersburg »

Bien  que cette ville paraisse magnifique comme le démontrent les nombreuses diapositives qui se succèdent, nous avons un peu de mal à suivre notre ami Neil qui développe ses explications en anglais et à un rythme relativement rapide. J’avoue, honteusement, qu’après 30mn de ce « traitement », il nous est venu à l’idée de nous éclipser furtivement mais l’emplacement que nous avions choisi pour nous installer ne se prêtait pas à l’exercice…

11h30 La conférence est terminée, certains points nous ont échappé mais ce que nous avons compris était intéressant…

12h15 Nous partons déjeuner au Carvery, pont 7, on y trouve, entre autres choses, d’excellentes grillades.

13h15 Une petite halte au Sir Samuel’s pour y prendre un petit expresso puis on se dirige vers l’une des nombreuses boutiques, on y achète quelques chocolats, nous en profitons pour flâner au gré des immenses couloirs revêtus de l’épaisse moquette. Sans le faire exprès, nous nous retrouvons au casino, en quelques minutes, Flo « rafle la mise » et on repart avec 42 dollars.

15h30 Direction la cabine, pour se « détendre », je suis en train de lire, Flo est accoudée au balcon, tout à coup, elle m’appelle visiblement très excitée, j’arrive à l’extérieur et là… un spectacle grandiose, magnifique, je ne trouve pas de mots pour le décrire… à environ une centaine de mètres un énorme Rorqual Commun d’une vingtaine de mètres évolue majestueusement dans les flots qui se sont désormais calmés, voir un animal aussi imposant dans son milieu naturel est, pour nous, exceptionnel ! (je ne me doutes pas encore de ce que nous allons vivre deux mois plus tard au Canada), je saisis la caméra mais j’ai trop zoomé et je n’arrive pas à le cadrer correctement, c’est à ce moment qu’on en aperçoit d’autres, c’est magnifique ! Je finis par cadrer le caméscope juste au moment où le premier Rorqual propulse un panache d’eau de plusieurs mètres de haut ! La transat se justifie rien que pour connaître le bonheur de voir le deuxième plus gros animal de notre planète dans son milieu naturel.

Nous passerons le reste de l’après-midi accrochés au bastingage espérant en voir d’autres mais cela ne sera malheureusement pas le cas aujourd’hui.

18h00 Pour ce soir le dress code est simple, tenue de gala ! Nous décidons de participer, nous nous préparons donc et sortons de la cabine vers 19h attifés comme des marquis(e), nous allons prendre un cocktail au bar King’s Court puis nous rendons vers la Queen’s Room, la grande salle de réception, là nous attendent le gratin des officiers y compris le Commodore, une coupe de Champagne nous est offerte, l’ambiance de la soirée qui démarre ici a pour le moins rien à voir avec la cour des Miracles si je puis m’exprimer ainsi, en effet, on a l’impression que l’ensemble de la haute aristocratie Anglaise y est présente…

21h00 Par correction, nous goûtons encore quelques moments à cette soirée pour le moins guindée puis souhaitant retrouver une ambiance un peu plus adaptée à nos « traditions », nous dirigeons nos pas vers le Lion’s Club un des nombreux Lounge, nous y dégustons un délicieux cocktail au rythme du piano qui laisse planer des mélodies de Ragtime des années 30, ça mets carrément dans l’ambiance, on ne retarde pas la montre mais on revient purement et simplement un siècle en arrière, magique !

22h00 En partant, nous tentons de ne pas nous perdre dans cette « ville flottante », nous avançons vers le Grand escalier qui nous sert un peu de repère et là, une photographe professionnelle qui fait partie de l’équipage nous prend en photo en tenue de gala, il aurait été dommage de manquer ça. Nous revenons à la cabine pour nous changer puis sommes repartons prendre un dernier verre au G32 (discothèque) ou se produisent toujours le groupe dons le batteur a quelques soucis de réglages de sa caisse claire.

23h30 Il se fait tard, on rentre se coucher…


Transat Aller Jour 4

5h, on reçoit un texto, c’est Esther une amie, je n’y comprends rien, je n’aurais jamais cru que les texto passeraient alors qu’on est en plein Atlantique, c’est quand même beau la technique !
Il est toutefois important de noter que même si la technologie arrive jusqu’à nous la facture, elle, en fera tout autant, tenant compte que les communications passent par satellite, les appels via portables sont chers, très chers quand on est sur un paquebot en plein Atlantique. Les forfaits internet quant à eux le sont tout autant de l’ordre de 35 euro pour 2 heures et jusqu’à 120 euro pour 8… à utiliser donc avec parcimonie et puis on ne fait pas une transat pour rester scotché devant son écran.

Il est 5h45, cela fait maintenant un bon moment que les cornes de brume du QM2 raisonnent toutes les deux minutes environ, la visibilité doit être très mauvaise, un rapide coup d’œil par la baie vitrée me le confirme, les éclairages du bâtiment forment un halo sans arriver à percer la masse ouateuse qui nous recouvre.

 Moins d’un quart d’heure après le Room service frappe à la porte pour le breakfast, je ne comprends pas je l’avais commandé pour 7h,  Flo éclate de rire et me rappelle qu’hier soir, il ne fallait exceptionnellement pas reculer d’une heure… le Room service est donc bien là à 7h comme convenu.

Vers 9h30, une petite balade sur le pont 7, les indéboulonnables joggeurs y sont aussi, les cornes de brume poursuivent leur action et on comprend aisément pourquoi, la visibilité est quasi nulle, à mon avis pas plus d’une vingtaine de mètres, cela pourrait peut-être suffire pour une barque mais là…

Le QM2 réduit encore sa vitesse.

Nous faisons le tour du navire, c'est-à-dire presque le tour d’un stade et pas après pas, nous sommes éblouis par ces instants qui semblent surnaturels.

Arrivés sur l’arrière du navire, il n’y a plus personne, nous évoluons dans un univers silencieux et ouaté, seule la trainée du navire est en partie visible, unique repaire qui nous permet de comprendre que Le Temps ne s’est pas arrêté… Ce moment magique fait partie de ceux dont on se rappelle toute une vie…

Nous arpentons les grands couloirs (pour ne pas dire les boulevards) du 3ème pont, nous y trouvons un véritable « marché », des « stands » y ont poussé comme des cèpes dans la nuit. La seule différence c’est que les bijoux et les montres ont remplacé  les fruits et les étoffes de soie les légumes, les prix y sont toutefois, et toutes proportions gardées, relativement raisonnables.

Après un bon repas dans notre cabine, nous descendons boire un café au Sir Samuel’s notre bar de prédilection (pour les cafés).

Nous allons faire un petit tour au Commodore Club Pont 9, c’est un endroit vraiment magnifique, le décor y est d’un raffinement exemplaire et les grands baies vitrées qui donnent sur l’avant du navire doivent rendre un magnifique spectacle par beau temps, nous y reviendrons certainement.

Visite du Churchill’s seul endroit fumeurs en intérieur, là encore la décoration avec notamment ses boiseries composées d’essences rares laisse sans voix, d’imposants fauteuils offrant un confort d’exception sont à disposition des passagers, des vitrines contenant des cigares, des vins et alcools rares entourent la pièce, on a vraiment l’impression qu’Agatha Christie ou bien Winston Churchill vont bientôt nous rejoindre.  

Pour les amateurs, nous consultons la carte du Churchill’s, nous y découvrons par exemple un « Bas Armagnac » de 1904 pour la bagatelle de… 175$ le verre de 5cl, ou bien un « Rémy Martin Louis XIII » à 120$, c’est le genre d’endroit qu’il vaut mieux éviter pour faire la fiesta sous peine d’avoir le lendemain un réveil des plus « douloureux » !

Ce soir, nous prenons notre repas au King’s Court et retour cabine, la brume recommence à s’épaissir, cet après-midi, nous avons effectué la moitié du voyage soit environ 3000kms, demain, on va passer pile au-dessus du… Titanic !

Transat Aller Jour 5

6h00 On n’a toujours pas changé d’heure, deuxième fois que j’anticipe pour rien ! J’ai enfin compris que sur les 7 nuits que nous passons sur le QM2, il n’y en a que 5 ou nous devons avancer d’une heure, maintenant je ne peux plus me tromper.

Ce matin c’est encore extrêmement brumeux et la corne est toujours en action. On ne s’en rend compte qu’une fois la baie vitrée ouverte, c’est d’ailleurs étonnant vu sa puissance sonore, peut-être est-ce dû au fait qu’elle se trouve bien à l’avant du navire alors que nous sommes plutôt dans la partie arrière. Nous avons appris que la QM2 dispose en fait de deux cornes de brume l’une des deux ayant appartenu au Queen Mary (1er du nom), la seconde ayant été reproduite à l’identique, nous apprenons également que le Queen Mary, surnommé le « Old Lady » est aujourd’hui ancré à Long Beach (Californie) ou il a été reconverti en hôtel de luxe.

Nous montons prendre le petit déjeuner au King’s court toujours aussi animé mais sans que cela soit la cohue pour autant, nous prenons notre temps et admirons le spectacle grandiose de la nature à travers les grandes vitres qui bordent la salle.

Nous sortons sur le pont 8 arrière, il a l’air déserté, les conditions climatiques n’y sont sans doute pas étrangères, nous apercevons une passagère qui est lascivement allongée dans un spa, elle apprécie visiblement ce moment, je dois reconnaître qu’il est assez tentant de tremper dans l’eau à 37° entouré de l’océan couvert de brume ça doit être une expérience, on va peut-être la tenter demain matin…

Histoire de se réchauffer un peu, nous retournons à l’intérieur, chemin faisant, nous passons devant le casino, nous y faisons une halte et y risquons 20$ dans un bandit manchot, on perd un peu, on gagne encore moins puis, à notre grande surprise, on fait un Mini Jackpot ce qui nous fait ressortir de là, demi-heure plus tard, avec 100$ bonne affaire ! Génial !

Fort de ce capital tombé du ciel, on s’offre un petit café au Golden Lion et nous voici de retour à la cabine qui est toute nickel, Jay est, comme tous les jours et très discrètement passé par là.

Déjeuner au Britania ou on retrouve Neil Kent notre conférencier de Cambridge, le repas est (comme toujours) délicieux, les serveurs sont aux petits soins et le cadre admirable, nous échangeons longuement avec Neil qui est vraiment quelqu’un de bonne compagnie et très intéressant, nous avons même eu droit à un moment particulièrement cocasse lorsque Neil nous dit quelque chose en français que nous ne comprenons pas (ou pas bien), ce dernier, très surpris est subitement pris de doutes quant à sa maîtrise de notre langue, il semble gêné, même interloqué et en rougit de honte, si, si, je n’exagère pas ! Le quiproquo est vite levé, histoire de le rassurer, nous n’hésitons pas à lui dire que nous serions ravis de parler sa langue comme il parle la nôtre, il acquiesce d’un large sourire reconnaissant, son honneur, So British, est désormais sauf… ouf !

Milieu d’après-midi, nous arrivons dans la Queen’s Room, cette vaste et magnifique salle de bal rassemble une centaine de personnes qui participent au loto qui y est organisé, nous passons un agréable moment à observer l’anxiété des joueurs à l’approche de la fin de chaque tirage et la joie des heureux gagnants.

19h45 L’évènement ! Le 14 avril 1912, cela fait donc juste 99 ans et un mois, le plus grand paquebot de l’époque sombrait corps et bien par plus de 3800m de fond, au moment où j’écris ces lignes, nous passons à l’à-pic du TITANIC, nous sortons sur le balcon ou nous apercevons en contrebas ces eaux noires et insondables, des crêtes phosphorescentes s’éloignent de la coque sombre, c’est un moment émouvant et on ne peut s’empêcher de penser à tous ces pauvres gens qui ont dû vivre des moments insoutenables à cet endroit même.    


20h15, départ pour le théâtre il y est donné un spectacle façon « Broadway », il est situé à l’avant du navire près du Planétarium. Après avoir arpenté les longues coursives, nous entrons dans cette immense salle aux confortables fauteuils rouges, de très belles boiseries entourent les groupes de tables des spectateurs, une épaisse moquette rouge et or recouvre le sol et l’ensemble crée une ambiance particulièrement feutrée. La partie arrière de la scène est constituée d’une multitude de fibres optiques donnant l’impression d’un ciel étoilé devant lequel les artistes vont évoluer.

Nous avons choisi une loge face à la scène d’où nous pouvons avoir une vue d’ensemble, un serveur Philippin s’empresse alors de nous conseiller sur une sélection de vins et d’alcools fins, nous nous contenterons d’une « Margarita Frozen », quelques minutes plus tard, on nous sert deux grands verres sur lesquels ont été disposés deux quartiers de citron vert et dont les bords sont recouvert de sel, nous goûtons, vraiment délicieux.

Nous patientons, regardant autour de nous, nous devons reconnaitre que nous n’avions jamais vu autant de costumes sombres agrémentés de nœuds papillon, quelques personnes se dirigent vers nous, il s’agit d’un groupe de Québécois, ils s’installent à la table voisine, une chaleureuse discussion ne tarde pas à s’engager, il faut bien dire qu’on n’a que peu d’occasions de parler la langue de Molière sur le QM2, mais attention… le spectacle va commencer, l’intensité des éclairages baisse jusqu’à obtenir une lumière tamisée alors que les rampes de projecteurs éclairent la scène de leurs mille couleurs.

Deux couples de chanteurs et une quinzaine de musiciens débutent le spectacle, l’ambiance est là, nous avons effectivement l’impression d’être dans un théâtre sur Broadway, le show est superbe et entrecoupé de salves d’applaudissements empreints, toutefois, d’une certaine retenue typiquement anglo-saxonne mais ce n’est pas déplaisant.

Il est un peu plus de 22h lorsque le rideau tombe, nous avons passé un très agréable moment, nous souhaitons une bonne soirée à nos amis Québécois et rentrons paisiblement à notre cabine. 

On peut dire ce soir que les vents du destin nous ont emmenés danser avec les étoiles… (cf. Blow).

Transat Aller Jour 6

Ce matin, c’est une mer d’huile que nous apercevons en sortant sur le balcon.

La brume bien qu’encore présente comme tous les matins s’est un peu dissipée, la corne retentit toujours mais de façon un peu plus espacée.

Après un, petit déjeuner au King’s court, nous décidons d’arpenter le navire histoire de visiter de nouveaux endroits, et il y en a ! Approchant de l’avant du navire au niveau du pont 2, nous découvrons de petits couloirs dont nous ignorions l’existence et où se trouvent des petites tables disposées tout contre les grandes baies vitrées, sur chacune d’entre elles se trouvent des puzzles, des échiquiers, des tapis de cartes de jeux, il n’y a encore personne d’attablé mais nous comprenons qu’il s’agit là d’un endroit un peu retiré, en dehors des « grands axes » de passage ou viennent les personnes qui souhaitent être un peu isolées et passer un bon moment.

Nous notons au passage qu’il ne doit pas être désagréable de faire une partie d’échecs en toute quiétude avec à quelques mètres de soi la nature dans toute sa splendeur, je rappelle que l’endroit est situé pont 2 c'est-à-dire à « quelques mètres » au-dessus des flots, lorsque l’océan devient un peu capricieux, il n’est pas rare que la crête des vagues atteigne ce niveau (cf. youtube)

Poursuivant notre promenade, nous apprenons qu’en ce dimanche matin, l’Ecclésiastique du bord donne une messe en fin de matinée.

Arrivés sur le pont 5, nous passons devant une salle sur la porte de laquelle il est écrit « Connexions », il s’agit en fait du cyber centre ou les internautes de tous âges viennent faire ce que nous faisons en ce moment c'est-à-dire surfer sur le web… nous passons rapidement cet endroit, il nous rappelle trop le bureau !

Pont 7, la salle de sport est quasi remplie, beaucoup de sportifs s’affairent sur les nombreux équipements, ils ont l’air ravis, nous sommes contents pour eux, nous débouchons ensuite sur la salle d’accueil du centre de relaxation « Canyon Ranch », massages etc… ici, en revanche, il n’y a pas (encore) grand monde mais le cadre semble vraiment propice à la détente.

Toujours sur le même pont mais en revenant vers le milieu du bâtiment, nous débouchons sur le « Winter Garden », un magnifique endroit ou le bar et les espaces réservés aux convives sont parsemés d’une multitude de plantes vertes et de fleurs, les cloisons qui l’entourent sont parées d’immenses fresques verdoyantes aux oiseaux multicolores, un grand piano blanc trône dans un angle, une superbe cascade couvre tout un pan de mur ce qui renforce l’impression de sérénité et de quiétude de l’endroit.

Sur le pont du dessus (8 pour ceux qui n’ont pas suivi…) se trouve la bibliothèque ainsi que le « Book Shop », nous ne nous y attardons pas pour les raisons suivantes, il est visiblement impossible d’y trouver des titres en français, nous avons pris la précaution d’apporter notre propre lecture.    

Nous continuons notre ascension (merci les ascenseurs), nous voilà sur le pont 12 à l’avant du navire, il s’agit là du dernier niveau  couvert  (juste au-dessus se trouve le pont supérieur), là encore, surprise, un grand espace au milieu duquel se trouve une grande piscine couplée à deux spas recouverts de mosaïques bleues et qui la surplombent légèrement. Le parquet en bois exotique et les transats en teck sont du plus bel effet.

Nous sortons, encore un peu de brume mais il ne fait pas froid, nous empruntons l’escalier qui mène au pont 13, là encore des équipements de sport, court de tennis, aire d’entrainement pour le golf, pour des raisons évidents, l’un comme l’autre sont entourés de filets d’environ 4m de haut, un peu plus loin, le « Régata bar » qui est fermé et de grands espaces qui donnent vraiment une idée de la taille titanesque du QM2. Nous empruntons le dernier escalier qui donne sur le couloir avant le plus élevé accessible aux passagers, c’est à ce moment que la corne de brume, située alors juste au-dessus de nous, a « donné de la voix », nous sommes restés tous les deux tétanisés, on n’avait encore jamais entendu un truc pareil ! Il paraît qu’elle s’entend jusqu’à 30 à 50 kms, là, elle était à moins de 10m de nous… grosse, grosse frayeur !       

Il est près de 13h lorsque nous voyons les premiers bateaux depuis mardi soir, cela veut dire que nous approchons des terres, en fait aujourd’hui, nous nous trouvons au sud de Terre-Neuve, demain nous serons au sud de la Nouvelle écosse et après-demain… en Amérique !

Ce midi, nous avons déjeuné au « Lotus », bien que nous apprécions généralement la cuisine asiatique, nous avons été déçus, nous n’y reviendrons pas…

Nous sommes revenus en cabine, nous en profitons pour prendre connaissances des infos météo etc… sur le canal interne, c’est là que nous nous rendons compte qu’en moins de 5h la température de l’océan est passée de 11° à 20,5°, sans doute le Golf Stream, c’est incroyable la vitesse avec laquelle les éléments changent en haute mer.

Fin de journée, le soleil parvient à percer, la brume s’est dissipée, l’horizon est désormais dégagé…

Ce soir, nous dinerons en cabine grâce au Room service avec au menu, velouté de tomates au basilic, hamburger/bacon frites (maison), sandwiches club omelette, salade, chips et plateau de fromages.

La nuit est maintenant tombée, nous contemplons le ciel constellé de mille diamants…

Transat Aller Jour 7

Aujourd'hui est le dernier jour de notre croisière, en effet, demain matin nous serons à New York.

Nous allons donc consacrer une partie de la journée à ranger nos affaires, recharger les batteries des appareils, faire les papiers pour la douane etc.

Dans un premier temps, nous montons prendre notre petit déjeuner au King’s Court qui est toujours aussi fréquenté, nous prenons notre temps et sommes toujours aussi admiratifs par ce que nous voyons à travers les baies vitrées.

En redescendant au pont trois, nous nous rendons dans la salle où sont exposées toutes les photographies qui ont été prises lors de la croisière y compris les premières photos prises lors de l'embarquement à Southampton.

Vu la multitude de clichés affichés sur les panneaux, il va nous falloir une bonne dizaine de minutes pour retrouver les nôtres, il y a celle prise lors de l'embarquement puis celle prise lors d'une soirée de gala où nous étions en grande tenue en bas du Grand escalier central.

C'est en regardant cette dernière que nous sommes surpris d'apercevoir une grande bouteille d'eau minérale en plastique qui trône, ou plutôt traîne à nos pieds, c'était bien la peine de se saper comme des princes ! Bien entendu, ce léger détail va nous faire renoncer à l'achat de cette (malgré tout) superbe photo souvenir, c'est bien dommage mais on en fera une autre lors de la transat retour.

Il faut bien reconnaître que les prix affichés limitent quelque peu l'enthousiasme, je pense que c'est la raison pour laquelle certains n'hésitent pas à carrément photographier leurs photos qui sont exposées ! Ahurissant !

Nous repartons tout de même avec la photo de l'embarquement à Southampton car celle-là, nous n’aurons pas beaucoup d'occasions de la refaire…

Passant devant une boutique qui vend des alcools, du tabac et quelques articles souvenir, nous achetons une cartouche de cigarettes pour 30 $ c'est-à-dire environ 20 €, au taux de change actuel, ce qui n'a, bien entendu, rien à voir avec le prix que nous les payons chez nous.

De retour en cabine, nous profitons du balcon et contemplons l'océan qui est particulièrement calme aujourd'hui.

C'est au bout d'un long moment, peut-être une demi-heure, que nous avons du mal à croire ce que nous voyons face à nous ! À moins de 100 m du bâtiment, un groupe d'Orques d'une dizaine d'individus se dirige dans la direction opposée à la nôtre, ils n’ont pas l’air effrayés par la masse du QM2 et s’éloignent avec une certaine nonchalance et surtout… beaucoup de grâce, quelle beauté !

Le doute n'est pas permis parce que les nageoires dorsales bien particulières des orques permettent de les identifier sans prendre le risques de se tromper, sans parles des taches blanches qui les caractérisent, nous savions qu'il est possible de rencontrer des Orques un peu partout dans les océans, mais de là à en apercevoir si distinctement nous ne l'aurions jamais imaginé ! Une fois de plus, cette transat nous offre un spectacle magique qui restera gravé dans nos mémoires pour le restant de nos jours !

Nous apprendrons plus tard lors d'une conversation avec un membre d'équipage, qu’il n'est pas rare d'apercevoir des Orques surtout dans ce secteur à proximité des côtes canadiennes.

Nous sommes maintenant en milieu d'après-midi, on frappe à la porte de la cabine c'est le service pressing qui vient nous apporter les vêtements qu'on leur a confiés hier dans la journée.

Pour demain matin nous avons choisi un débarquement express car le processus standard fait sortir les passagers selon un ordre établi par les codes couleurs ce qui risque de nous faire attendre jusqu'à 11:00 du matin, c'est-à-dire dans les derniers.

Nous devrons donc nous rendre à 6:30 à la Queen’s Room pour un débarquement aux alentours de 8:00, selon les récentes informations qui nous ont été données.

À l'arrivée sur le QM2, il nous a été remis à chacun une carte style cartes de crédit qui sert à effectuer les règlements de tous les achats faits à bord. Le total des achats ainsi que les pourboires obligatoires sont répertoriés informatiquement au « Purser’s Office ».

Afin d'éviter toute mauvaise surprise potentielle, nous faisons, comme bien d'autres passagers, un petit tour par le Purser’s Office afin de nous assurer que la facturation nous ne nous réservera pas quelques mauvaises surprises.

C'est qu'en attendant notre tour, que nous découvrons juste devant nous, un jeune homme anglophone, d'une trentaine d'années qui, vient visiblement de prendre connaissance du montant de sa facture.

D'après ce que nous avons compris, cette dernière s'élèverait à plus de 2000 $, nous sommes surpris par ce montant mais je dois reconnaître qu'il a l'air bien plus surpris que nous ! Nous trouvant juste après lui, nous sommes malgré nous, bien obligés d'entendre ce qui se dit, il est en train d'expliquer à son interlocuteur qu'il n'avait pas vraiment intégré le fait que les boissons n'étaient pas comprises dans le prix du billet…

Il va sans dire qu’à ce compte-là, la note risque de grimper très vite, en effet, une bonne bouteille de vin lors des repas assortie de quelques coupes, voire bouteilles de champagne en soirée et quelques bières ou apéritifs par-ci par-là peuvent définitivement vacciner l’imprudent contre toute forme de croisière future.

Le jeune homme dépité finit par se faire une raison et accepte, bon gré mal gré, le montant de la facture, il quitte le bureau. C'est à notre tour, nous vérifions rapidement notre facture, le montant semble correspondre peu ou prou à ce que nous avions prévu. Nous profitons de cette occasion pour demander à notre interlocuteur s'il serait possible d'obtenir un pont supérieur pour la transat retour dans trois mois, en effet, nous venons de faire cette transat avec une cabine au pont quatre, et nous souhaiterions gagner quelques ponts pour le retour (pour la petite histoire, il nous a écoutés, car nous ferons la transat retour au 11e pont).

Il est 20:00, nous arrivons au King’s Court, il est quasiment vide ! C'est la première fois que nous voyons cet endroit désert, c'est vraiment surprenant, sans doute des passagers se réservent-ils la soirée afin d'être en pleine forme demain matin pour l’arrivée à New York.

Il n'est pas plus de 21:00 et nous venons de regagner la cabine, nous finissons les derniers préparatifs, ce soir on va rester cool car demain matin réveil très tôt...

Transat Aller Jour 8

Réveil très tôt (0h30), quasi pas dormi car le QM2 est à l’arrêt, plus d’électricité, le silence total, c’est ce qui m’a réveillé, la lumière revient, Flo se réveille et se lève d’un bond et commence à se préparer fébrilement, elle croit (ou a rêvé) qu’on s’est endormis. Tout rentre finalement dans l’ordre, on se recouche mais je n’arrive plus à retrouver le sommeil, je rallume ma lampe de chevet et rouvre « Le vieil homme et la mer » d’Hemingway, un heure après j’éteins et essaye de me rendormir. 3h, on finit par se lever, nous ne voulons en aucun cas rater l’arrivée à New York, c’est un des point essentiels de cette traversée de l’Atlantique. Nous nous préparons c’est rapide car nous avions tout prévu la veille, nous arpentons les interminables coursives vers l’avant du navire puis prenons l’ascenseur direction 13ème pont (et oui ils n’ont pas peur sur le QM2), nous voilà à l’extérieur et là, il pleut relativement fort, pour tout dire, depuis le début du voyage, on n’a quasiment eu du beau temps qu’en Angleterre, un comble !, nous grimpons les quelques marches qui nous séparent du pont supérieur ce qui nous permet de voir ce qui se passe loin devant le navire tout en étant à l’abri. Il fait nuit noire, quelques courageux nous rejoignent, ils en sont eux aussi pour leurs « frais », on est arrivés trop tôt, qu’à cela ne tienne, nous redescendons pont 7 au King’s Court pour avaler un café, nous ne nous pressons pas.

4h45, apercevant quelques lumières éparses qui émettent un pale faisceau à travers la brume omniprésente, nous décidons de remonter et là, le temps de regagner le pont 14, la brume s’est dissipée comme par enchantement, ceci dit, l’obscurité, elle, est bien là mais comme il fait encore nuit, on ne vas tout de même pas râler... un court instant, il me semble apercevoir au loin un forme qui me rappelle le pont Verazzano, ce même pont que j’avais vu pour la première fois dans le film « Saturday Night Fever » en 1978..., plus nous avançons, plus ses contours se dessinent, c’est bien lui ! Lorsque nous regardons autour de nous, nous sommes stupéfaits de voir des cargos, des porte-conteneurs et même des barques de pêche qui sillonnent tous azimuts, pire que le périph aux heures de pointes, nous qui sommes restés sans voir un seul bateau pendant 5 jours, on n’en revient pas !
Le QM2, majestueux et tel un titan donne l’impression d’ignorer cette cohue organisée continue sa progression en silence.

Nous arrivons tout près du Verrazzano, aïe... quand on voit la hauteur de la cheminée du QM2, on sait que cela ne vas pas passer, on en est même certains, tout le monde se regarde et retiens sa respiration... miracle, ça passe... c’est passé, un clameur et des applaudissements fusent alors sur le pont 14, nous apprendrons ensuite que la hauteur de la cheminée a été calculée en fonction de celle du Verrazzano, ouf, moment intense (que j’ai pu filmer).

Nous nous engageons alors dans les méandres du fleuve Hudson bordé de quais et d’installations industrielles, Manhattan n’est plus qu’à quelques encablures.

Le jour commence à « éclairer la scène », c’est le moment qu’à attendu la Statue de La Liberté pour offrir à nos yeux d’enfants toute sa splendeur, moment magique ou on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour tous ces immigrants d’antan qui n’ont pas eu la chance de faire ce voyage dans les mêmes conditions que nous mais qui avaient pour eux quelque chose de bien plus précieux au fond de leur cœur : l’Espoir...

C’est peu de temps après que nous apercevons le pont de Brooklyn avec à sa gauche ce qui donne l’impression d’immenses remparts le protégeant des vents d’ouest : Manhattan, on a beau connaître déjà, le point de vue depuis le navire est magnifique même si le temps ne s’y prête pas, magnifique parce-que quelques bandes de brume résiduelle donnent l’impression de couronner la cime de ces gigantesques édifices.

Le QM2 s’avance à toute petite vitesse vers le Pier 88 qui est à peu près au niveau de l’Empire State Building, il lui faut bien ça, le secteur de la Cour des Grands en quelque sorte.

Deux puissants remorqueurs (peut-être y en a-t-il d’autres que nous ne voyons pas) aident le géant à se mettre en place, juste à côté se trouve un ancien porte-avions « l’Intrepid » et Ô surprise à côté de lui se trouve un exemplaire de Concorde de la British Airways, bref, que du beau monde.

Nous regagnons la Queen’s Room ou nous allons patiemment attendre le débarquement, il pleut… mais on est heureux…


Notes pour la fin

Je vais mettre mon carnet de voyage à disposition (petit à petit) sur mon blog : http://french-dream.eklablog.com/
Si ça vous intéresse, vous pouvez vous y rendre, j'ai commencé par... l'arrivée à New-York mais je vais compléter au fur et à mesure.
J'espère que cela vous plaira et que vous me ferez part de vos remarques, observations ou tout simplement questions auxquelles je me ferais un plaisir de répondre.
Bien amicalement à tous.
André