A la découverte de Sumatra

Lorsque l’on pense à l’Indonésie, on pense avant tout à Bali et Java. Les grands explorateurs penseront peut-être aussi aux Célèbes, à Komodo et Florès voire Bornéo.

Au Nord, on trouve le plus grand lac de l’Asie du Sud, le lac Toba. Ce lac est en réalité le vestige d’un super-volcan, dont l’éruption pourrait être à l’origine de la disparition des dinosaures ! En son centre, la gigantesque presqu’île de Samosir, le cœur des territoires Batak et Karo, une ethnie célèbre pour ses anciens rites cannibales. Autour de ses sites on trouve de vastes étendues de plantations de palme, de café, de tabac ou de rizières qui empiètent petit à petit sur la jungle tropicale. Heureusement de nombreux grands parcs nationaux, comme celui de Gunung Leuser, sont mis en place pour préserver la nature de Sumatra. Ses réserves naturelles sont les seules au monde qui permettent d’observer l’état sauvage du célèbre orang-outan ainsi que l’éléphant, le tigre et le rhinocéros de Sumatra et bien d’autres espèces encore comme le tapir, le calao bicorne ou la plus grande fleur du monde, la Rafflesia.
Dans l’Ouest, on trouve Padang et sa cuisine internationalement populaire et Bukkitinggi la capitale riche en monuments et festivités de la culture Minangkabau. Un peu plus à l’Ouest, les îles Mentawai abritent l’ethnie du même nom, les fascinants « hommes-fleurs » et l’île de Nias où l’on trouve aussi l’incroyable ethnie du même nom.

Histoire de Sumatra

Sumatra est probablement la première terre indonésienne à avoir été foulée par l’homme. On y retrouve des traces datant de 10 000 ans avant notre ère. Mais les témoignages de cette époque sont extrêmement rares. L’histoire de Sumatra commence réellement avec les royaumes indianisés qui se répandent sur l’Indonésie. A partir de la moitié du VIIe siècle, c’est le royaume bouddhique de Sriwijaya qui domine Sumatra, ses terres riches en or et le convoité détroit de Malacca. Ce royaume est vaincu par celui venu de Java, le royaume Majapahit, aux alentours de 1370.
Les marchands musulmans fréquentent de plus en plus les ports de Sumatra. L’islam se répand rapidement, prenant le pas sur les religions animistes aux influences hindouistes et bouddhiques de Sumatra. Même le roi du puissant sultanat d’Aceh au nord de l’île se convertit. Egalement attirés par la route des épices et les richesses de Sumatra (le poivre, le café et les textiles notamment), les anglais, les néerlandais et les portugais établissent de nombreux comptoirs dans la région. Malgré la résistance farouche des locaux, les hollandais vont rapidement coloniser Sumatra, à l’exception du sultanat d’Aceh.
A la sortie de la seconde guerre mondiale, Sumatra joue un rôle primordial dans l’obtention de l’indépendance de l’Indonésie. Les hollandais leur concéderont qu’en 1949. Mais la fougue de la région d’Aceh, profondément islamique, ne s’arrête pas là. Jusqu’en 2004, les conflits entre le nord de Sumatra et l’Etat indonésien continuent. Aceh se voit dotée d’un statut spécial et instaure la sharia. En 2004, suite au séisme d’Andaman, un des plus terribles séismes du siècle dernier, et son tsunami qui ravagea le nord-ouest de Sumatra, l’île s’est pacifiée.

Peuples et culture de Sumatra

Sumatra compte plusieurs ethnies avec chacune leur propres cultures, leurs propres traditions, leurs propre architecture. Découvrez ici quelques-uns des principaux peuples représentatifs de « l’île d’or.

Minangkabau

Les Minangkabau constituent la majorité ethnique originaire de Sumatra. On les trouve principalement dans l’ouest, aux alentours de leur capitale culturelle Bukkitinggi. Les toits de leurs maisons (« rumah gadang ») représentent des cornes de buffles. Les Minangkabau sont la plus grande société matrilinéaire au monde qui accorde une très grande importance à l’éducation, aux arts (« silat », « randai », « saluang jodendang », « tari payung », etc.) et au développement personnel. Leur cuisine est appréciée et répandue dans toute l’Indonésie et au-delà ! De même, l’artisanat minangkabau de la broderie, de la gravure sur bois et de la bijouterie est très réputé.

Batak

Le pays batak s’étend sur des milliers de kilomètres autour du lac Toba. Les Batak ont été de farouches guerriers qui ont lutté contre les colons hollandais pendant des siècles. Ils sont surtout connus pour leurs anciens rituels cannibales ou leur tradition du double enterrement. La société Batak se divise en « marga », où les membres descendent d’un ancêtre commun. La religion animiste Batak porte le nom « malim » centré sur des « guru » qui repose sur la magie, la divination et les plantes médicinales. Aujourd’hui, les Bataks sont reconnus pour leur patrimoine musical, leur art de graver sur le bois et la pierre ainsi que leur tissage (« ulos »).

Mentawai

Les célèbres Mentawai des îles du même nom sont également appelés les « hommes-fleurs », car pour eux la beauté est primordiale. Ils se recouvrent de fleurs d’hibiscus et se couvrent traditionnellement de vêtements végétaux ou de tissu artisanaux richement décorés. On les reconnait surtout aux tatouages qui recouvrent au fur et à mesure des années, l’intégralité de leurs corps et visages. Animistes, les « hommes-fleurs » croient que ces tatouages servent à protéger  leur âme, mais aussi à affirmer leur identité car les Mentawai sont un peuple très communautaire. Ici pas de chef, seulement des chamans. Tout est décidé ensemble, tout est partagé équitablement et tous partagent le même toit dans de longues maisons (« uma »).

Nias

Sur l’île de Nias un peu plus au nord des îles Mentawai, on trouve le peuple Nias. Autrefois peuple guerrier, c’est aujourd’hui un peuple accueillant et festif. Ils continuent d’interpréter régulièrement leurs spectaculaires danses guerrières riches en couleur. L’ancien rite guerrier du « Saut de Pierre » est aussi un évènement populaire où les jeunes hommes doivent sauter par-dessus un muret haut de deux mètres. Le chant et la musique Nias jouissent aussi d’une grande réputation auprès des musiciens du monde entier. Leur architecture « omosebua » est impressionnante, mélangeant construction sur pilotis et sur terre avec des toits gigantesques. Les architectes modernes continuent de s’en inspirer pour créer des bâtiments antisismiques !