Alexandre
Poussin est écrivain-voyageur. Il a fait le
tour du monde à vélo et marché
dans l'Himalaya avec son ami Sylvain Tesson. Leurs
aventures sont relatées dans deux ouvrages,
"On a roulé sur la terre" (1996)
et "La marche dans le ciel" (1998). Le 1er
janvier 2001, il est reparti avec sa femme Sonia.
Trois ans et trois mois à pieds, du Cap de
Bonne Espérance en Afrique du Sud au lac de
Tibériade en Israêl, trois ans à
travers dix pays pour refaire le chemin des premiers
hommes et rencontrer les ethnies qui peuplent ces
régions. Rentrés depuis quelques mois,
ils racontent leur aventure dans un livre, "Africa
Trek".
Qu'est-ce qui vous a donné
envie de partir trois ans à pieds et sans aucune
assistance ?
Ce voyage, c'est
d'abord plusieurs années de maturation psychologique
et de réflexion. Nous voulions comprendre les
origines des hommes, de ceux qui ont marché
sur les terres africaines pour la première
fois. Nous avions également envie de rencontres
humaines, la marche nous a semblé le meilleur
moyen pour y parvenir. Nous voulions sortir des sentiers
battus et dépeindre une image des Africains
autre que celle que l'on voit à travers les
médias. Pour s'imprégner de leur culture,
il fallait vraiment qu'on s'intègre à
eux et vivre le plus simplement possible.
Vous voyagez pour écrire
ou vous écrivez pour voyager ?
Je voyage pour écrire.
Voyager est mon principal stimulus dans la vie, c'est
plus que des mots, c'est une ethique. Pour moi, le
fantasme littéraire est moins riche que la
réalité et je n'arriverai pas à
voyager uniquement dans ma tête.
Vous avez voyagé
avec votre ami Sylvain Tesson puis avec votre femme,
quelle différence cela fait-il ?
Un couple, ça
rassure alors que deux garçons ensemble peuvent
paraître suspects. Au début, je pensais
que voyager avec Sonia allait être un handicap,
que les gens allaient se servir d'elle pour me faire
du mal, et en fait pas du tout. Le fait que l'on soit
un couple a grandement facilité les rapports
humains. Les gens venaient à nous de manière
décomplexée et naturelle, ils avaient
presque pitié pour Sonia de voir ce petit bout
de femme parcourir un tel chemin.
Après avoir voyagé
comme ça pendant trois ans, le retour à
la réalité a-t-il été
difficile ?
Aujourd'hui, je suis
en manque de temps et d'espace. Nous vivons dans 50
m2 à Paris, au début cela fait bizarre.
Mais ce qui me choque le plus, c'est la complexité
du quotidien, tous ces chiffres qui nous empoisonnent
la vie (la sécu, les comptes...). Nous devons
réapprendre à vivre comme M. et Mme
Tout-le-monde après trois ans passés
sans argent ni sécurité sociale.
Trois ans sans revenir en
France, vos familles ne vous ont-elles pas manqué
?
Nous ne sommes pas rentrés car nous
ne voulions pas interrompre notre aventure. Nos familles
nous ont rejoints plusieurs fois, notamment à
Noël. Nous avons toujours passé les fêtes
avec nos proches. Et puis certains de nos amis sont
venus marcher avec nous, mais plutôt sur la
fin. Curieusement, ce sont toujours des femmes qui
nous ont rejoints.
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué durant
ces trois ans ?
Incontestablement, les rencontres humaines. Les
gens sont plein d'humanité et de joie, ils
nous ont toujours offert leur hospitalité.
Il serait difficile d'isoler une seule rencontre,
mais j'ai été marqué en Tanzanie
par une femme vraiment pauvre qui élevait seule
sa fille handicapée et qui a pris sur ses propres
deniers pour nous offrir des bananes. Elle m'a vraiment
ému aux larmes.
Par contre, j'ai été frappé par le rejet
humain. En Ethiopie, les gens nous ont rejetés, ils
n'ont pas compris notre but. Nous avons ainsi pu nous mettre
dans la peau de ceux qui subissent le racisme au quotidien,
ce fut vraiment éprouvant. Nous aurions pu renoncer
mais Sonia et moi avons tenu bon.
Après un tour du monde à vélo,
un trek dans l'Himalaya et un voyage comme celui-ci,
que vous manque-t-il ?
Pleins de choses ! Nous voulons continuer de découvrir
d'autres cultures. Nous ne sommes pas intéressés
par la découverte de grands espaces dépeuplés.
Nous voulons arpenter le monde avec un oeil différent.
Tant qu'il y aura des hommes, notre quête ne
sera pas assouvie. Depuis que nous avons un enfant
[Alexandre et Sonia sont maintenant les parents d'une
petite fille de deux mois, Philaé ndlr],
nous découvrons un autre aspect de la vie.
Nous repartirons sans doute pour de nouvelles aventures
tous les trois pour aller rencontrer d'autres familles
du monde entier.
Pour finir, que peut-on vous souhaiter
?
Actuellement, nous sommes en train d'écrire
le tome 2 de notre histoire, cela nous prend beaucoup
de temps. Le tome 1 se vend très bien, nous
voulons absolument qu'il soit traduit en anglais.
Si nous y arrivons, j'aurai l'impression d'avoir tourné
la page, d'avoir accompli mon travail.
Pour
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