Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce voyage ?
La première motivation était certainement un impérieux besoin de changer de vie, pour échapper aux impasses dans laquelle, à cette époque, mon existence s'était fourvoyée. Alors, je me suis dit : "Et si j'allais à Jérusalem ?", vers ces Lieux saints que je ne connais pas et où se sont déroulés des événements fondamentaux pour la foi catholique qui m'anime. Je ne réclamais pas un miracle. Je savais bien qu'un coup de baguette magique ne résoudrait pas tout en un éclair. Il faudrait du temps. Alors… "Et si j'y allais à pied ?" Cela me donnerait peut-être le temps nécessaire et, avec l'aide de Dieu…
À ce moment de ma vie où "ça n'allait pas" j'avais absolument besoin de réussir quelque chose de grand ; et cette aventure me semblait tout à la fois inouïe et pourtant pas totalement inaccessible. Au fond, le spirituel a beaucoup compté dans la décision, mais n'a pas transformé ce projet en démarche uniquement religieuse. C'était un aspect important, certes, mais un parmi d'autres pour cette aventure dont j'attendais également beaucoup en découvertes de pays différents et en rencontres avec les autres.

Comment avez-vous choisi votre itinéraire ?
Un premier principe a structuré l'itinéraire : je voulais faire toute la route à pied, ce qui imposait, par exemple, le passage par Istanbul. Ensuite, je souhaitais arpenter des pays peu familiers ou inconnus, ce qui m'a fait pencher en Europe pour un trajet traversant Hongrie, Roumanie et Bulgarie au lieu de l'Italie et la Grèce. Je préférai aussi les sentiers de randonnée et les montagnes aux routes et aux plaines. Je souhaitais également découvrir des lieux dont le seul nom me faisait rêver : le lac Balaton, les Carpates, la Cappadoce ou les monts du Liban, par exemple. Mes rêves et mes envies suscitaient des itinéraires, des étapes ou des détours pour voir telle ou telle curiosité, traverser tel parc naturel ou suivre des sentiers de grande randonnée. Certaines étapes prévues ne résistèrent pas à l'épreuve de la réalité, quand d'autres, totalement inattendues, s'invitèrent au programme, comme ce crochet de 200 km que je fis au nord de Damas pour rendre visite dans le désert à une Syrienne ingénieur et religieuse que j'avais rencontrée à Alep.
Durant mon périple, je n'ai pas marché sur les traces des croisades. De nos jours, il est d'ailleurs difficile de parler sereinement des croisades, souvent caricaturées et rejetées en bloc sans véritable connaissance de leur contexte historique. En dépit des conflits de pouvoir et d'intérêt qui ont souvent prévalu sur l'idéal spirituel, on ne peut oublier les motivations, les souffrances et les élans mystiques des croisés qui s'engagèrent dans ces expéditions périlleuses. Cela dit, ma démarche était tout autre, même si l'évidence géographique m'a fait emprunter un trajet proche de celui de la première croisade, notamment la voie empruntée par les hommes de Godefroi de Bouillon.
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Le site du voyage : jerusalem-pedibus.net