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INTERVIEW
 
Décembre 2006

"Cela fait vingt ans que je voyage avec mon piano..."

Imaginez un pianiste en smoking jouant sur son piano à queue en plein désert du Sahara ! C'est l'aventure extraordinaire qu'a réalisé le pianiste, Marc Vella.

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Comment vous est venue l'idée de partir sur la route avec votre piano ?

Marc Vella : Ce qui m'a poussé à partir, c'est mon désir pour les personnes. J'avais soif de rencontres, de paysages, de liberté... Cela fait vingt ans que je voyage avec mon piano... J'ai fait presque trois fois le tour du monde avec lui. Mais cette fois-ci, c'était différent car je ne partais pas seul. Je n'ai jamais songé d'ailleurs à faire un film ou quoi que ce soit dans ce style là. Je partais vivre mon humanité à travers l'humanité et c'est tout. C'est quelque chose qui est lié à mon cœur, à mes désirs d'homme. Je veux vivre ma vie tout simplement. Un jour, un cinéaste, Arnaud Petitet, m'a proposé de venir filmer une de mes aventures. Même si j'avais fait quand même quelques images amateur au Pakistan, en Inde, je n'avais jamais rien fait d'exceptionnel. Or, cela me tentait bien. J'ai rencontré Arnaud et on a eu le projet de faire Paris-Dakar en piano. C'est la 1ère fois que je partais avec d'autres personnes. Ceci a permis de faire découvrir aux gens mon aventure.



Marc Vella faisant partager son amour pour le piano au bord d'une falaise sur la route. © Photo extraite du film d'Arnaud Petitet, Le piano des sables.

Aviez-vous un itinéraire bien défini en partant de France ?
Il y avait des rendez-vous qui étaient prévus bien évidement. Mais les moments les plus forts sont souvent ceux auxquels on ne s'attend pas, improvisés. Ce fut le cas à Mekness ou dans le village des enfants abandonnés. J'ai également joué au bord d'une falaise avec pour décor, l'immensité de l'océan. On a vraiment vécu des instants magiques.

 

 

 

 

Justement, à un moment dans votre film, on vous voit en train de jouer au piano sur la plateforme installée à l'arrière de votre bus pendant que le bus roule dans les rues de Marrakech. Qu'avez-vous ressenti ?

C'est extraordinaire. C'est vrai que le bus a été conçu pour ça. J'avais demandé une plateforme pour que l'on puisse jouer en roulant. Cela offre une grande liberté. C'est l'occasion de partager des regards. Les gens vous saluent. Il y a des échanges de sourires. C'est une façon de gérer l'humanité. Avec ce piano itinérant installé sur une remorque, ça fait résonance à cette soif de désirs. C'est un moyen de susciter, de solliciter la rencontre.

 

Marc Vella jouant du piano dans le désert du Sahara. © Photo extraite du film d'Arnaud Petitet, Le piano des sables.

Parmi toutes les rencontres que vous avez pu faire, quelle est celle qui vous a le plus marquée ?
Toutes. Il y a des gens sympathiques et d'autres qui le sont moins. Je pense à ce directeur du centre culturel de l'Alliance Française qui était insupportable. C'était vraiment le gars qui pensait uniquement à se faire de l'argent. Il y a parfois de belles rencontres. C'est leur regard qui témoigne de l'émotion. Ca peut-être le regard d'une jolie fille ou de ces nomades qui s'émerveillent devant cet instrument qu'ils ne connaissent pas. Le sourire apparaît comme si toute une muraille s'écroulait et ça c'est magnifique. Ce sont des moments inoubliables. C'est pour cela que je ne peux pas dire qu'il y a une personne qui a pu me toucher tout particulièrement. Chaque être humain a sa propre dimension, sa problématique, ses difficultés, sa maladresse. Il est touchant. Toute rencontre est belle, à partir du moment où on laisse ses peurs et ses préjugés de côté. Bien sûr, on a envie d'être le premier. On a envi d'être aimé. On a besoin de reconnaissance et le piano permet cela. C'est un moyen d'aller à la rencontre des autres.

 

Marc Vella jouant dans le désert du Sahara. © Photo extraite du film d'Arnaud Petitet, Le piano des sables.

Comment les gens ont-ils justement réagi lors de votre arrivée et face au piano ?

En fait, le piano, c'est vrai que c'est fascinant. Un piano à queue, c'est énorme. Dans beaucoup de pays, les instruments sont souvent portables comme des percussions ou des guitares. Quand vous arrivez avec un instrument qui pèse une demi-tonne, c'est un éléphant. Mis sur un camion plateau, les gens se demandent ce que c'est. Partir comme ça à leur rencontre avec cet instrument est quelque chose de concret. C'est devant eux. Cela est tout particulièrement vrai quand on a posé le piano en plein milieu du désert. Des tentes nomades se trouvaient à 500 m. On a arrêté le bus, sorti le piano et on l'a posé sur le sable puis le bus est reparti. Là, j'ai attendu 2 heures jouant tranquillement dans le silence. Puis tout d'un coup, les nomades sont arrivés avec leurs dromadaires. Ils ont vu ce piano tout seul en plein milieu du désert. Ils n'ont pas compris sur le moment me posant plein de questions. Ce type d'expérience est magique. Il y a cette notion d'impossible, d'incertain, d'incroyable...

 

Quels sont vos prochains projets ?
Il y a dans l'immédiat, la Guinée. J'attends une réponse mais ce n'est pas certain. Je n'en parle pas encore mais peut-être Cuba. Ce serait un voyage de préparation donc là, je partirai sans piano pendant 15 jours. Je mettrai en place un peu les choses, rencontrer des artistes. Par contre, pour la Guinée, je pars avec une équipe. Et on va faire un film. Le piano part par bateau du Havre. On fera notre périple le long de la mer. On fera toute l'île et on ira dans les forêts primaires à la rencontre des tribus. On ira jusqu'au nord de la Guinée jusqu'à la frontière malienne. Ca va être fantastique.

 

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Marc Vella

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