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Le tourisme solidaire

Mieux comprendre le tourisme solidaire

Photo © Michèle Bellonnet

Quelle définition peut-on donner du tourisme solidaire ?

Sandrine Bot L'Unat, avec l'aide de ses partenaires, a mené un travail de fond important sur l'identification de cette forme de tourisme. La définition qui correspond au mieux à notre approche et à notre démarche est la suivante :

" Le tourisme solidaire regroupe les formes de tourisme "alternatif" qui mettent au centre du voyage l'homme et la rencontre et qui s'inscrivent dans une logique de développement des territoires. L'implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme."

Quelle que soit la destination, et la formule choisie (randonnée, séjour dans un village, circuit…), un voyage basé sur le tourisme solidaire répond donc à plusieurs critères : une bonne information avant le départ, un groupe de petite taille (en moyenne de 2 à 10 personnes), un séjour généralement loin des grandes zones et infrastructures touristiques, des conditions privilégiées de rencontre et d'échanges avec les habitants et les acteurs de la société civile, une utilisation maximale des ressources locales (nourriture, transports, guides etc…) et un respect de l'environnement.

Photo © Emilie Pothain

En quoi se différencie-t-il de l'écotourisme et du tourisme équitable ?

Aujourd'hui, les voyageurs ne devraient plus penser en termes de vocabulaire et de définition car dans la pratique, les trois concepts se chevauchent. Il faut se renseigner davantage sur l'action du voyagiste, sa démarche, ses actions pour le développement. Mais cela n'est possible que lorsque l'organisateur affiche une certaine transparence au niveau des informations fournies. A l'Unat, nous exigeons cette transparence.

L'écotourisme ne répond pas exactement aux mêmes problématiques. Celui-ci est né en Amérique du Nord dans les années 80, suite au développement du tourisme dans les endroits les plus reculés et fragilisés de la planète. Les associations environnementales, les O.N.G. (organisations non gouvernementales), et les tour-opérateurs ont alors voulu lancer un mouvement de "conscientisation" pour limiter l'impact des visiteurs sur ces milieux naturels et les communautés qui y résident, et s'assurer que les devises engendrées venaient bien soutenir les actions de sauvegarde des sites. Donc à l'origine, l'écotourisme répond à une demande de protection et de valorisation des espaces naturels.

Le tourisme équitable, quant à lui, est extrêmement proche de la démarche du tourisme solidaire telle que nous la définissons à l'Unat. Il met l'accent sur le partenariat équilibré entre le voyagiste et les collaborateurs à l'étranger, sur le partage équitable (rémunération, respect de la législation du travail, entre autres) et, comme pour le tourisme solidaire, sur la transparence et le développement local.

Quels sont ses atouts comparativement au tourisme "classique" ?

Le tourisme solidaire offre de réelles possibilités de rencontre et de partage avec les habitants et permet de voyager hors des sentiers battus. Si on est un minimum soucieux de découvrir une région et ses réalités, on choisit ce type de voyage. Il s'agit d'une démarche de respect et d'échange équitable. De plus, l'implication des voyagistes sur le terrain et leur proximité avec les partenaires permet aux voyageurs qui le souhaitent de suivre l'activité des projets à leur retour et de participer plus directement. Ils peuvent aussi rester en contact avec les gens qui les ont accueillis.

Photo © Alain Bonnot

Pour quelles raisons les tour-opérateurs ne font-ils pas tous du tourisme solidaire ?

Beaucoup de tour-opérateurs sont maintenant dans une démarche d'amélioration de leurs pratiques (en termes d'environnement par exemple). Certains reversent un pourcentage de leur chiffre d'affaires à des O.N.G. Mais pour nous, à l'Unat, cela est loin d'être suffisant et ne recouvre pas notre démarche, qui est avant tout de travailler dès le début du projet avec les populations et leurs représentants. Evidemment, cela nécessite une présence sur le terrain très importante et prend du temps. Cet investissement temps/argent, sans retombée économique directe pour le voyagiste, n'est pas conciliable avec les exigences de rentabilité d'un tour opérateur qui a de nombreux salariés.

Quelles sont les actions menées par l'association de l'Unat dans ce secteur ?

Les actions de l'Unat pour le soutien et la promotion de ce secteur sont de plusieurs ordres :

- Représenter le secteur du tourisme solidaire auprès des ministères et institutionnels.

- Soutenir et développer le premier réseau national des associations spécialisées dans ce secteur.

- Sensibiliser, communiquer et informer le grand public, les collectivités et Comités d'Entreprises.

- Participer à des groupes de travail. Le débat crucial aujourd'hui concerne la certification des voyages solidaires.

- Initier et développer des partenariats internationaux.

En outre, en 2006, l'Unat a créé l'ATES (Association pour un tourisme Equitable et Solidaire) regroupant 15 associations de voyages pionnières et engagées dans le tourisme solidaire.

Le tourisme solidaire a-t-il de l'avenir ?

Ce qui est important surtout dans le futur, c'est que les gros tour-opérateurs améliorent leurs pratiques, revoient leurs partenariats et cessent de brader les prix. Le tourisme solidaire, bien que secteur très minoritaire en parts de marché, est un moteur pour ce changement. Il a de l'avenir, c'est indéniable.

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