Voyager avec un handicap

	Frank Vermet, globe trotter infatiguable et auteur du "Guide de la Bretagne accessible", aux éditions Intégrance Photo © Voyage Handicap

Il n'y a pas que les valides qui sillonnent les routes du monde. De plus en plus de personnes à mobilité réduite (PMR) partent à la découverte de pays méconnus, voir de terres sauvages. Trains, compagnies aériennes, agences et associations mettent en œuvre un ensemble de services pour que l'envie de dépaysement ne soit pas sacrifiée aux besoins quotidiens des personnes handicapées.

Où Partir ?

Le voyage urbain reste le plus immédiatement accessible aux PMR. La plupart des grandes villes occidentales proposent des réseaux de bus et accès aux musées et principaux sites touristiques adaptés à tous les handicaps.

Selon les auteurs des guides Roulards sans frontières, les villes scandinaves, notamment Stockholm et Helsinki, sont particulièrement équipées pour offrir le maximum d'autonomie aux personnes handicapées motrices : "La prise en compte de l'accessibilité y remonte à de nombreuses années. Elle a été faite de façon très poussée, avec l'idée de ne pas créer des accès particuliers mais de permettre à tous d'accéder à tout, y compris les transports en commun, par la voie "officielle", et non pas la "petite porte du fond", explique Irène Hedrich, membre de l'équipe des Roulards.

"Attention : il ne faut pas que la facilité d'accès soit le choix déterminant d'une destination ", insiste Dominique Barbier, tétraplégique nomade et fondateur de l'association Handi Voyages. "J'ai voyagé dans des pays qui n'étaient pas du tout accessibles aux personnes handicapées, comme le Maroc ou le Burkina Faso, où ça c'est mieux passé qu'un séjour en Alsace. C'est l'aide de l'entourage et les relations humaines qui priment sur des critères purement matériels. Un bus parisien peut avoir une rampe d'accès, mais si le chauffeur refuse de la déployer parce qu'il y a trop de monde dans son bus, elle ne sert à rien."

Les services d'accompagnement

	Dominique Barbier, fondateur de l'association Handi Voyages, au Burkina Faso Photo © Handi Voyages

D'où l'importance du bon encadrement de la personne handicapée. Si elle n'est pas toujours indispensable pour les handicapés semi-autonomes, avoir un bon compagnon de voyage s'avère souvent essentiel pour partir dans de bonnes conditions.

L'association Handi-Voyages met en relation des volontaires bénévoles avec des personnes handicapées cherchant une personne pour les accompagner durant leurs voyages. "Le plus important, c'est que les bénévoles soient motivés, débrouillards, et qu'ils veuillent vivre une vrai aventure humaine, partager une experience avec la personne qu'ils accompagnent", explique Dominique Barbier. "Il m'est arrivé de partir avec des agences spécialisées qui proposent un encadrement par des professionels de la santé, et que ça se passe moins bien qu'avec des volontaires amateurs mais très motivés."

Les agences spécialisées proposent des formules complètes et adaptées à tous les handicaps, mais pas à tous les budjets. Pour bénéficier de véhicules pouvant transporter un fauteuil roulant automatique et d'accompagnateurs professionels, le voyageur handicapé doit payer le prix fort. La démarche d'associations telles que Handi Voyages est aussi de rendre ces services plus abordables.

Le trajet en avion ou en train

La SNCF édite une petite brochure gratuite et disponible dans toutes les grandes gares, le Mémento du voyageur à mobilité réduite, où sont indiquées notamment les gares offrant des facilités particulières aux personnes handicapées. Pour préparer votre voyage, téléphonez au numéro service "Acces plus" de la SNCF au : 0890 640 650 ou bien contactez l'accueuil de votre de votre gare.

Pour voyager en avion, il faut avertir la compagnie aérienne de son handicap au moment de réserver son billet. Sur certaines compagnies, la PMR se verra remis un formulaire international INCAD (Incapacitated passengers handling advice), destiné à fournir à la compagnie aérienne toutes les informations nécessaires au transport du passager (mise à disposition d'oxygène, d'un fauteuil, d'une civière, etc.) Sur d'autres compagnies, il suffit de préciser par oral au moment de la réservation les possibilités de déplacement autonome du voyageur handicapé.

La classification en vigeur dans les compagnies aériennes distingue trois catégories de personnes à mobilité réduite :

WCHR : passager à handicap réduit, capable de marcher sur de courtes distances et de monter des escaliers. Leurs déplacements sont assurés en chaise roulante dans l'aéroport.

WCHS : passager à handicap moyen capable de marcher sur de courtes distances. Leurs déplacements sont assurés en chaise roulante jusqu'à l'entrée dans l'avion.

WCHC : passager à handicap important, dans l'incapacité de marcher. Leurs déplacements sont assurés en chaise roulante jusqu'au siège dans l'avion.

Il est possible de faire rabattre un deuxième siège (payant) si le passager doit voyager avec les jambes allongées. Pour installer une civière séparée du reste de l'avion par un rideau, jusqu'à 9 sièges peuvent être débloqués ( 5 sièges maximum facturés, y compris celui de l'accompagnateur.)

Sur place

Où que l'on souhaite séjourner, que ce soit chez l'habitant où en hôtel 5 étoiles, il faut se renseigner au préalable sur les points suivants :

- Entrée: accès de plein-pied ou rampe d'accès, porte suffisamment large

- Hall : WC accessibles et adaptés, ascenseurs larges

- Chambre : espace suffisant pour les manœuvres, douche de plain-pied, barres aux wc.

D'une façon générale, le regard et l'attitude des valides est un élément indispensable à tout voyage réussi. "Les PMR ont envie de se fondre dans la masse, que leur handicap ne soit pas souligné par des réactions de rejet ou d'attention trop marquée", précise Irène Hédrich. "Par contre, un petit coup de main discret et spontané est toujours le bienvenu".